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La Izquierda Diario
11 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Réunion nationale pour la grève générale
Des raffineurs à l’Opéra de Paris, meeting d’exception à l’appel de la Coordination RATP-SNCF
Paul Morao

Raffineurs, égoutiers, éboueurs, profs, avocats, Gilets jaunes, ... Hier soir à Montreuil, de nombreux secteurs étaient réunis devant 400 personnes à la Parole Errante pour un « Grand meeting de la grève » organisé par la Coordination RATP-SNCF. L’objectif ? Tirer les bilans de la première phase du conflit, et préparer la suite en conviant une partie des secteurs signataires de l’appel à une réunion nationale pour la grève générale, qui vise à préparer depuis la base le retour de la grève reconductible pour obtenir le retrait de la réforme des retraites.

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« On tire les bilans parce qu’on fait partie de ceux qui pensent qu’on peut gagner »

« Tirer les bilans c’est souvent associé à la défaite. Nous on n’est pas d’accord, on tire les bilans parce qu’on fait partie de ceux qui pensent qu’on peut gagner. Mais, s’il est possible de partir à l’offensive, on ne peut pas le faire sans se poser la question de pourquoi ça a piétiné. » introduit Anasse Kazib, cheminot et maître de cérémonie de la soirée. Pourtant, pour lui, ces bilans ne sauraient être abordés sans se souvenir des acquis de la mobilisation, et de son caractère historique. « Cette grève c’était le retour de la base. Pas juste une grève pour les retraites, mais le retour de la classe ouvrière, de la lutte de classe ! » note-t-il ainsi, sous les applaudissements nourris de la salle.

Un retour de la base qui aura notamment permis aux femmes de jouer un rôle important. C’est un des aspects qu’entend pointer la première table ronde, qui réunit Nadia, Hanane et Ahmed, tous trois agents de la RATP. Sereine et déterminée, c’est Hanane, conductrice de métro qui ouvre le bal. Évoquant le pourquoi de cette grève, « C’est pas juste la RATP qui a lancé ce mouvement, c’est les ouvriers qui en ont marre de subir ce quotidien » elle en vient rapidement à son vécu de femme gréviste, et à l’apprentissage qu’ont constitué ses 54 jours de grève. « Notre place en première ligne on nous l’a pas offerte, on l’a gagnée. On s’est battues pour cette égalité avec les hommes, aujourd’hui on montre qu’on est présentes et qu’on ne lâche rien. » note-t-elle, avant de conclure par une lettre adressée à Manu, notre président. « Tu aurais pu faire en sorte que ce 5 décembre n’ait pas lieu… mais je t’en remercie… Sans ton 5 décembre on ne serait pas en train de vivre ce réveil de la classe ouvrière. »

Pour Nadia, machiniste au dépôt de Flandre, cette première grève a également été une école. « J’étais présente à 4h du matin, je repartais à minuit, je me suis donnée à fond. J’ai rencontré des gens que je n’aurais jamais rencontré dans ma vie ». Une détermination redoublée par la condition de femme, particulièrement exposée à la précarité, à la pénibilité et affectée par la réforme : « Nous les femmes on a les congés maternité, beaucoup de copines font des boulots à mi-temps pour s’occuper des enfants. Déjà qu’on a toujours moins que vous, avec la contre-réforme il faut en plus qu’on se fasse entuber ! ».

Mais la détermination ne s’arrête pas là pour cette gréviste qui s’est découverte militante dans la grève : « une fois que cette contre-réforme ce sera passé, y a plein de choses à gérer. Le capitalisme a pris trop de place dans notre société, il ne faut plus rester la tête baissée ». Pour Ahmed, syndicaliste CGT au dépôt de Flandre, ces discours expriment parfaitement la combativité des femmes qui l’ont « bluffé » sur les piquets de grève. Elu CSSCT en charge des cas de harcèlement sexuel, il connaît bien les situations auxquelles font face les quelques machinistes femmes, dont les chefs n’hésitent pas à exploiter la situation de faiblesse des plus précaires d’entre elles, lorsqu’elles sont encore en période d’essai, par exemple. Une situation bien souvent ignorée par l’entreprise pourtant dirigée par une femme. « Quand je mets sur la table des affaires, c’est moi qu’on menace de sanction ! » explique-t-il.

Après ce premier axe bienvenu à quelques jours du 8 mars, une nouvelle tribune se met en place pour revenir sur l’émergence et les bilans de la Coordination. Clément, cheminot au technicentre de Châtillon, revient sur la genèse du cadre. « Ça a commencé le 13 septembre à Bercy, lorsqu’avec des cheminots on est allés rencontrer les agents RATP en grève qui criaient ‘’En décembre illimitée’’ » raconte-t-il, une prise de contact qui va donner lieu à des Rencontres RATP-SNCF desquelles émergera plus tard la Coordination. « Dès les premières Rencontres on a commencé à élaborer un plan en réaffirmant le mot d’ordre du retrait, en faisant des tournées communes, en essayant de consolider les noyaux les plus mobilisés et d’étendre la grève. » précise-t-il évoquant les multiples actions menées entre le 13 septembre et le 5 décembre pour faire de cette première journée une réussite.

Côté RATP, Karim, dirigeant de RS-RATP, évoque sa rencontre avec cet embryon de Coordination. « Lorsque j’ai été présenté à des collègues des Rencontres RATP-SNCF, j’ai tout de suite compris qu’il fallait se coordonner. Le mouvement contre la contre-réforme, ça allait au-delà du professionnel, ça concernait tout le monde, et d’ailleurs on a tout de suite mis nos étiquettes syndicales de côté. » Une volonté de se coordonner et de dépasser les corporatismes qui n’est à l’époque pas étrangère à l’influence du mouvement des Gilets jaunes. « Bien des cheminots ont été des Gilets jaunes » rappelle ainsi Rémi, cheminot à Saint-Lazare.

Mais c’est au moment de la trêve décidée sans l’avouer par les directions syndicales que les Rencontres vont commencer à se transformer en une Coordination de dépôts, lignes de métro et attachements SNCF. « Le 19 décembre on s’est sentis lâchés par les directions syndicales, et c’est là que le rôle de la Coordination a été primordial pour maintenir la mobilisation. » raconte ainsi Hani, agent RATP à Belliard. « On a décidé de faire des piquets tournants, on a tourné, rencontré les autres dépôts, fait face aux gazeuses et aux matraques de la police » complète Romain, agent RATP à Ivry. Des piquets qui ont permis de rassembler bien au-delà des grévistes, les nombreux soutiens, et ce en dépit de la répression. Yassine, agent RATP à Malakoff, évoque l’importance de cette solidarité tout au long du mouvement : « Quand j’allais au marché, aux centres commerciaux pour récolter de l’argent, il y avait cette solidarité des gens. Et cette solidarité on la trouvait pas seulement dans les caisses de grève, mais aussi dans le soutien aux camarades en garde à vue. »

La nécessité de s’organiser pour que la grève appartienne véritablement aux grévistes, la lutte contre les trahisons des directions syndicales, l’importance de la solidarité face à la répression : par-delà les nombreux bilans tirés par les grévistes il en est un qui semble traverser toutes les interventions, et que Yassine finit par synthétiser admirablement suscitant un tonnerre d’applaudissements : « on est dans la même classe sociale et on a le même objectif, faire chuter ce système. »

Après ce retour sur la Coordination, place à deux invités de marque, venus représenter un mouvement qu’il n’est plus besoin de présenter, celui des Gilets jaunes. « Si on a fait 50 jours de grève c’est parce qu’on a été baignés par le mouvement des Gilets jaunes, il n’a pas seulement impacté le gouvernement, il a impacté aussi le mouvement ouvrier. » rappelle Anasse en guise d’introduction, et dans la continuité des nombreuses interventions qui ont fait référence au rôle fondateur du mouvement des Gilets jaunes dans la séquence actuelle de lutte contre le gouvernement.

Sur scène, Torya Akroum commence par expliquer, émue, qu’un de ses collègues s’est récemment suicidé sur son lieu de travail. Or justement, si elle a pris part au mouvement historique des Gilets jaunes, c’est précisément parce qu’elle refuse les conditions de vie et de travail qui poussent tant de personnes dans le désespoir ou la misère. « On n’a pas à mourir sur son lieu de travail, ou à 70 ans en étant toujours au travail. » En ce sens, la date du 14 mars doit être un raz-de-marée pour exiger de pouvoir « vivre dignement ». « Il faut qu’on soit tous dans la rue, peu importe où, il faut envahir Paris. Le 14 mars c’est la marche pour le climat, mais c’est aussi la marche contre les violences policières. »

Jérôme Rodrigues récupère le micro et s’avance sur le devant de la scène, prêt à interpeller l’audience sur la question du dernier mouvement. « La manifestation, le schéma institutionnel que peut être une grève… On est un million dans la rue il ne se passe rien ! La manif reste utile pour avoir un échange et être visible, mais ce n’est plus une finalité. Quels outils nous faut-il pour faire plier ce gouvernement… » - « La grève générale » crie quelqu’un dans la salle - « où êtes-vous le samedi ? » reprend le Gilet jaune. « Je n’appelle pas à une convergence mais à une union nationale de tous les citoyens … l’union nationale peut se faire le samedi, il ne doit pas y avoir de peur. J’ai perdu un œil, mais n’ayons pas peur ! » précise-t-il, avant de saluer la Coordination et les figures de la grève. « Vous avez débordé vos élites, continuez à représenter la base. Vous reprenez les choses en main, vous refusez l’institutionnalisation des syndicats, rejoignez-nous ! » conclue-t-il à la fin de son intervention.

Une tribune exceptionnelle qui préfigure la réunion nationale pour la grève générale

Pour la table ronde suivante, la scène déborde. Ce sont en effet pas moins de dix secteurs qui sont réunis sur scène. Raffineurs, professeurs, égoutiers, éboueurs, avocats, régisseurs, cheminots, traminots, chercheurs, ouvriers dans l’agro-alimentaire : tous ont en commun d’avoir répondu présents à l’appel à une rencontre nationale pour la grève générale initiée par la Coordination RATP-SNCF, la CGT Energie Paris et la CGT Raffinerie Grandpuits, et reviennent sur leur mobilisation et perspectives.

Pour la Coordination RATP-SNCF, Laura et Farid commencent par revenir sur l’initiative du meeting. « On voulait faire un premier bilan de la lutte contre la réforme des retraites, on voulait penser les suites. Dès qu’on a dû reprendre le travail on savait qu’on voulait repartir. Mais la lutte contre la réforme des retraites c’est insuffisant. Il faut demander un nivellement de la retraite par le haut pour toutes et tous. On veut que tout le monde puisse partir à 60 ans. Tout ça c’est des choses qu’on veut mettre sur la table ! » explique Laura, cheminote. « La force des travailleurs ça reste la grève, c’est clair, net et précis. De notre côté, on ne peut plus être la locomotive du mouvement. On va l’accompagner mais il va falloir nous montrer des signaux. C’est pour ça qu’on veut élargir et généraliser la grève » poursuit Farid, conducteur de métro à la RATP.

« Nous l’éducation on a répondu présents dès le 5 décembre. La RATP nous a donné l’exemple le 13 septembre, ça a donné une claque à toute la France. On est au taquet, on en a marre. On ne lâchera pas, on attend que ça reparte avec impatience. » explique Mohamed, professeur dans le 93 et stylo rouge. « On a fait 53 jours de reconductible, c’est inédit chez nous, et ça a été possible grâce à l’Interpro. Merci à tous, c’est par la solidarité et le tous ensemble qu’on arrivera à vaincre le gouvernement. » poursuit Paulo, raffineur de Grandpuits avant de laisser la parole à son collègue Adrien. « Dix jours après le début de la grève, le directeur raffinage Europe est venu il a dit ‘’vous me couchez la raffinerie, je vous mets tous au chômage technique.’’ » commence-t-il par expliquer, pour répondre aux interrogations persistances sur les raisons de l’absence de pénurie d’essence au cours du mouvement.

Malgré ces pressions qui, couplées avec des problématiques techniques, ont limité la capacité à arrêter la production, les raffineurs entendent bien prendre leur part dans la construction d’un second round. « Il faut aller dans toute la France. Les salariés d’Airbus, des chantiers navals, de la SNECMA, pourquoi ils ne sont pas avec nous ? C’est à nous de faire le taff, les directions syndicales elles vont pas le faire… elles ont déclaré que la priorité c’était le coronavirus. La stratégie est claire : on plie notre outil de travail, pour se libérer du temps avant même de manifester. » mais pour cela « il faut qu’on élargisse le mot d’ordre. La réforme des retraites ça ne suffit pas, il faut aller vers les services publics, partir de nos besoins ! » conclue le raffineur avec force.

Au tour de Meriem du Syndicat des Avocats de France de prendre la parole. « Ca fait cinq ans que c’est l’état d’urgence, les avocats que nous sommes essayons d’être disponibles quand il y a des violences policières, quand des salariés se suicident, pour aider leur famille, pour avoir de la reconnaissance de leurs employeurs. Notre place à vos côtés, elle est naturelle. » commence-t-elle par rappeler à ceux qui seraient surpris de voir les avocats dans la bataille. Un positionnement à contre-courant cependant des transformations des cabinets, toujours plus soumis aux exigences de rentabilité. « Ça ne les intéresse pas quand on s’occupe des femmes battues, des mecs tabassés en banlieue. On n’est pas rentables quand on fait ça, mais moi je suis devenue avocate parce que je crois que c’est mon rôle, de défendre les militants que vous êtes. »

« Je représente 50% des transports en commun inter-urbains et urbains en Ile-de-France. » enchaîne Wynnessa, salariée de Transdev et membre du Collectif Optile qui réunit des opérateurs privés de transport. « Avec la loi LOM ils veulent détruire nos acquis, donc je suis totalement avec vous : grève et peuple pour tous !. « C ’est plus que la réforme des retraites, c’est un combat idéologique. Soit un monde ultra-capitaliste, soit un monde des services publics. » enchaîne Guillaume, égoutier, qui explique la pénibilité de son travail et qui raconte comment la mobilisation de deux salariés de la Ville de Paris le 5 décembre a réussi à entraîner, quelques semaines plus tard, un taux historique de 99% de grévistes. « La bonne nouvelle c’est que les facs se réveillent. Notre secteur n’est pas un secteur privilégié, aujourd’hui nous sommes 40% de précaires et il faut une unité des luttes car on se bat contre le même système. » rapporte ensuite Lama, de la Coordination Facs et Labos en Lutte. « Ce qui nous unit c’est de s’opposer à la fatalité, aux discours qui disent que cette situation est inévitable » complète Delphine, enseignante-chercheuse.

Eboueur arborant son gilet jaune de la Ville de Paris, Edouardo s’avance sur scène. « Les gens ne nous voient pas au quotidien, c’est nous qui ramassons les poubelles… J’appelle à la révolution par l’ordure parce qu’on est gouvernés par des ordures ! » s’exclame-t-il avec éloquence, avant d’affirmer : « On se fait respecter que si on est nombreux, sur le terrain tous ensemble ! Et j’en appelle à la responsabilité des irresponsables syndicaux. Au lieu d’appeler à une grève générale, ils disent venez lutter le 31 mars. Tous les jours on doit être sur le terrain, j’espère vous y voir le samedi et tous les autres jours. » En réponse à ce discours un « On est là » est lancé dans la salle, scandé par l’audience, debout. « C’est la première fois que je vis ça à l’Opéra. La force de ce mouvement c’est qu’on a réussi à faire que des catégories qui ne se parlaient plus, les techniciens, les musiciens, les danseurs, les choristes, réussissent à se reparler. Ce qu’on a fait à l’Opéra on peut le faire dans le pays, c’est l’union des différents métiers, des chômeurs, de tous les précaires ! » reprend Mathias, régisseur à l’Opéra de Paris. « Paris vous n’êtes pas seuls ! Je viens de Moselle, du privé. Peut-être qu’on a loupé le coche, même si de mon côté j’ai fait une trentaine de jours de grève, mais quand j’entends ce genre de meetings ça me donne de la force. » lui répond Mathias de la CGT Neuhauser, une entreprise agro-alimentaire, avant d’affirmer que la CGT Neuhauser de l’agroalimentaire en Moselle est signataire de l’appel et participera à la rencontre nationale du 21 mars à Paris.

Anasse, le MC, reprend le micro pour une conclusion synthétique. « Cette tribune elle était très politique, et le fil conducteur c’est quel avenir pour les générations futures ? Un avenir des Blackrock, des Lubrizol, un avenir où on ferme des usines ? On n’en veut pas chers camarades ! » Définitivement la lutte évoquée ce soir va bien au-delà de l’opposition à la réforme des retraites, et c’est autour des perspectives à construire que tous ces secteurs se retrouveront le 21 mars lors de la réunion nationale pour la grève générale, afin de concrétiser toute la combativité qui s’est exprimée ce soir dans une discussion stratégique.

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Pour terminer la soirée, la Coordination RATP-SNCF met à l’honneur les réprimés de la grève. Patrick, Alex et Ahmed, agents de la RATP convoqués en disciplinaire montent sur scène aux côtés de Eric Bezou, cheminot victime de répression anti-syndicale. « Face à cette répression on peut pas se taire, pas baisser la tête. On demande un élan de solidarité, du soutien, soyez tous présents le 26 mars à midi pour nous soutenir. » explique Alex, militant CGT et agent RATP à Vitry, convoqué Place Lachambeaudie le même jour que Ahmed. « N’importe lequel de nous qui est attaqué faut leur montrer qu’on est là et qu’on sera là. » « LA RATP se paye juste une grande campagne de comm’ pour nous faire payer l’affront d’avoir levé la tête. On restera toujours combatifs, on l’était avant, on le sera après. » complète Patrick, agent RATP à Vitry. Eric Bezou revient ensuite sur le triste anniversaire d’Edouard Postal, cheminot victime de mutation disciplinaire qui s’est suicidé en 2017, un 10 mars. « Nos vies elles valent pas cher. Est-ce qu’on veut mourir au travail ? Laisser le capitalisme nous écraser ? Ou est ce qu’on se bat pour un monde meilleur, pour l’honneur des travailleurs comme on le chante ? » conclue Eric.

Après un hommage de la salle à l’ensemble des travailleurs morts au travail, suicidés ou accidentés, mais aussi à toutes les victimes de la répression policière, dans les quartiers populaires, dans les manifestations de Gilets jaunes, la soirée s’achève sous les applaudissements. Tous les secteurs présents se donnent rendez-vous le 21 mars pour tenter de transformer l’énergie et la détermination de ce meeting en un plan pour gagner face au gouvernement.

Crédits photo : O’Phil des Contrastes

 
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