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La Izquierda Diario
16 de janvier de 2020 Twitter Faceboock

Attaque médiatique
Accusation d’homophobie : les médias attaquent les grévistes RATP et leurs soutiens politiques et syndicaux
Philomène Rozan

Mélenchon et Martinez étaient ce lundi au rassemblement à Vitry pour trois grévistes menacés de sanctions par la direction. Les médias dominants dénoncent une complicité avec trois syndiqués, qu’ils font passer pour de terribles homophobes. Une nouvelle attaque pour salir le mouvement.

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La lutte contre la réforme des retraites dure depuis maintenant 42 jours, et face à la démonstration de force que font les grévistes de la RATP et de la SNCF, face à leur détermination et pour tenter de fragiliser le mouvement, une offensive médiatique a été lancée contre celles et ceux qui le soutiennent encore. Contre ceux qui restent en soutien malgré le prétendu compromis autour de l’âge pivot. C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon et Philippe Martinez sont visés par différents médias -et de ceux qui se disent à gauche. Ils sont pointés pour leur présence sur le piquet de à Vitry, en soutien Yassin, François et Patrick, trois grévistes menacés de sanctions par leur direction.

A un moment ou le gouvernement essaie -vainement- mais par tous les moyens d’en finir avec la grève et de retourner l’opinion publique, les médias dominants jouent leur jeu en salissant le mouvement .
Les grévistes sont convoqués pour « reprendre en chœur une chanson à caractère homophobe à chaque fois que passait un conducteur non gréviste » ; et « porter atteinte à la liberté de travail ». Mais nombreux sont les médias qui réduisent les faits et disent que les trois grévistes sont visés pour homophobie, ou encore qu’ils « entonnaient un chant : « On n’aime pas les (gros) suceurs de bites ! » . Cette dernière assertion fait passer le chant pour un rythme inconnu, à l’origine vague mais comme le faisait remarquer Yassin, un des trois grévistes incriminé « On a juste répété les paroles d’une chanson validée par la Sacem, et d’un chanteur que Macron lui-même a emmené en Côte d’Ivoire ».

La deuxième accusation, elle, révèle le véritable nœud du problème, celui qui explique pourquoi Yassin, François et Patrick sont visés par la direction. Celui qui se cache derrière les prétendues accusations d’homophobie. La direction les accuse d’avoir « [porté] atteinte à la liberté de travail ». Mais la grève est un droit acquis par les travailleurs et sa nature même est de ne pas travailler, de « porter atteinte au fait même de travailler ». Cette accusation vient remettre en question le droit même à faire grève. Il n’est pas anodin qu’elle vise des figures de cette lutte : ce qui est en jeu ici c’est la répression patronale. Et ça les médias dominants l’omettent, ils évacuent le fait que après les matraques et les gazeuses dans les dépôts une nouvelle forme de répression est entrain de s’abattre sur les grévistes. C’est ce que souligne avec beaucoup de justesse, la communiqué du CLAQ -Collective de Libération et d’Autonomie Queer- « Cette attaque inacceptable de la direction ne peut que nous révolter tant la lutte contre l’homophobie est ici instrumentalisée à des fins anti-syndicales et anti-grévistes. »

Cette tentative de la part des médias de salir le mouvement, de décrédibiliser la lutte s’inscrit dans la continuité de leur travail de sape au moment des Gilets Jaunes. Ces derniers avaient été à l’époque dépeints par la plupart des médias comme racistes, puis sexistes mais également antisémites et homophobes. Dans le mouvement avant cette attaque en règle contre les grévistes de Vitry, et contre Martinez et Mélenchon, ils avaient déjà fait des leurs en se positionnant sur des tensions qui ont pu émerger entre les grévistes et les non grévistes, comme au moment de l’affaire de la conductrice, où une vidéo tronquée circulait et où la prétendue agressivité des agents en grève avaient été largement mise en avant. Ces médias dominants qui se veulent neutres, choisissent pourtant de traiter les grévistes en criminels – ou du moins ici en homophobes tout en laissant des tribunes, ou en ouvrant leur plateau à des Zemour et à ses déclarations homophobes et sexistes, ou encore à de fiers représentants de la manif pour tous. Ils donnent un énorme espace médiatique à ceux qui théorisent consciemment cette question et la revendiquent politiquement mais condamne avec une fermeté très hypocrite l’homophobie ordinaire dont les grévistes ont pu faire preuve. Loin donc de cette neutralité qu’ils agitent, chacun de leurs articles est une prise de position, et ils se font une fois de plus les relais du gouvernement, et des institutions qui créent, reproduisent et distillent l’homophobie dans la société.

Le sexisme comme l’homophobie s’expriment dans toutes les strates de la société, y compris dans le monde du travail, sont le reflet de l’idéologie dominante, et les premiers responsables comme le soulignait Mélenchon ne sont autre que le système et le gouvernement. Et toutes celles et ceux qui s’opposent en ce moment au gouvernement, à ses politiques et qui affirment que le mouvement va au delà de la simple réforme des retraites, doivent se poser la question de la lutte contre l’homophobie, comme celle contre le sexisme ou le racisme. François l’un des trois grévistes incriminé a déclaré « Moi j’ai presque 20 ans de boîte. Des homos ici, j’en ai croisés, et ils n’ont jamais entendu de mauvais propos. La vidéo a juste été sortie de son contexte par des journaleux. » Et au delà même de l’absence de mauvais propos les grévistes peuvent d’ors et déjà se poser la question de lutter au côtés des personnes LGBT. Et si d’une part le CLAQ appelle tous les associations et collectifs contre l’homophobie à rejoindre l’actuelle lutte « Si elles veulent vraiment lutter contre l’homophobie dans les mouvements sociaux, comme partout ailleurs dans notre société, nous les invitons à s’investir dans ces mouvements, à descendre dans la rue et à soutenir activement les grèves et les grévistes. », les grévistes pourraient à leur tour se poser la question de porter ces revendications et mener la lutte à leurs côtés.

 
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