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La Izquierda Diario
26 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

La chasse est ouverte
Après les matraques contre les grévistes RATP, Ahmed Berrahal menacé de révocation !
Flora Carpentier
Ahmed Berrahal, CGT RATP Bus, secrétaire CSSCT CSE 2

Nouvelle offensive répressive à la RATP : impuissante à briser la détermination des grévistes, la direction de la régie vient de convoquer Ahmed Berrahal, élu CGT sur le dépôt de bus Flandre, pour un entretien disciplinaire avec menace de révocation. Les grévistes se préparent d’ores-et-déjà à prendre sa défense.

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Matraques, lacrymogènes, mesures disciplinaires... la suite logique

Après avoir envoyé la police pour tenter d’intimider les grévistes sur leur piquet, à coups de matraques et de gaz lacrymogène, la direction du dépôt RATP Flandre à Pantin passe à la répression disciplinaire et s’en prend à l’un des meneurs de la grève, Ahmed Berrahal, militant CGT élu CSSCT au CSE2. Pour la deuxième fois en l’espace de quelques mois, Ahmed se retrouve ainsi convoqué en entretien disciplinaire avec une menace de révocation, preuve s’il en fallait que la direction de la RATP est prête à tout pour le faire taire. C’est sans surprise qu’il a trouvé ce week-end un courrier dans sa boîte-aux-lettres, l’accusant ni plus ni moins que de "menaces de mort et intimidations à l’encontre de salariés" le 5 décembre au premier jour de la grève, et de "blocage de la sortie des bus" à 5 reprises, lorsque le soutien a été massif sur le piquet. Des accusations réfutées fermement par le syndicaliste : "c’est du mensonge pur et dur, mais ça ne m’étonne pas de la direction qui n’a aucun scrupule. Tout ça ne date pas d’hier, depuis 16 ans que je travaille à Flandre j’ai eu un certain nombre de poursuites disciplinaires, toujours gagnées au Prud’Hommes, mais là ils sont partis loin dans leur délire, pour m’accuser de menaces de mort, c’est qu’ils ne savent plus quoi inventer !"

Ahmed poursuit : "Le 5 décembre le responsable prévention-sécurité [RPS, agent d’encadrement] s’est permis de venir nous provoquer dans le local syndical alors qu’on était en pleine AG des grévistes, je lui ai simplement dit de sortir, qu’il n’avait rien à faire ici, et aujourd’hui il se retourne contre moi avec des accusations mensongères. Mais est-ce que je rentre dans les bureaux de la direction sans frapper et sans y être invité moi ? Un local syndical n’est pas un moulin ! Il n’y a eu aucune insulte et ça beaucoup d’agents pourront en témoigner ! A aucun moment il n’y a eu des menaces de ma part envers d’autres machinistes ! Ce qu’ils essayent de faire c’est de monter les non-grévistes et les grévistes les uns contre les autres mais ça ne fonctionnera pas, parce que même les non-grévistes savent qu’on se bat pour les retraites de tous et nous soutiennent largement. La preuve, ils ont donné tous les jours dans notre caisse de grève ! Les menaces et intimidations ne viennent pas des grévistes mais bien de la direction, qui a offert le café et les croissants à la police de bon matin pour nous matraquer le ventre plein, et s’est payé les services d’un huissier pour nous intimider."

Quand les profs viennent danser devant les bus, la RATP accuse ses agents

Ahmed réfute avec la même indignation les accusations de blocages des bus : "c’est franchement aberrant. Aucun gréviste n’a bloqué le dépôt, par contre on a reçu un gros soutien des profs, des étudiants et de plein de gens qui venaient sur notre piquet, et c’est ça qui dérange la direction, ils ne supportent pas l’idée qu’on puisse être soutenus, parce que c’est ce qui nous permet de tenir depuis plus de 50 jours de grève ! Les gens nous soutiennent parce qu’ils savent qu’on se bat pour eux, pour l’avenir de nos enfants à tous. Il n’y a qu’à voir le supposé blocage de bus qui m’est reproché le 24 janvier, c’est le jour de mobilisation nationale, où les profs sont venus danser devant les bus à 5h du matin ! On peut dire que la direction n’a pas perdu de temps et avait bien prévu son coup, étant donné que son courrier est daté du jour-même ! Cette convocation était donc bien préméditée".

La séance matinale d’aérobic des profs avait d’ailleurs fait le buzz sur nos réseaux sociaux, au point d’être repérée par Les Inrocks. Professeur d’Arts Plastiques en grève du collège Jean Jaurès à Pantin, Jérémy était là ce jour-là : "on a proposé la question du blocage du dépôt en AG interpro de Pantin et avec des profs en grève de différents établissements on a voté d’y aller en dansant avec des chorégraphies sur de la musique des années 80, avec perruques et tenues fluos... c’était une ambiance très sympa et conviviale, avec le café et les viennoiseries... la police a voulu nous déloger alors on s’est amusés à courir sur l’avenue, les voitures ont klaxoné en solidarité, et à aucun moment les grévistes RATP n’ont bloqué quoi que ce soit, c’était vraiment une action extérieure de solidarité". Les collègues d’Ahmed confirment : "Je suis choquée qu’ils se permettent des accusations pareilles" témoigne Nassima, élue CGT machiniste à Flandre, avant de poursuivre : "si on prend la date du 24 janvier par exemple, les profs sont venus danser devant les bus, on a tous filmé, à aucun moment Ahmed n’a bloqué quoi que ce soit, on était tous les 2 sur le côté en train de filmer les profs !"

S’en prendre à un meneur de la grève pour s’en prendre à tous les grévistes

En terme d’acharnement contre les grévistes et en particulier contre leurs meneurs, la RATP n’en est pas à son coup d’essai, après la convocation des 3 grévistes du dépôt de bus de Vitry, et ce même week-end d’Alexandre Gamal, élu CGT à Vitry également menacé de révocation. Comme lors de son entretien disciplinaire du mois de novembre, Ahmed dénonce un acharnement pour tenter de briser la détermination des agents RATP : "C’est le même type d’accusations qui m’étaient reprochées lors du contrôle des bus en septembre. On se demande jusqu’où la direction est prête à aller pour en finir avec cette grève qui dure depuis plus de 50 jours et n’est pas près de s’arrêter."

Nassima le rejoint : "ils font ça parce qu’ils veulent sa tête et pour ça ils sont prêts à tout inventer... mais quand ils attaquent Ahmed en fait ils nous attaquent tous, c’est une façon de vouloir nous calmer nous. Mais ça ne va pas fonctionner, avec les grévistes une chose est sûre c’est qu’on va réagir, on ne va pas laisser passer ça et le 3 on sera là, on avait déjà été là pour lui avec des collègues de tous les syndicats et de tous les dépôts lors de sa première convocation le 12 novembre, on s’était mis en grève pour lui et finalement il a eu un seul jour de mise à pied... comme quoi les accusations étaient infondées. Donc le 3 février on va remettre ça mais avec tous les gens qu’on a rencontré pendant la grève, il y aura encore plus de monde.

Jérémy est sur la même longueur d’onde : "Ce n’est pas très étonnant cette convocation, la direction de la RATP est dans son rôle... pour moi c’est une tentative d’intimidation, mais ils ne font que jeter de l’huile sur le feu : pour le 3 on va mobiliser de notre côté pour être là en soutien, ils vont le regretter !"

Et Ahmed de conclure : "On ne va pas se laisser abattre par une direction à la solde du gouvernement. On est entrés dans cette bataille tous ensemble et on en sortira tous ensemble ! Le 3 février on appelle à un gros rassemblement et on sait déjà qu’il y aura beaucoup de monde".

Caisse de grève du dépôt RATP de Flandre

 
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