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La Izquierda Diario
26 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Ou comment masquer sa gestion catastrophique
Macron préfère déployer l’armée qu’un plan sanitaire à la hauteur
Damien Bernard
Paul Morao

Face à une crise sanitaire qui ne va qu’en s’aggravant, Macron n’a pas dit un mot sur les masques, respirateurs ou tests. En lieu et place, des « promesses » lointaines pour l’hôpital public qui n’engagent à rien. En revanche, Macron promet une Opération Résilience qui verra l’armée déployée dans le pays et dans les colonies où elle pourrait… « soutenir les forces de sécurité intérieure ».

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En visite à l’hôpital de campagne de Mulhouse, Emmanuel Macron a délivré hier une nouvelle allocution. Pour l’occasion, le chef du gouvernement a repris un ton martial, en harmonie avec le décor des tentes militaires, pour tenter de réentraîner derrière lui la population dans une « unité nationale » qui semble s’effriter un peu plus chaque jour.

En effet, depuis la semaine dernière, sa gestion déplorable est pointée du doigt par beaucoup. Politiques de casse de l’hôpital public, absence de campagne massive de dépistage, mensonge sur les stocks stratégiques de masques, priorité accordée à l’économie à tout prix : les critiques pleuvent, à commencer par les soignants qui promettent au gouvernement de lui demander des comptes une fois la crise passée.

L’objectif principal de son allocution : chercher à masquer sa gestion catastrophique de la crise sanitaire qui commence à se voir de plus en plus, comme en témoigne la chute très importante de confiance en l’exécutif. Comment ? En brossant dans le sens du poil les soignants, et l’ensemble de la population, en adressant des « promesses » lointaines pour la santé publique. Des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient comme en a témoigné encore récemment les annonces sur le budget de la recherche qui cachaient… en réalité une diminution.

Rien pour la santé, à part la lointaine promesse d’un « plan massif »

Sur le terrain des mesures concrètes et en gage de sa bonne volonté Macron a évoqué la majoration des heures supplémentaires ainsi qu’une « prime exceptionnelle », tout en agitant une promesse bien floue, celle d’un « plan massif d’investissements et de revalorisation des carrières pour notre hôpital ». Une perspective lointaine et qui risque de ne pas convaincre, alors que les soignants réclament de façon urgente des moyens supplémentaires à la hauteur de l’effort qu’exige la situation.

Si le gouvernement a par ailleurs remercié la réserve sanitaire, il n’a décliné aucune mesure de mobilisation des cliniques privées ou de réorientation de la production pour augmenter les moyens en respirateurs artificiels. Il n’a annoncé aucuns moyens supplémentaires pour payer décemment les étudiants infirmiers réquisitionnés qui reçoivent 1,4€ de l’heure. Pour le concret, il faudra donc regarder sur le terrain militaire, du côté de l’armée.

Opération Résilience : la militarisation de la gestion de l’épidémie

En conclusion de son discours, Macron a annoncé le déploiement de l’armée en France et dans les territoires d’Outre-Mer. Dans le cadre d’une Opération intitulée « Résilience », celle-ci « sera entièrement consacrée à l’aide et au soutien aux populations, ainsi qu’à l’appui aux services publics pour faire face à l’épidémie, en métropole et en Outre-mer, en particulier dans les domaines sanitaire, logistique et de la protection » a expliqué Emmanuel Macron.

Alors que cela avait été évoquée comme une rumeur au moment de l’annonce du confinement, le gouvernement a donc décidé de déployer l’armée sur l’ensemble du territoire métropolitain mais aussi dans les colonies. « Le porte-hélicoptère amphibie Mistral sera ainsi déployé dans le sud de l’Océan indien et le porte-hélicoptère Dixmude ira se positionner dans la zone Antilles-Guyane » a déclaré le chef de l’Etat. Un déploiement des forces militaires dans les colonies comme une manière de « rétablir » la « grandeur de la France », de mettre en avant les moyens militaires d’un Etat impérialiste qui contrastent fortement avec une gestion catastrophique, et avec des moyens archaïques, de la crise.

Pas de mesures d’urgences pour les hôpitaux, mais un déploiement militaire « immédiat » massif en « soutien à la population ». Pourtant, ce que n’a pas dit Macron c’est que, selon les informations de France Info, cette force militaire pourra aussi se déployer en « soutien aux forces de sécurité intérieure », une formulation suffisamment floue, qui pourrait laisser ouverte la possibilité d’une participation des forces armées au maintien de l’ordre ?

Si les contours de ce déploiement restent flous, la présence de l’armée se démultipliera donc, comme un complément aux mesures autoritaires votées par Macron dans l’état d’urgence sanitaire. A l’heure où la gestion de la pandémie appelle centralement à des mesures d’ordre sanitaire, pour dépister massivement, soutenir le personnel soignant, augmenter le nombre de lits en réanimation, c’est à la réaffirmation symbolique et pratique de l’état de guerre que se consacre Macron.

Une « unité nationale » fissurée par les « divisions »

Lorsqu’on engage une guerre, on s’y engage tout entier, on s’y mobilise dans l’unité » a finalement insisté, évoquant à nouveau l’« union nationale » qui avait été au cœur de son allocution du 16 mars. Mais face aux tensions dans la situation, et à l’absence de mesures réelles pour répondre à l’épidémie, cette unité ne peut apparaître qu’incantatoire. En ce sens, la dénonciation des facteurs de « division » et contre « toutes celles et ceux qui voudraient facturer le pays » exprime avant tout une forme d’impuissance du gouvernement à convaincre la majorité de la population.

C’est cette difficulté à masquer une gestion catastrophique de la crise sanitaire – liée notamment à la volonté de privilégier absolument la production - qui érode toujours plus une « union nationale » déjà fragile, et que le gouvernement se retrouve à tenter de combler par une offensive sur le terrain autoritaire.

 
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