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La Izquierda Diario
21 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Colère des routiers
Routiers en première ligne : "ça fait quatre jours que je n’ai pas pris de douche"
Antonio Davaï

Les conditions de travail des chauffeurs routiers ne cessent de se détériorer. Des salariés filment et décrivent la précarité de leur situation.

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Alors que la colère monte depuis plusieurs jours chez les chauffeurs routiers, nombres de témoignages attestent du mépris que leur infligent l’Etat et les entreprises, notamment en matière de sécurité sanitaire. Les propos des routiers soulèvent ainsi les incohérences flagrantes entre les discours du gouvernement et la réalité de milliers de travailleuses et travailleurs.

Des faits relayés par milliers sur les réseaux sociaux et qui ne manquent pas de faire éclater à large échelle l’extrême violence du capitalisme : un confinement à deux vitesses à l’image d’une politique qui privilégie les profits aux vies de ceux qui les rendent possibles.

La dangerosité des situations de travail des routiers s’accroit à mesure que la propagation du virus prend de l’ampleur et que les gouvernements continuent d’envoyer les ouvriers au casse-pipe sans un minimum de protections : "En Espagne on est équipé des que l’on rentre dans une usine, c’est déjà ça même si c’est trop tard. En France, quand je suis revenu avec des gants livrer l’usine qui travaille avec nos camions les gérants ne comprenaient pas, ils préféraient faire de l’humour. Quelques heures après l’usine a fermé car trois de leurs ouvriers avaient contracté le coronavirus" témoigne un routier d’une petite entreprise du sud de la France.

Des ouvriers forcés de prendre la route afin de traverser des villes et des pays pour livrer des marchandises qui sont pour certaines non essentielles, sans même un gel hydroalcoolique à bord des cabines : "C’est inadmissible. Livrer des déchets de bois ce n’est pas ce qu’il y a de plus nécessaire en ce moment." La gestion des autoroutes aussi s’est grandement détériorée depuis le confinement avec des aires de repos inaccessibles, des restaurants fermés, des toilettes et des douches verrouillées : "J’ai dû forcer la porte de plusieurs toilettes d’aires de repos car j’en avais marre de faire mes besoins par terre comme un animal, et ça fait maintenant quatre jours que je n’ai pas pris de douche." Nous explique deux routiers.

La crainte s’accentue dès lors que les entreprises ferment leur porte et que les chauffeurs se retrouvent au chômage partiel : "84% ça ne me suffira pas pour payer mon loyer et les crédits, encore moins pour nourrir ma famille. Ce n’est pas à nous de payer l’ingérence des capitalistes, je veux mon salaire à 100%." S’indigne Tó au téléphone, un chauffeur routier tout juste renvoyé chez lui.

Il poursuit : "J’ai conscience que le monde que je connais va changer après cette épidémie, ça va être pire qu’en 2008, des milliers de gens vont se retrouver sans rien car ça va encore être à nous les prolos de payer et cela pendant des décennies. Si ils ne sont pas capable de nous soigner, de nous payer et qu’en plus c’est à nous de payer les pots cassés alors il serait temps qu’on se rende compte que ce système n’a plus rien à nous offrir."

 
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