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La Izquierda Diario
27 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Jonction étudiants-travailleurs
Les grévistes vont dans les facs pour inviter la jeunesse à rejoindre la bataille !
Enora Lorita

Alors que les politiques des directions syndicales ont cherché à isoler les grévistes de la RATP et de la SNCF, la coordination RATP-SNCF a fait le choix cette semaine de se tourner vers les universités, un secteur qui bouillonne et avec lequel ils ont tout intérêt à tisser des liens.

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Depuis 54 jours, les cheminots de la SNCF et les salariés de la RATP ont entamé un dur combat contre la réforme de retraites. Alors qu’ils se retrouvent aujourd’hui isolés à cause de la politique des directions syndicales qui n’ont pas appelé à la généralisation de la grève, une partie d’entre eux fait le choix de se tourner vers les universités au sein desquelles la colère grandit.

En effet, face à l’absence de plan des directions syndicales, la coordination RATP-SNCF réunie jeudi dernier a décidé d’un agenda pour rendre visite aux étudiants des universités de région parisienne et les inviter à rejoindre la mobilisation. Le secteur de l’Education apparaît aujourd’hui comme un potentiel relai de la mobilisation, notamment dans l’enseignement supérieur au sein duquel les enseignants-chercheurs se mobilisent à la fois contre la réforme dans retraites, mais aussi contre la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR). Du côté des étudiants, malgré les difficultés à mobiliser depuis le 5 décembre, des Assemblées Générales émergent dans la plupart des universités.

Bien conscients de l’impact qu’aurait l’entrée du mouvement étudiant dans la bataille, ce lundi, les grévistes avaient fixés plusieurs aux Universités de Nanterre, de Paris 8, de Bobigny, d’Evry et de Paris 5.

A l’Université de Nanterre, des cheminots de Chatillon, des machinistes du dépôt d’Asnières et de Nanterre ont répondu à l’appel et ont passé la journée à intervenir dans des cours pour expliquer aux étudiants l’importance de leur entrée dans la bataille, d’autant plus dans un contexte où une mobilisation chez les doctorants et les professeurs a explosé depuis plusieurs jours. Comme l’explique Clément, cheminot à Chatillon : « S’il y a bien une chose que la bourgeoisie et le patronat détestent, c’est le cocktail explosif de la jeunesse et des travailleurs ensemble dans la rue ! ». Selon Elsa, étudiante en droit à Nanterre et militante à Révolution Permanente, « c’est une question de responsabilité que les jeunes rejoignent la bataille ».

En retour, les étudiants de Nanterre réunis à plusieurs centaines en assemblée générale ont tenu à apporter leur soutien à Alex et Ahmed, machinistes en grève depuis le 5 décembre et convoqué en conseil de discipline lundi 3 février et ont exprimé une pensée toute particulière pour François, machiniste au dépôt de Vitry, menacé de révocation par sa direction et qui a tenté de mettre fin à ses jours ce matin.

De même, à l’Université Paris VIII (Saint-Denis), une belle délégation de cheminots du Bourget et machinistes de Saint-Denis, de la ligne 3, et de Flandres en grève reconductibles se sont déplacés à l’Assemblée Générale des étudiants.

Au milieu d’un amphithéâtre bondé, Jamel de la ligne 3 adressait un superbe message de soutien aux grévistes de la RATP réprimés et menacés par leur direction : « Salut Ahmed, Alex et François, aujourd’hui on est à l’Université Paris 8. On est venus en soutien aux universitaires, professeurs et étudiants. La fac de P8 vous soutient, ils seront là quand il faudra vous soutenir pour vos mesures disciplinaires. François, on est avec toi, on te soutien et on lâchera pas ! ».

A l’Université Paris 5, Yassine, machiniste au dépôt de Malakoff intervient également dans l’Assemblée Générale des étudiants pour défendre la nécessite de la jonction : « Il faut qu’on frappe ensemble, car en frappant séparément on ne pourra pas gagner malheureusement ».

A Bobigny, plusieurs grévistes avaient fait le déplacement pour participer à l’Assemblée Générale organisée par les étudiants et professeurs de l’Université Paris 13. Toutefois, la présidence de la fac avait pris les devants pour tenter d’empêcher toute rencontre entre les grévistes RATP et les secteurs universitaires. Elle avait en effet fait appel à un dispositif exceptionnel de « sécurité » déployé à toutes les entrées de la fac pour empêcher l’entrée à toute personne ne disposant pas de sa carte universitaire. Face à cette humiliation, la réaction de l’AG des personnels et étudiants, qui réunissait alors une centaine de personnes, a été de voter le déplacement de l’AG à la grille de la fac. Ce geste de résistance, qui donnait encore plus d’écho à cette rencontre inédite étudiants-travailleurs, a poussé la présidence à faire entrer les grévistes et l’AG a finalement pu se dérouler dans l’amphi où elle avait commencé, donnant lieu à des échanges riches.

Des initiatives plus que progressistes qui pourraient jouer un rôle pour bousculer cette jeunesse qui peine à se mobiliser depuis le 5 décembre. Pourtant, ce ne sont pas les raisons qui manquent : les grévistes de la RATP et de la SNCF le disent eux-mêmes, ils se battent surtout pour l’avenir de leurs enfants.

Les grévistes de la coordination RATP-SNCF ont d’ores-et-déjà prévu un calendrier pour continuer à se rendre dans les facs tout au long de la semaine : ils seront mardi à 14H à l’Université Paris 5 (centre Boulogne), à 17h à Tolbiac, et se rendront jeudi à 12h à la Sorbonne, tandis qu’une délégation sera présente à 12h à l’Université Paris 7.

 
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