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La Izquierda Diario
26 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Un discours qui fait pshiit chez le personnel soignant
Allocution de Macron : Hommage et promesses aux hospitaliers ne feront pas oublier la casse de l’hôpital
Sofia Malone

Dans l’allocution qu’il a tenue mercredi, Macron a tenté de masquer sa gestion catastrophique de la crise sanitaire. Ses hommages aux soignants sonnent creux quand on sait que les seules réponses qu’il a apporté aux revendications du personnel hospitalier ont été l’approfondissement des mesures austéritaires et la matraque !

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Mercredi soir, Macron a tenté, d’un ton martial et solennel, un appel du pied au personnel soignant. Des beaux discours qui tentent, difficilement, de masquer sa gestion catastrophique de la crise sanitaire. Ce dernier a même osé “rendre hommage à nos soignants qui se battent aujourd’hui pour sauver des vies et qui se sont battus hier pour sauver l’hôpital, notre médecine”. Une manière de se déresponsabiliser totalement de la casse de l’hôpital que lui et les gouvernements précédents ont orchestré. Une position d’autant plus hypocrite quand on sait que les seules réponses qu’il a apporté aux revendications du personnel hospitalier ont été l’approfondissement des mesures austéritaires d’un côté, et la matraque de l’autre !

Un hommage « à nos soignants qui se sont battus hier pour sauver l’hôpital », quand Macron tente de se déresponsabiliser de la casse de l’hôpital public

Alors que la popularité de Macron a récemment baissé dans les sondages, que sa gestion catastrophique de la crise sanitaire est de plus en plus critiquée et que l’unité nationale derrière laquelle il tente d’entraîner la population semble s’effriter face à l’absence de mesures réelles pour répondre à l’épidémie, ce dernier a difficilement tenté de se repositionner.

Pour ce faire, Macron a tenté un appel du pied au personnel soignant, en première ligne de la crise sanitaire mais également de la dénonciation de la politique irresponsable et criminelle de l’État dans la gestion de la crise. Le Président a en effet, à maintes reprises, rendu hommage aux soignants qui se mobilisent « pour sauver des vies », ainsi qu’aux soignants qui ont tragiquement perdu la vie depuis le début de l’épidémie. Entre autre, un médecin à Compiègne, trois soignants dans la région Grand Est, un gynécologue obstétricien à Mulhouse, un médecin dans la Moselle, à Colmar… Un hommage déplacé lorsque l’on sait que c’est ce même gouvernement qui laisse le personnel soignant totalement démuni, qui se retrouve en première ligne de la crise avec un manque de moyen qui les expose dangereusement au virus, entre pénurie de masques FFP2, de blouses, de gants… Faisant passer encore une fois leurs profits et leurs logiques de rentabilité avant nos vies.

De plus, Macron a également déclaré rendre hommage à « ces soignants qui se battent aujourd’hui pour sauver des vies mais qui se sont également battus hier pour sauver l’hôpital, notre médecine ». A travers cette prise de position, Macron tente de diminuer la fracture qui existe aujourd’hui entre une part importante du personnel hospitalier et le gouvernement. En effet, ces dernières années, le personnel soignant s’est à maintes reprises organisé et mobilisé pour s’opposer à la politique de destruction de l’hôpital public, orchestrée depuis plusieurs décennies, et que le gouvernement Macron n’a cessé d’approfondir. Cette responsabilité dans la casse du service public hospitalier, Macron s’en cache évidemment dans son allocution. Son discours tend effectivement à se déresponsabiliser de cette politique criminelle, que l’on paie cher aujourd’hui en période de pandémie. Le personnel soignant l’avait malheureusement prévu « Vous comptez les sous, on comptera les morts ».

Si Macron rend hommage à ces soignants qui se mobilisent depuis plusieurs années pour sauver l’hôpital public, il omet de dire que cette lutte s’est faite contre le gouvernement et ses intérêts, ceux du profit et de la rentabilité, qui aboutissent à la casse de nos services publics. Par ailleurs, si Macron leur rend hommage aujourd’hui, il ne faut pas oublier que la seule réponse qu’il a apporté à leurs revendications a été d’un côté l’approfondissement des politiques austéritaires, et de l’autre la répression. Il apparaît alors évident que la réponse à cette crise ne se trouve pas du côté d’une pseudo « union nationale » derrière le gouvernement, qui est responsable de la casse de l’hôpital public et du manque de moyen structurel dans les hôpitaux, qui se retrouvent dès lors en incapacité de gérer une crise sanitaire et une pandémie. D’autant plus lorsque l’on voit que le gouvernement ne prends pas la mesure de cette situation, ou du moins fait le choix conscient de l’ignorer, en ne prenant aucune mesure concrète pour pallier ce manque structurel et apporter une réponse sanitaire à la hauteur pour endiguer le virus.

Dans la continuité de leur gestion de la crise, Macron a en effet annoncé hier soir des mesures allant vers une militarisation accrue du confinement, en envoyant l’armée dans les colonies françaises que représentent les DOM TOM et en laissant également la porte ouverte à ce que l’armée soit utilisée pour réprimer dans l’hexagone ; mais aucune mesure sanitaire permettant d’apporter une réponse à la crise en cours. Et ce alors que le pic de l’épidémie n’est pas encore passé, et que les hôpitaux se retrouveront bientôt surchargés, pour ceux qui ne le sont pas déjà, comme c’est le cas en Île-de-France.

Derrière les hommages et les promesses lointaines, toujours rien pour les hôpitaux et le personnel soignant !

Macron a tenté de masquer la politique irresponsable et criminelle que lui et son gouvernement mènent actuellement, en proclamant dans l’abstrait que le gouvernement mettait tout en place pour endiguer la crise et la propagation du virus, en parlant notamment de « mobilisation totale des services de l’État », et de « mobilisation exemplaire » de la part de l’État pour « soigner, sauver des vies ». Mais ces déclarations sonnent pourtant creuses, car le gouvernement n’a toujours pas donné une réponse sanitaire à la hauteur. On attend en effet toujours l’investissement financier massif envers les hôpitaux, pour combler le manque de personnels, de lits, et de matériel comme les masques FFP2, les respirateurs artificiels…

Le gouvernement n’a par ailleurs toujours pas investit pour mettre en place une campagne de dépistage massifs – et ce alors que son efficacité a été prouvée scientifiquement et par l’expérience d’autres pays.

Rappelons par ailleurs que dans le plan d’urgence sanitaire, qui constitue en réalité une véritable attaque cachée contre nos droits démocratiques et contre le droit du travail, le gouvernement, qui a le sens des priorités, a alloué seulement 2 milliards pour l’hôpital contre 43 milliards pour l’économie.

« On a entendu des mots, on attend des actes », Macron, casseur en chef de l’hôpital public, peine à convaincre les soignants

Au vu des réactions dans le monde hospitalier, il s’avère que l’opération de Macron fait un bide, et que la méfiance et les critiques, légitimes, des personnels soignants à l’égard de la politique du gouvernement sont toujours présentes. En marge de son allocution, des infirmières, dont on peut apercevoir la détresse et la colère ont interpellé Macron, concernant le manque de moyens auquel elles font face.

De plus, après l’allocution, les voix critiques se sont également faites entendre et nombre de soignants ont dénoncé l’hypocrisie du discours présidentiel et la nécessité d’avoir de vraies mesures, en urgence, et non des promesses lointaines et insuffisantes. Des syndicats se sont également positionnés, à l’instar du syndicat des professionnels infirmiers.

L’un de leurs portes-paroles déclare entre autre ceci : « Son discours sur l’État providence a débouché sur une loi urgence qui n’accorde pas un centime à l’hôpital. Surtout, on se souvient du grand plan hôpital du 20 novembre où il annonçait de l’argent pour l’hôpital, des revalorisations salariales et cela s’est traduit par une prime de 66 euros qui concerne 11% des infirmières, celles en tout début de carrière, et seulement dans quatre départements sur 100. Donc, vous voyez le fossé entre les discours et les actes. » Pointant ensuite la responsabilité de l’État concernant le manque de matériel nécessaires à la gestion de l’épidémie : « il y a manque cruel de masques du fait de l’incompétence du gouvernement, qui a été incapable de constituer les doses stratégiques et qui a perdu deux mois cruciaux entre fin décembre et fin février".

Nous écrivions en effet récemment un article pointant la responsabilité de l’État à l’égard du manque de masques FFP2. En effet, depuis 2013, l’Etat a renoncé à une politique d’approvisionnement de stock, qui serait centralisée et gérée par l’État, au profit d’une politique basée sur la rentabilité et l’austérité et qui confère aux employeurs et aux établissements, hôpitaux compris, la responsabilité de se munir de ce matériel

Si Macron a mis en avant « l’unité et le courage pour vaincre », ce dont nous avons réellement besoin, c’est bel et bien d’un investissement financier et massif dans les hôpitaux et dans le système de santé publique, la hausse des salaires pour l’ensemble du personnel hospitaliers ainsi que pour les étudiants médecins et infirmiers qui sont aujourd’hui payés 1euro de l’heure pour aller au front, la réquisition et la nationalisation des établissements privées pour aider à gérer la crise, et ce sous contrôle des soignants. La gestion des hôpitaux sous contrôle des soignants est en effet primordiale pour opposer une politique antagonique à celle du gouvernement, qui fait et fera toujours passer le profit avant nos vies, en envoyant à la mort les soignants, mais aussi plus généralement les travailleurs, notamment ceux d’usines non essentielles, qui continuent de travailler pour le profit du patronat, au risque d’être contaminé et de propager par la suite le virus.

Si le Président n’a fait que louer et appeler à la solidarité de tous, en mentionnant notamment les 100 000 inscrits sur la plateforme « Je veux aider », c’est bel et bien à l’État, qui est responsable de la destruction de l’hôpital public, d’apporter une réponse sanitaire à la hauteur. Mais il apparaît de plus en plus évident que nos intérêts sont antagoniques aux leurs. Il est donc central qu’on s’organise et qu’on tente d’apporter une réponse à la crise. Personne d’autre que les soignants et les usagers n’a une vision plus juste des besoins et moyens pour répondre à la crise.

 
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