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La Izquierda Diario
16 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Opération médiatique
Pécresse, qui traite les grévistes d’homophobes, voulait démarier les couples gays en 2012
Paul Morao

Lundi dernier, des centaines de soutiens étaient réunis à Vitry pour soutenir Patrick, Yassine et François, sous le coup d’une procédure disciplinaire de la RATP. Ce matin, Valérie Pécresse qui a à nouveau appelé à des « sanctions exemplaires » contre les grévistes sur BFM TV en pointant des propos homophobes. La présidente de Région avait pourtant pris part à la violente campagne de la droite contre le mariage gay en 2013.

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A Vitry, la diffusion d’une chanson truffée d’insultes au caractère clairement – mais banalement - homophobe, est utilisée par la direction pour tenter d’obtenir la révocation de figures dirigeantes de la grève. Une manœuvre qui n’a pas échappé à des collectifs queer tels que le CLAQ qui dénonçait hier dans un communiqué une « attaque inacceptable de la direction » où « la lutte contre l’homophobie est instrumentalisée à des fins anti-syndicales et anti-grévistes ».

Or, depuis la diffusion de la vidéo des grévistes, Valérie Pécresse, figure des Républicains et présidente de la Région Ile-de-France, s’est mise en tête d’accompagner et d’accélérer l’offensive, exigeant des « sanctions exemplaires » le 11 décembre dernier sur Twitter. Une demande qu’elle a réitérée ce matin au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV.

De leur côté, les grévistes sont pourtant loin d’être dupes. « En 2013 elle voulait démarier tous les couples gays, et maintenant c’est nous qu’on traite d’homophobes pour la diffusion d’une chanson. » s’indignait lundi un des grévistes convoqués à Vitry-sur-Seine. Qu’en est-il vraiment ?

Valérie Pécresse : en première ligne contre l’homophobie ?

Ce n’est pas la première fois que Valérie Pécresse s’illustre par des tentatives ratées de s’afficher en défenseuse des droits des LGBT. En 2018, sa volonté de déposer «  un vœu au Conseil Régional pour que nous défendions auprès de l’ONU la dépénalisation universelle de l’homosexualité » était ainsi mal passée auprès des internautes, de même que ses louanges du film 120 battements par minute qui revient sur l’histoire de l’organisation Act-Up.

La Présidente de la Région Ile-de-France s’est en effet illustrée par plusieurs épisodes pour le moins incompatibles avec la posture « progressiste » qu’elle cherche à se donner. En 2012, elle prend part à la campagne homophobe de la Manif pour Tous contre le mariage gay. Alors interrogée par un journaliste sur la possibilité de démarier les couples gays, la future présidente de région répond par l’affirmative : « Bien sûr, on peut tout à fait imaginer de mettre en place un statut qui soit un statut d’union civile et de transférer les droits sur un statut d’union civile, ça peut se faire. », avant de nier ses propos quelques heures plus tard.

Si en 2013, Pécresse modère sa position sur le mariage gay, après avoir participé à des actions de la Manif pour Tous, la polémique quant à sa position réelle refait surface lors des élections régionales. En 2015, Pécresse participe ainsi à un meeting de la Manif pour Tous, organisation anti-mariage gay, dont un certain nombre de membres sont par ailleurs représentés sur sa liste comme le note LCI : « Y figurent notamment le coordinateur de La Manif pour tous (LMPT) pour les Yvelines Nicolas Tardy-Joubert (en 16e position), le président délégué du Parti chrétien-démocrate (PCD) de Christine Boutin Franck Margain (n°15 à Paris) et le conseiller municipal PCD de Saint-Cloud Jean-Christophe Pierson (n°29 dans les Hauts-de-Seine). » En 2016, c’est Caroline Carmantrand, cofondatrice du mouvement anti-mariage pour tous « Les mères veilleuses » qui est nommée présidente de la commission Famille et Action sociale au conseil régional d’Ile-de-France.

Derrière ses discours contre les grévistes, les proximités claires de Pécresse avec la branche la plus « acceptée » mais aussi la plus virulente de l’homophobie en France, dont la campagne contre le Mariage Pour Tous constitue un épisode marquant pour de nombreuses personnes LGBT en France par sa violence, démontrent l’hypocrisie de la Présidente de Région. Celle-ci s’est également vu reprocher le financement par la région de nombreuses organisations réactionnaires, à l’image, par exemple, de l’association Marthe et Marie, connue pour son militantisme actif anti-IVG, qui s’est vu octroyé 200 000 euros en novembre 2018.

Si la lutte contre l’homophobie est primordiale, elle est trop importante pour être laissée aux opportunistes et aux réactionnaires. Faisant feu de tout bois, il s’agit avant tout pour Pécresse d’attaquer les grévistes dans le cadre d’une campagne médiatique et politique d’offensive contre le mouvement. Tous les moyens sont bons, semble-t-il, pour essayer de faire retourner l’opinion publique, alors que le soutien aux grévistes continue d’être majoritaire parmi la population.

 
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