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La Izquierda Diario
5 de mars de 2020 Twitter Faceboock

Moyen Orient
Erdogan et Poutine tentent stopper l’escalade et d’éviter la guerre en Syrie
Sadek Basnacki

Face à une situation qui se tend de plus en plus entre la Turquie et la Russie en Syrie, Poutine et Erdogan se sont rencontrés à Moscou ce jeudi pour tenter de stopper une escalade que personne ne souhaite.

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Après 6 heures de négociations, Erdogan et Poutine ont trouvé un accord pour mettre en place un cessez-le-feu, une zone tampon autour de l’autoroute M4, et des patrouilles communes. Des mesures Censées stopper l’escalade dans la région.
La journée avait pourtant mal commencé.

Ce jeudi, 15 civils ont perdu la vie à Idlib ? suite à des frappes aériennes attribuées à la Russie par l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La Turquie n’a pas voulu imputer les frappes à la Russie afin d’éviter d’accroître les tensions. Ce bombardement fait suite à des échanges meurtriers entre les forces turques et syriennes qui ont entraîné la mort de dizaines de soldats turcs et la destruction de 3 avions syriens. C’est dans cette situation qu’Erdogan et Poutine se sont rencontrés ce jeudi.

La Turquie souhaitait trouver un accord pour stopper l’offensive syrienne. La Russie souhaitait, quant à elle, conforter son allié Bachar al-Assad tout en préservant a minima ses relations avec la Turquie afin de l’éloigner toujours un peu plus de l’OTAN.

L’objectif commun pour Erdogan et Poutine était donc d’éviter une confrontation directe entre les deux forces armées. Un risque de plus en plus présent au vu des derniers affrontements.

Erdogan souhaitait également l’établissement d’une zone de sécurité sous le contrôle de l’armée turque, avec éventuellement des patrouilles conjointes avec l’armée russe. Pour contrer le contrôle de l’air par la Russie, le président turc en avait appelé à l’OTAN, lui qui s’en est écarté après avoir acheté les missiles sol-air S-400 à Poutine et développé une coopération énergétique étroite avec la Russie. Le but étant que les pays de l’UE et les USA interviennent via l’OTAN en Syrie afin d’imposer une zone d’exclusion aérienne dans le nord-ouest de la Syrie. La zone d’exclusion existe déjà, mais elle est sous contrôle russe.

Cela a un fort impact sur l’offensive du régime syrien puisque l’aviation turque ne peut défendre ses positions. La Russie empêche même l’évacuation des blessés turcs qui ont dû être transportés par voie terrestre à plus de 70km d’Idlib. Mais Erdogan sait que l’OTAN n’interviendra pas, personne ne souhaite s’enliser dans le bourbier syrien et risquer de raviver les tensions entre la Russie et Erdogan.

Pour mettre la pression sur ses partenaires européens, le président turc a décidé d’ « ouvrir » les frontières afin de laisser les réfugiés rejoindre l’UE. On a pu voir, à cette occasion, la barbarie de l’Europe forteresse. L’UE va débloquer une aide d’urgence de 170 millions d’euros pour faire face à la situation humanitaire en Syrie, a déclaré mercredi un haut responsable européen en déplacement en Turquie. Des fonds qui arrivent à point nommé après près de deux mois d’affrontements avec le régime syrien.

Erdogan et Poutine ont besoin l’un de l’autre

La rencontre entre les deux présidents est essentielle pour les deux hommes. Erdogan a besoin de trouver un accord avec la Russie pour réimplanter les réfugiés dans la zone tampon au nord de la Syrie et procéder au nettoyage ethnique contre les Kurdes. Les projets immobiliers pour loger les milliers de réfugiés permettront de relancer le secteur du BTP turc en difficulté et qui est un fort soutien à Erdogan. De plus, Erdogan a eu le soutien inconditionnel de Poutine lors de la supposée tentative de coup d’État de 2016.

De l’autre côté, Poutine a besoin du président turc afin d’augmenter son influence dans la région. Le rapprochement entre la Turquie et la Russie a eu pour effet de refroidir les relations avec l’OTAN. La Turquie est le pays le plus oriental pour l’organisation, son rapprochement avec la Russie augmente l’influence russe dans la région au détriment des USA.

En outre, les capitalistes russes ont besoin de la Turquie pour mener à bien leur projet de gazoduc vers l’Europe.

Un cessez le feu et des patrouilles communes

Après plus de 6 heures de négociations, Erdogan et Poutine ont trouvé un accord. Le président turc a annoncé la mise en place d’un cessez-le-feu à partir de jeudi soir minuit dans la province d’Idleb. Néanmoins afin de sauver la face, Erdogan a annoncé que la Turquie se réservait le droit de répondre en cas d’attaque de Damas.

A partir du 15 mars prochain, les armées russe et turque mèneront des patrouilles communes sur l’autoroute M4, axe stratégique syrien.

D’après le texte de l’accord consulté par l’AFP, les deux pays ont prévu de mettre en place un "couloir de sécurité" de six kilomètres de profondeur de part et d’autre de l’autoroute, soit une zone tampon de 12 kilomètres de large au total censée empêcher tout affrontement.

 
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