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La Izquierda Diario
7 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Journée facs mortes. Au Mirail, étudiants, précaires, titulaires ensemble dans la rue !
Rozenn Kevel

Le 5 mars, lors de la journée nationale de mobilisation des facs et labos, l’université du Mirail luttait sous une ambiance de soutien et de coordination des différents secteurs mobilisés. Une réussite donc pour l’ESR et la jeunesse lycéenne et étudiante présente lors de cet appel.

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Il y a un mois, la coordination des Facs et labos en lutte appelait à une journée « facs mortes » le 5 mars. A Toulouse, l’université du Mirail s’appuyait sur un programme dense et festif pour répondre à cette date.

L’enseignement supérieur ne tient que par la bonne volonté des travailleurs

En effet, après un début de matinée de débrayage des quelques cours qui se tenaient puisque de nombreux enseignants se sont mis en grève contre la destruction de l’université par la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR). Le cortège du Mirail s’est joint aux milliers de manifestants présents à la manifestation appelée par le personnel et les étudiants mobilisés de l’université.
En début d’après midi, une conférence de presse était donnée par les personnels et étudiants pour dénoncer la loi LPPR, la réforme des retraites et la précarité. Directions d’UFR, titulaires, vacataires, personnels administratifs et étudiants ont fait ressoritr de leur intervention une précarité à tous les niveaux de l’université.

Julien, personnel BIATSS (personnels ingénieurs, administratifs, techniques, sociaux et de santé et des bibliothèques), contractuel obligé de signer un nouveau contrat tous les 6 mois témoigne que la précarité ne s’arrête pas au montant de la paie. Mais qu’elle se poursuit dans les perspectives de vie avec une impossibilité de se projeter professionnellement mais aussi dans les projets de famille, manque stabilité.

En conséquence, la précarité chez les enseignants et le personnel de l’établissement impacte directement et fait écho autant qu’elle tend à agraver la précarité des étudiants. En effet, la logique de financements de la recherche par appels à projets tend à accroître la surcharge de travail et la pression au travail et donc une baisse de la qualité des cours et de la disponibilité des professeurs. Plus concrètement, le taux d’agents non-titulaires des universités est le plus élevé de toute la fonction publique d’État : plus de 30% chez les enseignants et enseignants-chercheurs, et plus de 40% chez le personnel administratif et technique.

Face à ce constat, la seule réponse du gouvernement est de généraliser la précarité : selon de SNESUP, depuis 2013, le nombre d’enseignants-chercheurs diminue de 1,4% alors que les effectifs des étudiants ont augmenté de 9,4% sur la même période. Enfin, entre 2008 et 2016, le nombre de recrutements d’IT (ingénieurs et personnels techniques) a baissé de 44% ! La coordination des Facs et labos en lutte qui a lieu ce 6 et 7 mars, a décrété une prochaine date de mobilisation dans l’ESR du 16 au 20 mars avec au programme des universités populaires ouvertes.

 « La LPPR n’est pas une nouveauté mais une étape dans la transformation de cette université d’une logique de service public à une logique de compétitivité »

Le gouvernement a un projet pour l’éducation : la compétition. En atteste Parcoursup, la sélection à l’université, la diminution des places en masters, les nombreuses réformes de l’éducation nationale… De manière plus globale, la volonté des divers gouvernements successifs est de construire un marché international des universitaires, des chercheurs, des établissements, des formations et avec des étudiants sans préoccupation du sacrifice de générations de jeunes chercheurs et du niveau d’exigence dans la création et la transmission des savoirs.

Les personnels invisibles de l’université, ceux qui sont encore au sein de l’université comme l’administration ou alors les postes qui ont été externalisés comme le nettoyage subissent d’autant plus l’offensive du capitalisme qui vise à anéantir des acquis comme le service public et à aggraver les conditions d’exploitation en faisant appel à la sous-traitance. Comme on a pu le découvrir à l’université du Mirail à Toulouse avec la société de sous-traitance de ménage, embauchée par la faculté, Arc-en-ciel.

“L’action doit être commune, partagée et forte”

La conférence de presse ainsi que l’assemblée générale interprofessionnelle regroupant 150 personnes de la grève ont témoigné de la volonté de construire l’unité et le rapport de force capables de mettre un coup d’arrêt au gouvernement et à sa politique. En effet, cheminots, personnels enseignants, précaires, étudiants, Gilets Jaunes, syndicats ou encore féministes se sont retrouvés tout au long de la journée du 5 pour se coordonner et se battre ensemble contre une précarisation à tous les niveaux et systémique.

Cependant, la première phase de la lutte contre la réforme des retraites nous a montré que pour abattre Macron, ni les actions minoritaires combinées à des journées saute-mouton, ni une grève reconductible dans des secteurs stratégiques mais malheureusement isolés comme la RATP et la SNCF. L’offensive néolibérale et antidémocratique du gouvernement doit faire l’objet d’une réponse par la grève reconductible, de masse qui combine, à la fois, le public et le privé et qui ait à ses côtés les jeunes des facs et des lycées.

C’est dans la perspective de préparer ces conditions pour la lutte que ce 21 mars se tiendra le rencontre nationale impulsée par la coordination RATP-SNCF. Mais face à une génération qui n’a jamais connu de mouvements sociaux victorieux et pour qui le retrait de la réforme ne fera que retarder une précarité promise tout au long de la vie, il est primordial de poser et d’établir réellement la question d’un programme qui vaille la peine, qui permette de libérer toutes les forces qui sont encore enclines au scepticisme. Le but étant de pouvoir préparer “un tous ensemble” sous un programme qui aille au-delà du retrait de la réforme en prenant les revendications des différents secteurs. Qui ne se contente pas de stopper la réforme mais qui cherche à imposer un autre avenir que celui fait de chômage, précarité, répression et crise écologique.

C’est dans cette perspective que l’Ag interprofessionnel toulousaine a discuté ce 5 mars, avec la venue d’Anasse Kazib et Yassine - représentant la coordination RATP SNCF-, et que l’ébullition qu’on voit apparaître aujourd’hui dans les facs pourrait être un premier jalon pour un mouvement dans l’enseignement supérieur et un retour de la jeunesse sur le devant de la scène.
Pour le second round de la mobilisation et pour gagner, les lycéens et les étudiants, secteur fort de la contestation social, doivent rejoindre le mouvement et apporter leurs revendications à celles du mouvement ouvrier pour des universités ouvertes aux enfants de travailleurs !

 
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