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La Izquierda Diario
22 de février de 2020 Twitter Faceboock

Fin du monde, fin du mois, même combat
Fermeture de Fessenheim : ce n’est pas aux salariés de payer leur pseudo-transition écologique !
Irène Karalis

Vendredi dans la soirée, les manoeuvres d’arrêt du premier réacteur de la centrale de Fessenheim ont commencé. Face à la menace de perte d’emplois qu’elles représentaient, les salariés ont menacé de ne pas les appliquer, alors que le fermeture de cette centrale, symbole des dangers du nucléaire, est prévue pour juin 2020.

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La centrale nucléaire de Fessenheim. Crédits photo : Darek Szuster, MaxPPP

Un des réacteurs de la centrale nucléaire devait être mis à l’arrêt à 2h30 ce matin. Cette centrale, la plus ancienne en France toujours en activité, a été construite en zone sismique et en contrebas du grand canal d’Alsace, ce qui l’expose à des risques d’inondation. Devenue un symbole des dangers du nucléaire, elle soulève des protestations prenant la forme de grèves de la faim et de manifestations d’opposants depuis 2011.

La fermeture progressive de la centrale avait été annoncée après l’élection de François Hollande pour fin 2017, puis reportée à 2018. Cette dernière a été entérinée par Emmanuel Macron et sera effective d’ici fin juin 2020. Cette décision du chef de l’Etat s’inscrit dans une volonté de verdir son discours dans le but de reconstruire sa base sociale de centre-gauche, qui pour partie s’est détournée de LREM pour voter Europe-Ecologie-Les-Verts aux dernières européennes.

Cette fermeture bien trop tardive n’est en aucun cas lié avec un processus de transition écologique, comme voudrait nous le faire croire le gouvernement. Un démantèlement ne signifiant pas forcément un démantèlement vert, la fermeture de la centrale entraînera ainsi, selon Le Monde, des émissions additionnelles de l’ordre de 10 millions de tonnes de C02/an. En effet, si la France produit de l’énergie principalement décarbonée, elle dépend de plus en plus d’autres pays, dont l’Allemagne, qui exporte de l’électricité dans l’hexagone. Ainsi, la production de la centrale de Fessenheim ne sera pas assurée par des sources d’énergie renouvelables, mais par l’électricité provenant d’autre pays. D’ailleurs, au même moment où cette centrale ferme, une nouvelle centrale à charbon ouvre en Allemagne.

Mais la fermeture de la centrale ne se contente pas d’instrumentaliser la question écologique à des fins politiques, elle risque de provoquer une perte d’emplois dans une région où les délocalisations ont déjà causé une saigné pour l’emploi, en particulier dans le secteur de l’automobile et de la métallurgie. C’est en réaction à ce problème que les salariés de la centrale ont menacé de ne pas appliquer la procédure d’arrêt, en dénonçant l’absence de garantie sur le maintien des emplois. Preuve de plus que le discours vert de Matignon, qui a déclaré que la fermeture de la centrale était “une première étape dans la stratégie énergétique de la France”, n’est qu’une manière de masquer le fait que le capitalisme vert est un moyen de faire payer aux salariés le prix d’une pseudo transition écologique.

Cependant, le lien entre la bataille pour les emplois et la question écologique est indissociable, comme a pu le montrer, par exemple, le combat des Gilets Jaunes et le slogan “Fin du monde, fin du mois, même combat”. La revendication contre la fermeture d’usines polluantes, ainsi, doit se combiner avec le maintien sans conditions des emplois et le reclassement des travailleurs. En ce sens, les organisations du mouvement ouvrier se devraient de lier la question des emplois et les revendications écologiques. Face à la crise écologique, cette question est en effet d’une urgence vitale qui ne peut être résolue par une vision court-termiste. Pour pouvoir réellement obtenir gain de cause et ainsi poser de manière crédible la question des emplois et de l’écologie, la question du contrôle de la production par les travailleurs est essentielle. Elle permettrait ainsi de commencer à penser la planification de la production tout en prenant en compte les problèmes écologiques. 

 
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