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La Izquierda Diario
27 de février de 2020 Twitter Faceboock

Répression raciste et transphobe
Meurtre de Jessyca Sarmiento : la police en profite pour expulser des sans-papiers en situation de prostitution
Inès Rossi

Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, Jessyca Sarmiento, femme trans en situation de prostitution, a été assassinée par un chauffard qui lui a volontairement foncé dessus avec sa voiture. Selon l’association Acceptess-T, 40 heures à peine après cet assassinat, la police a effectué une descente sur le bois de Boulogne pour embarquer des sans-papiers en situation de prostitution.

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Jessyca Sarmiento était une femme trans, originaire du Pérou, arrivée l’année dernière en France. En situation de prostitution, elle est décédée dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, assassinée par un chauffard qui lui a foncé dessus avec sa voiture, au bois de Boulogne. De toute évidence, cet acte était volontaire.

Un peu plus d’un an après Vanesa Campos, un autre meurtre de femme trans au bois de Boulogne

Un an et demi après le meurtre de Vanesa Campos, cet assassinat est le tragique reflet des violences constantes auxquelles les personnes en situation de prostitution, et en particulier les femmes trans et les femmes migrantes, sont exposées sur leurs lieux de travail.

Au-delà des véritables assassins de la jeune femme, qui n’ont pas encore été identifiés, c’est bien l’État qui est responsable de sa mort, et de celle de toutes les autres femmes en situation de prostitution assassinées. C’est l’État qui organise la précarité et la vulnérabilité des personnes en situation de prostitution, et plus encore de celles et ceux qui sont immigrés, et qui les réprime par son bras armé, la police. Depuis l’adoption, en 2016, de la loi sur la pénalisation des clients, les personnes prostituées se retrouvent en effet obligées de travailler dans des lieux de plus en plus sombres et reculés, à la demande de leurs clients qui craignent d’être verbalisés par la police.

En s’enfonçant loin dans les profondeurs du bois de Boulogne, Jessyca et ses collègues sont d’autant moins en sécurité. En outre, celles et ceux qui n’ont pas de titre de séjour ne risquent pas d’aller porter plainte : ce serait prendre le risque d’être repéré par l’administration et expulsé du territoire dans les mois qui suivent.

La réponse de la police ? S’attaquer aux femmes sans-papiers

Parlons-en, justement, de la police. Le jeudi 21 au soir, l’association Acceptess-T organisait une veillée commémorative en l’honneur de Jessyca Sarmiento, sur les lieux de son décès. Au même moment, dans un autre coin du bois de Boulogne, la police organise une descente.

Pour enquêter sur la mort de Jessyca ? Pour identifier son ou ses assassins ? Non, loin de là. Pour contrôler l’identité des personnes en situation de prostitution, et interpeller les sans-papiers. Dans un billet publié sur Facebook, Acceptess-T explique : “la Préfecture de Police de Paris aurait interpellé et embarqué ce soir-là trois travailleuses du sexe, afin de mettre en œuvre des procédures d’expulsion. Nous sommes sans nouvelles de deux d’entre elles. Mais la troisième, Christina*, une femme trans colombienne, a pris contact avec nous ce mercredi pour nous informer de sa situation : ce vendredi 22 Février, à 17h15, lui a été notifiée son obligation de quitter le territoire français (OQTF), avec un délai de recours extrêmement court de 48 heures, associée d’une interdiction de retourner sur le territoire français (IRTF).

Un jour à peine après le meurtre de Jessyca, la seule réponse de la Préfecture est donc d’organiser de véritables rafles contre les personnes en situation de prostitution, précaires entre les précaires ! À l’heure où ces femmes sont victimes des pires violences, on les chasse, les réprime et les précarise encore plus !

En juin 2019, nous avions interviewé Giovanna Rincon, présidente de l’association Acceptess-T, qui dénonçait déjà les effets combinés de la loi de pénalisation des clients et des lois de répression des migrants sur les personnes en situation de prostitution : “Ça fait désormais trois ans que la loi de pénalisation des clients est en vigueur et on se rend compte que les personnes qui en subissent le plus les conséquences sont les personnes trans parce qu’elles sont les plus marginalisées dans la société, dans les luttes sociales, dans les luttes pour la reconnaissance des droits sociaux. Nous avons alerté les institutions, mais nous n’avons n’a pas été écoutées.

À tout ça il faut ajouter qu’à partir de 2016, année de l’approbation de la loi de pénalisation des clients, il y a eu aussi un durcissement des lois contre l’immigration ainsi qu’une montée des discours répressifs sur les migrant.e.s. Le débat sur la répression de l’immigration et la fermeture des frontières a fait augmenter le délit de faciès sur les lieux de prostitution dont les personnes trans sont les premières cibles. Les rafles et les contrôles d’identité sont en augmentation, les forces de l’ordre se sentent autorisés à exercer toute forme de répression jusqu’à l’utilisation de violence physique. Le contrôle des frontières et les contrôles de faciès vont de pair.

Une marche pour exiger justice pour Jessyca Sarmiento est organisée ce samedi, à 16 heures à la Porte d’Auteuil.

 
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