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La Izquierda Diario
1er de avril de 2020 Twitter Faceboock

En temps de Coronavirus et de crise sanitaire...
Anasse Kazib exclu des Grandes Gueules : « On muselle toute opposition ouvrière »
Arthur Nicola

Notre camarade Anasse Kazib, cheminot au triage du Bourget, militant révolutionnaire au NPA et à Révolution Permanente a été exclu, dès la première semaine du confinement, du plateau des Grandes Gueules, l’émission de RMC où il intervenait depuis 2018. Une décision politique de la direction de la radio pour empêcher toute voix dissonante en ces temps « d’union nationale ».

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« Il faut être de gauche mais pas trop » résume Anasse sur facebook, où explique longuement pourquoi la rédaction de RMC a décidé, à la veille du confinement, de retirer du plateau celui qui enflammait régulièrement les Grandes Gueules, où il s’était fait depuis novembre 2018 une place à part, au milieu des éditorialistes et des petits-patrons : celle d’un militant d’extrême gauche inarrêtable, capable de clouer le bec à Jean-Baptiste Djebarri ou à n’importe quel député de la République en Marche. Visiblement, pour la rédaction de RMC, la récré est finie. Confinement, état d’urgence sanitaire, union nationale : impossible de continuer de donner la parole à une parole trop contestataire. Une décision qui vient une fois de plus empêcher aux ouvriers de s’exprimer à la télévision : « je prends la décision avec beaucoup de hauteur, car j’ai toujours su combien la parole de la classe ouvrière était cadenassée » explique-t-il sur facebook.

« Dans les médias, il y a uniquement des éditorialistes ou des médecins, et encore pas les petits soignants ou autre, nous explique Anasse. Beaucoup ont la légion d’honneur sur le veston, ça montre qu’il y a une limitation de la parole très importante, on voit quasiment aucun opposant politique. Ça montre qu’ils essayent, via les médias, de protéger le gouvernement dans cette période d’unité nationale, même si elle est de plus en plus difficile à maintenir parce que la gestion est catastrophique. » Un discours critique de la gestion gouvernementale de la crise sanitaire que le cheminot avait déjà commencé à développer dans la dernière émission à laquelle il avait participé le 9 mars, expliquant que la France « n’était pas assez préparée » à ce genre d’épidémie.

« C’est une décision politique qui vient de la direction » résume-t-il. Et qui peut lui donner tord ? A un moment où Emmanuel Macron tente de ressusciter une « union nationale » contre le coronavirus, RMC, qui appartient à Patrick Drahi au même titre que Libération et BFM TV, choisit de museler une voix dissonante, une voix qui défend les intérêts de la classe ouvrière, une voix qui défend ceux que Macron appelle « la seconde ligne », ces caissières, ces salariés de l’agroalimentaire, des transports publics, qui travaillent, parfois au contact du public, malgré la crise sanitaire, et dont personne ne parle. « C’est dans ces périodes là, où la bourgeoisie est plus en difficulté, qu’elle muselle l’opposition. Ils cherchent à éviter tous les éléments de déstabilisation, qui permette d’apporter un contre-poids, une autre lecture de la situation, c’est à dire une lecture de classe » nous confie Anasse.

En effet, Anasse n’a jamais hésité à défendre un point de vue de classe à l’antenne, même face à des chroniqueurs ou des auditeurs parfois méprisants à son égard. Il a toujours défendu que ce sont les travailleurs qui créent les richesses, chose qu’on n’entend évidemment jamais dans les médias de masse au service des grands patrons. Il a fait de nombreuses interventions poignantes sur différents sujets d’actualité, comme par exemple à propos du rôle de la police dans cette société au moment de l’affaire Steve, qui a suscité l’émotion et la colère de larges franges de la population ; ou lorsqu’il a dénoncé à l’antenne les cas de répression patronale au sein de la RATP, ou encore dans la période de préparation de la grève contre la réforme des retraites pour dénoncer le rapport Delevoye et les vrais privilégiés de ce système.

Nous pouvons songer également à toutes les interventions qu’il a pu faire au sujet du sexisme et pour les droits des femmes, ou encore contre le racisme d’état et l’islamophobie. Il est évident que son point de vue anti-capitaliste et en défense de la classe ouvrière et de tous les exploités dérange plus d’un.

Dans une situation où le gouvernement cherche à tout prix à créer une unité nationale pour asseoir sa politique, et que tous les médias, qu’ils soient contrôlés par l’État ou des milliardaires, relaient ses discours, l’éviction de notre camarade est surtout un aveu de faiblesse de la part de la bourgeoisie.

L’aveu qu’ils ont peur qu’une voix dissonante vienne contrecarrer leurs discours, qu’une voix dissonante vienne déstabiliser un équilibre politique déjà précaire où chaque prise de parole du président et du premier ministre vient entamer un peu plus la faible confiance qu’a la population dans ce gouvernement.

 
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