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La Izquierda Diario
3 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

En vue du 5
Vers une grève générale politique contre Macron ?
Juan Chingo

Tout indique que la grève générale du 5 décembre sera d’une ampleur absolument inédite, sans doute la plus grosse mobilisation depuis celles de 1995, 2006 et 2010. Avec le climat subversif insufflé par les Gilets jaunes, la lutte de classe en France, articulée à ce qui, dans les faits, va ressembler à une grève générale de 24h avec des tendances à la reconductible dans les principaux bastions du mouvement ouvrier comme chez les cheminots et à la RATP, pourrait connaître un nouveau tournant. Un an après le début du mouvement des Gilets jaunes, une nouvelle étape est en train de s’ouvrir avec la réunification ou encore la matérialisation du « tous ensemble » d’une partie importante du monde du travail sur un terrain de la classe. Jusqu’où ira cette nouvelle étape ? Cette question sera tranchée dans les jours à venir par la lutte elle-même.

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Un long processus de préparation imposé par la base

La grève massive de la RATP le 13 septembre dernier a imposé le calendrier. Ce sont les grévistes qui ont alors choisi de lancer une grève reconductible à partir du 5 décembre, obligeant les syndicats, même les plus réformistes à l’instar de l’UNSA, à s’y soumettre. Ce processus s’est consolidé avant de passer à un niveau supérieur avec les mobilisations surprises à la SNCF, avec la grève nationale spontanée lancée suite à l’accident du passage à niveau à Saint-Pierre-sur-Vence, mi-octobre, ou avec les explosions sauvages dans les technicentres de Châtillon et du Landy qui ont paralysé une partie importante du réseau pendant plusieurs jours.

Ces éléments de « gilet-jaunisation » du mouvement ouvrier ont obligé le principal syndicat du secteur ferroviaire, la CGT Cheminots, à rejoindre l’appel à la reconductible. Dans la Santé, les services d’Urgences sont mobilisés depuis plus de neuf mois et ont réussi à entraîner l’ensemble du personnel hospitalier dans les manifestations des 14 et 30 novembre, une mobilisation historique qui jette une lumière crue sur la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’hôpital public et qui a généré un soutien immense au sein de l’opinion. Ce processus de politisation et de lutte va de pair avec l’agitation qui a gagné d’autres secteurs. On pensera bien entendu aux personnels de l’Education après l’énorme choc qu’a provoqué le suicide de Christine Renon, directrice d’école, auquel s’ajoute le fait que les enseignants font partie des secteurs qui vont le plus perdre avec la (contre) réforme des retraites. Ces processus de politisation dépassent par ailleurs le seul cadre du monde du travail. Dans les universités, l’immolation d’un étudiant à Lyon a généré une immense émotion et mis en exergue l’énorme problème de précarité étudiante. A un autre niveau, la Marche contre l’islamophobie a été un énorme succès, et ce en dépit des calomnies et des attaques qu’elle a essuyées de la part de la classe politique et des médias dominants, de même que la Marche contre les violences faites aux femmes du 23 novembre qui pourrait annoncer un renouveau du mouvement féministe. Tous ces processus prennent place à un an du début du soulèvement des Gilets jaunes, qui a fait entrer la lutte des classes en France dans une nouvelle étape.

Comme le souligne Raymond Soubie, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, dans Le Monde, la principale nouveauté dans tout ceci est sans doute le fait que la « contestation, à la SNCF comme à la RATP, est, en très grande partie, impulsée par la base. Les syndicats donnent le sentiment de courir après leurs adhérents et de ne pas avoir la maîtrise pleine et entière du mouvement. » Le 5 décembre et dans les jours qui suivront, ce phénomène devrait se prolonger. C’est de cette situation que dépendra, en grande partie, l’ampleur et la portée de la grève.

Les tendances à la politisation

Après avoir perdu la bataille de la « pédagogie » à propos de la réforme, le gouvernement a usé et abusé d’une stratégie classique : dénoncer le caractère corporatiste du conflit, en s’appuyant pour cela sur le fait que les secteurs moteurs de la grève à venir – la SNCF et la RATP – disposent de régimes spéciaux qui prennent en compte la pénibilité de leur travail et offrent la possibilité de partir plus tôt en retraite. Le « cheminot bashing » s’est transformé en un leitmotiv du macronisme qui s’est attaché à décrire de façon grotesque les cheminots comme des « privilégiés » défendant uniquement leurs intérêts. Mais alors que cette propagande avait en partie permis d’isoler les cheminots lors de la réforme du rail au cours du premier semestre 2018, elle semble moins efficace à l’heure où la réforme des retraites concerne l’ensemble des travailleurs et des travailleuses. De fait, derrière la fausse promesse d’égalité de toutes les retraites, le gouvernement continue à garder sous le coude plusieurs éléments centraux de sa réforme, à l’image du système « par points » qui inquiète tous les travailleurs. En effet, beaucoup voient dans l’ambigüité qui accompagne la réforme promise une preuve supplémentaire de ses effets négatifs sur les retraites… et ils ont raison !

Parallèlement, le gouvernement doit faire face à un ras-le-bol social qui s’est sédimenté au fil des années. Le soulèvement des Gilets jaunes a représenté le premier des volcans endormis à entrer en irruption et son impact a réveillé les forces de l’ensemble de la classe ouvrière. Dans les discussions entre militants pour préparer la grève comme dans le discours des Gilets jaunes, la question du modèle de société que nous voulons construire est l’un des thèmes les plus récurrents. De nombreux travailleurs disent clairement qu’ils ne veulent pas d’une société où l’on n’a pas accès à la santé ou à l’éducation. Qu’ils ne veulent pas de cet avenir, ni pour les étudiants, ni pour leurs enfants. La contre-révolution néolibérale entre de plus en plus en collision avec les aspirations profondes des exploités et des opprimés, et c’est dans la rue qu’ils l’expriment haut et fort. Et c’est ce qui fait peur à l’exécutif. Cécile Cornudet, souligne ainsi dans Les Echos qu’en « stigmatisant les régimes spéciaux comme elle le fait depuis quelques jours, en usant de mots comme "pleurnichards" et "corporatismes", la majorité ne prend-elle pas le risque de chauffer à blanc les syndicats qui les défendent ? Si, mais c’est ce qu’elle cherche. Il vaut mieux des syndicats mobilisés sur les retraites qu’une foule en colère, sans but, sans cadre, presque jaune. A dix jours du 5 décembre, l’équipe Macron préfère la peste au choléra. Elle vient de choisir la stratégie de la tension. Le grand débat et les mesures en faveur des Gilets jaunes n’y ont rien changé au fond. La crise sociale demeure, tout comme, plus dangereuse encore, une "crise morale" et démocratique, qui ronge le pays. Peuple n’allant plus voter, ne croyant plus aucune parole, qu’elle soit politique ou syndicale, ne trouvant aucun canal pour crier son malaise. Ou plutôt si, un seul : la rue ».

Les tendances à la généralisation

A mesure où la date du 5 décembre s’est rapprochée, de nombreux secteurs se sont joints à la date imposés par les grévistes de la RATP en septembre. Ainsi, la Fédération CGT des Industries Chimiques appelle à la grève le 5 et à reconduire le mouvement à partir des assemblées générales. FO et SUD ont la même position. Cela concerne évidemment les raffineries, mais aussi de très nombreuses entreprises. On se souviendra qu’en 2010 les raffineurs ont été l’un des secteurs moteurs de la bataille contre la réforme des retraites de Sarkozy qui s’était soldée par une défaite du fait de l’incapacité à déborder les directions syndicales au moment où elles rappelaient le mouvement à l’ordre alors que le conflit se radicalisait. Toutes les fédérations de routiers appellent également à la grève, à l’exception de la CFDT. Dans l’éducation, ce sont les organisations syndicales minoritaires qui appellent à une grève reconductible à partir du 5 décembre : SUD-éducation, CGT-FERC et FO. De son côté, la FSU reste fixée sur la seule journée du 5, même si dans le secondaire la direction de son principal syndicat, le SNES, n’exclut pas totalement de reconduire le mouvement. La Fédération Mines et énergies de la CGT appelle également à la grève le 5 décembre et à des assemblées générales pour décider des suites du mouvement et des actions à mener le jour même. Dans le transport aérien, les onze syndicats d’Air France appellent à la grève le 5 et certains ont prévu de reconduire, à l’image du personnel syndiqué à la CGT ou à FO. Du côté des ports, la CGT Ports et docks appelle à une grève « carrée » de 24h sans évoquer encore la question de la reconduction. Le Collectif Inter-Urgences qui s’est créé dans le cadre de la lutte des services d’Urgences a récemment appelé à « coaguler » le 5 décembre. La grève touchera également les éboueurs dans de nombreuses villes comme Paris, Montpellier et Marseille avec une tendance à la reconduction. Cette liste, qui est loin d’être exhaustive, donne une idée de l’importance du front qui est en train de se mettre en place.

Même si cet éventail de secteurs qui s’apprêtent à rentrer en bagarre peut paraître surprenant si on le compare à ce qu’il s’est passé au cours des deux premières années du quinquennat Macron, au cours desquels les syndicats ont eu du mal à mobiliser leurs troupes, la nouveauté est ailleurs. Pour la première fois, là encore, depuis de très nombreuses années, des appels à la grève se multiplient dans les entreprises du secteur privé. C’est ce dont témoigne David Gistau, secrétaire confédéral de la CGT, interrogé par L’Express : « On a reçu plus de 1000 appels à la grève dans le secteur privé et ce, dans des domaines totalement différents les uns des autres ». Et parmi ceux qui ont déjà annoncé leur mobilisation, il y a l’agroalimentaire avec plus de 300 appels à la grève, chez Carambar, Perrier, Haribo par exemple. Le secteur de la métallurgie a aussi répondu présent avec 200 appels, tout comme le transport privé dont les chauffeurs routiers et le secteur du commerce avec Carrefour, Géant ou Casino. Mais le plus nouveau et significatif c’est que ce ne sont pas les représentants syndicaux qui ont convaincu les salariés : « Ce sont eux qui sont venus solliciter l’organisation syndicale », rapporte Joël Le Jeannic, de Sud Aérien. La CGT fait le même constant, ayant reçu de nombreux appels de salariés d’entreprises où elle n’est pas implantée, demandant des précisions sur la manière de faire grève dans le secteur privé. Face à l’engouement, un kit expliquant les modalités de cette action a été diffusé à 2 millions d’exemplaires. Gistau, de son côté, souligne également que « si le phénomène est rare par son ampleur, il l’est aussi par la diversité des profils des travailleurs qui viennent, pour certains de petites et moyennes entreprises (PME) voire de très petites entreprises (TPE). C’est en effet dans ces sociétés que faire grève soulève le plus de difficultés. Plus de pression, pas de syndicats présents, un lien plus direct avec sa hiérarchie. Cesser son activité peut se révéler préjudiciable ». Il est évident que le mouvement des Gilets jaunes et le réveil spectaculaire des couches les plus paupérisées de la classe ouvrière a réveillé les consciences et pénétré profondément dans ces déserts syndicaux, laissés de côté pendant des décennies par les bureaucraties syndicales. Un symptôme de la profondeur et des potentialités de la situation.

Un affrontement aux contours encore indéfinis

Le 5 décembre ne sera pas seulement une grande journée de lutte mais également un moment de prise de conscience et de confiance. Un moment où les travailleurs pourront évaluer le chemin qu’ils ont parcouru collectivement et la force dont ils disposent. Que se passera-t-il après cette journée, notamment après le passage de gué que représentera le week-end, à savoir à partir du lundi 9 décembre, journée décisive qui déterminera si le mouvement s’enracine et se mue en une grève longue et politique ? Il est encore trop tôt pour le dire.

Les directions syndicales en sont arrivées là poussées par leur base et parce que le gouvernement, en dépit de ses hésitations, ne leur a pas laissé d’autre choix. La grande concession qu’elles attendaient, à savoir la fameuse « clause grand-père » (en l’occurrence l’application de la réforme seulement pour les nouveaux entrants sur le marché du travail) n’a finalement pas été au rendez-vous. Pourtant, le 26 novembre encore, lors de sa dernière rencontre avec Edouard Philippe, Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, affirmait qu’il existait une « porte de sortie pour l’exécutif » si ce dernier mettait « de la bonne volonté ». Le même jour, Laurent Escure, secrétaire général de l’UNSA, l’un des syndicats les plus réformistes mais qui pourtant appelle à la grève, à la différence de la CFDT, expliquait sur BFM que le gouvernement devait proposer rapidement une solution, sans quoi « le mouvement pourrait se poursuivre » et qu’il s’agirait « d’une erreur de laisser s’enkyster la crise sociale [car] lorsqu’un mouvement social part, on sait comment il commence mais on ne sait pas comment il finit ». Selon Lescure, donc, ce serait de la « responsabilité du gouvernement, soit avant le 5 soit très vite après le 5, de déminer cette situation », la grève risquant, pour lui, de durer « plusieurs jours ». Cette attitude des directions syndicales illustre bien l’une des issues possibles de la grève générale, ou plutôt le rôle que pourraient jouer les bureaucraties pour éviter un saut dans la lutte de classe.

En 1935, dans le cadre de ses discussions avec le Parti Travailliste Indépendant (ILP), autour de la question de la grève générale, Trotsky évoquait un certain type de grèves générales, précisément celles au cours desquelles « la direction de la grève est arrivée d’avance, c’est-à-dire sans avoir combattu, à un accord avec l’ennemi de classe quant au déroulement et à l’issue de la grève. Les parlementaires et les dirigeants syndicaux sentent à un moment donné la nécessité de donner une issue à la colère accumulée dans les masses, ou bien sont simplement obligés de monter en marche dans un mouvement qui a éclaté par-dessus leurs propres têtes. Dans de tels cas, ils escaladent en toute hâte l’escalier de service pour rencontrer le gouvernement et obtenir sa permission de prendre la tête du mouvement de grève générale, avec l’engagement de leur part d’y mettre un terme aussi rapidement que possible et sans dommage pour la faïence de l’Etat. Parfois, et il s’en faut de beaucoup pour que ce soit toujours le cas, ils arrivent à marchander d’avance quelques petites concessions qui leur servent de feuilles de vigne. C’est ainsi qu’agit le conseil général des syndicats britanniques (TUC) en 1926. Et Jouhaux en 1934. Ainsi agiront-ils à l’avenir. Dénoncer ces méprisables machinations dans le dos du prolétariat en lutte constitue une partie nécessaire de la préparation d’une grève générale ». Face à cette perspective, il est fondamental de développer le contrôle de la base sur le mouvement pour éviter une telle trahison et, le cas échéant, de s’assurer de le faire payer au prix fort aux directions syndicales si elles venaient à prendre ce chemin-là.

Les révolutionnaires et la grève générale

Mais si le principal danger à affronter est celui du contrôle bureaucratique du mouvement, les tendances au contrôle de la grève par la base, à sa politisation et à sa généralisation ouvrent la porte à d’autres perspectives. Le spectre d’une grève comme en 1995, mais cette fois-ci combinée à la radicalité des Gilets jaunes, est une hypothèse qui effraie le pouvoir. Si cette situation s’exprimait, pour reprendre Cornudet, par « une foule en colère, sans but, sans cadre, presque jaune », ce serait l’un des indices du caractère explosif de la situation. Dans son analyse de la vague de grèves tumultueuses qui secoue l’Etat espagnol en 1931, au début de la Révolution espagnole, qui s’étendra entre 1931 et 1939, Trotsky abordait les choses de la façon suivante : « Tout d’abord, il faut qu’il soit bien clair que cette explosion élémentaire et violente de grèves est l’expression inévitable du caractère même de la révolution, et, dans un certain sens, sa base. L’écrasante majorité du prolétariat espagnol ne sait pas ce que c’est que l’organisation. Au cours de la dictature est née une nouvelle génération d’ouvriers qui manquent d’une expérience politique indépendante. La révolution éveille - et c’est en cela que réside sa force - les masses laborieuses les plus arriérées, les plus méprisées, les plus opprimées. La grève est la forme que revêt leur éveil. C’est à travers la grève que les différentes couches et les différents groupes du prolétariat s’annoncent, se signalent les uns aux autres, éprouvent leurs propres forces et celles de leur ennemi. Une couche en éveille et contamine une autre. Et le tout rend la grève actuelle absolument inévitable. En aucun cas les communistes ne doivent s’en effrayer, car c’est l’expression même de la force créatrice de la révolution. C’est seulement à travers ces grèves, avec toutes leurs erreurs, leurs "excès", leurs "exagérations", que le prolétariat se dresse sur ses jambes, se rassemble en un tout uni, commence à se sentir et à se concevoir lui-même comme une classe, comme une force historique vivante. Les révolutions ne se sont jamais développées sous le fouet d’un cocher. Excès, erreurs, sacrifices sont la nature même de la révolution ».

Face à une telle possibilité qui représenterait un véritable tournant pour la lutte de classe, il n’y aurait rien de pire qu’une orientation attentiste qui impliquerait de jouer, mais à une échelle supérieure par rapport à un passé proche, un rôle anecdotique et marginal ou qui consisterait à reproposer l’opposition entre communistes révolutionnaires et mouvement réel comme Lutte Ouvrière a pu le faire au cours du soulèvement des Gilets jaunes. Avec des conseils qui gardent aujourd’hui toute leur validité pour l’extrême gauche, Trotsky soulignait, en direction des communistes, à son époque : « Si le parti communiste avait dit aux ouvriers : "Je suis trop faible encore pour pouvoir vous servir de guide, aussi attendez un peu, ne vous pressez pas trop, ne donnez pas, en vous mettant en grève, le signal du combat, laissez-moi une chance de grandir !", il se serait couvert à tout jamais de ridicule, les masses en train de s’éveiller seraient passées par-dessus sa tête, et, au lieu de se renforcer, il n’aurait fait que s’affaiblir. Avoir correctement prévu un danger historique ne signifie pas pour autant qu’on puisse l’éviter simplement par des raisonnements. On ne peut écarter le danger que si l’on dispose de la force nécessaire. Pour constituer cette force, le parti communiste doit se jeter de tout son cœur dans l’arène du mouvement de grève "élémentaire" ou semi-élémentaire en train de se développer, non pour le retenir, mais pour apprendre à le diriger, et pour acquérir autorité et force dans le cours même de la lutte ».

Face à la potentialité ouverte par la grève à partir du 5, les révolutionnaires doivent parier sur la possibilité de déborder le contrôle des directions syndicales qui, à la différence de 1995, sont aujourd’hui fortement affaiblies. Il faut, pour cela, qu’ils et elles organisent d’entrée de jeu des assemblées avec l’ensemble des grévistes d’un secteur, syndiqués et non-syndiqués, qu’ils et elles impulsent des comités de grève élus par les grévistes eux-mêmes, de même que la coordination et la centralisation de ces comités au niveau régional et, si possible, national, dans le contexte de cadres inter-professionnels réels auxquels devraient se subordonner les syndicats et au sein desquels devraient pouvoir avoir voix au chapitre l’ensemble des courants politiques et syndicaux qui mettent toutes leurs forces dans la bataille pour que la grève soit victorieuse. C’est en ce sens que le résultat de la troisième rencontre des travailleurs et des travailleuses de la SNCF et de la RATP organisée à la Bourse du Travail de Saint-Denis (93), le 27 novembre, est extrêmement encourageant. La rencontre a appelé à une coordination de l’ensemble des secteurs en grève pour le 6 décembre. Pour reprendre Trotsky, toujours à propos de la situation espagnole il y a plus de 80 ans, les révolutionnaires, ne doivent pas perdre de vue le fait que « les dangers qui naissent du développement de la révolution ne peuvent être évités par une vigilante prudence, mais seulement par de l’audace, de l’audace, et encore de l’audace ». C’est ce à quoi s’engage l’ensemble des camarades qui écrivent et qui interviennent, au jour le jour, à travers RevolutionPermanente.fr.

Crédits photos : Archive AFP

 
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