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4 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Répression
5 décembre : un dispositif répressif massif et "extrêmement mobile"
Flo Balletti

Alors qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ont peur face à la force de la grève générale du 5 décembre et aux perspectives d’une reconduction, ils prévoient un dispositif policier exceptionnel comparable à l’acte IV des gilets jaunes pour réprimer des manifestants qui se battront contre la régression sociale.

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Crédit Photo : Serge D’Ignazio

Si 66% de la population soutient le mouvement de grève de demain face à la réforme des retraites, le gouvernement a quant à lui décidé d’y opposer un dispositif répressif constitué de 8 200 CRS et gendarmes mobiles dans toute la France (dont 4 300 seulement pour Paris). D’après le quotidien libéral L’Express, « au total, 108 unités de forces mobiles seront déployées à travers la France - 60,5 EGM et 47,5 CRS. Elles seront massivement affectées, outre la région parisienne, aux zones sud, sud-est et est, laissant le nord, l’ouest et le sud-ouest plutôt dégarnis. 180 équipages motorisés des "BRAV, ou brigades de répression de l’action violente, seront déployés. Du côté des moyens techniques, six canons à eau seront susceptibles d’entrer en action et trois drones survoleront Paris. » Les commerces aux abords des 5km de cortège seront par ailleurs fermés.

Selon Marianne « quarante-quatre équipes « d’agents verbalisateurs » qui auront pour but de remettre des amendes à ceux qui franchiront les zones interdites. Quatre camions de transport des personnes interpellés sont prévus, ainsi que huit monospaces, des unités en charge de signifier leurs droits dans un délai d’une heure aux manifestants arrêtés. […] Mais surtout, innovation récente, la police parisienne prévoit d’implanter à certains endroits stratégiques, des « caméras tactiques ».

Pour un haut-gradé, "c’est la foire d’empoigne pour avoir des forces mobiles !". D’après une source du ministère de l’intérieur citée par Marianne, la préfecture parisienne avait estimé qu’il lui fallait quelques 65 unités mobiles. Dans la limite des stocks de poulets disponibles, elle n’en aura finalement « que » 55. Les autres unités étant mobilisées en province. Il s’agit de chiffres comparables à la manifestation de gilets jaunes face à laquelle le gouvernement avait envoyé le plus d’unités pour mater la contestation : l’acte IV du 8 décembre dernier. Record répressif égalé !

Le préfet de police Didier Lallement a mis en avant sa stratégie de « maintien de l’ordre » dans une conférence de presse hier après-midi. Celle-ci s’inscrit dans la continuité du tournant répressif exercé face aux manifestations de gilets jaunes : « Nous serons extrêmement mobiles, extrêmement rapides », a-t-il lancé. Un dispositif qui s’appuiera sur le dispositif maximal : 180 motos de voltigeurs. Comme le résume Libération, « Lallement a fait de ces policiers à moto l’étendard d’un maintien de l’ordre des plus durs, au contact direct des manifestants et donc avec le risque de graves blessures. » Cynique, Lallement dit quant à lui être là « pour garantir la démocratie » et « préserver la paix et la sécurité ».

Mais le parallèle ne s’arrête pas là, et le spectre des gilets jaunes semble toujours hanter le gouvernement. Le préfet de police de Paris a pris un arrêté pour interdire l’accès aux Champs aux personnes « se revendiquant du mouvement des Gilets jaunes » dans un « périmètre comprenant la présidence de la République et le ministère de l’Intérieur, et dans les secteurs de l’Assemblée nationale, de l’Hôtel Matignon et de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. » Lallement a ajouté en conférence de presse au sujet d’une éventuelle manifestation sur les Champs : « Nous ne nous le permettrons pas, ceux qui pensent qu’ils pourraient continuer une partie de la nuit, c’est une chose que ne nous tolérons pas ». Une mesure déjà mise en place lors de certains actes des gilets jaunes. Jamais pour une journée de grève en semaine !

La recette est connue, le gouvernement, le préfet de police et les haut-gradés évoquent à l’unisson des soi-disant violences des manifestants (L’Express parle même d’exactions), pour instaurer la peur et mieux légitimer les violences policières qui pourraient être à l’œuvre. On apprenait ainsi la semaine dernière qu’une nouvelle commande de quelques… 1280 LBD avait été passée par le ministère de l’intérieur. Un haut-gradé qui se dit « très inquiet » de la manifestation parisienne du 5 décembre de crier au loup : « nous sommes dans une phase pré-insurrectionnelle ».

Dans les précédents récents, la manifestation du 1er mai, où dans la continuité des actes de gilets jaunes la répression policière avait été féroce y compris sur les cortèges syndicaux. Tout le monde a en tête ce jour-là la fake news de Castaner sur la prétendue invasion d’un service de réanimation de la Pitié-Salpêtrière par les gilets jaunes. Il faut aussi rappeler que le 15 octobre dernier, à l’occasion d’une journée de grève des pompiers et personnels soignants et hospitaliers, Jean G., un soldat du feu a été éborgné par une grenade. Une véritable escalade sécuritaire de la part de Macron qui s’attaque à tous les secteurs en lutte. Autant d’exemples qui posent la question : y a-t-il encore un véritable droit de manifester en France ?

En réalité, le 5 décembre devrait être une démonstration massive de convergence entre les travailleurs grévistes, la jeunesse lycéenne et étudiante et les gilets jaunes dont l’AG et des AG et les principales figures ont appelé à se joindre à la grève à partir du 5 décembre.

La perspective d’un blocage de l’économie du pays par la force de la grève générale accompagnée de cortèges composés de travailleurs, gilets jaunes et jeunes prêts à combattre la réforme des retraites (et au-delà Macron et son monde), voilà le « cyclone » qui terrorise le gouvernement et les classes dominantes ! Alors qu’on observe de par la radicalité de leurs méthodes une gilet-jaunisation de certains secteurs du mouvement ouvrier, c’est avec le rapport de force du « tous ensemble » que pourront être combattues efficacement les violences sociales et policières que nous impose le gouvernement.

 
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