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La Izquierda Diario
15 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Témoignage #LaPrécaritéTue
Alex, 26 ans : « Mon père s’est suicidé. Il travaillait à Orange. Suite à ça je ne mangeais plus à ma faim »

Suite à l’immolation d’un étudiant de 22 ans, dénonçant la précarité dans laquelle il vivait, nous publions une série de témoignages de jeunes précaires, montrant que son cas est loin d’être isolé. Alex est l’un.e d’entre elleux.

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Je m’appelle Alex, et ma situation a commencé à se compliquer une fois le BAC en poche. Étant passionné.e de dessin, je me suis orienté.e vers des écoles spécialisées en art, malgré la réticence de ma famille, étant donné qu’il est actuellement très difficile de vivre de l’artistique. Mais il est hors de question pour moi de vivre d’un travail dans lequel je me sentirais forcé.e. Nous sommes alors tombé.e.s sur des écoles aux prix exorbitants . Généralement entre 5000 et 3000 euros par an. Finalement, des ami.e.s m’ont parlé.e.s d’une autre alternative : faire ses études en Belgique. Les écoles d’art y sont 10 fois moins cher, et j’en ai finalement trouvée une qui me convenait à 300 euros par an. Habitant dans le nord de la France, cela ne m’a pas posé.e de problème, et j’ai finalement su trouver un kot étudiant à 300 euros le loyer, charges comprises. Nous avions fait une demande pour une bourse également, mais celle-ci m’a été refusée car je partais étudier à l’étranger.

Plus tard, lors de ma 3ème année étude, alors que je préparais mon jury de fin d’année, mon père s’est suicidé. Il travaillait à Orange. Cela faisait maintenant des années qu’il se plaignait de ses conditions de travail, de la pression de ses patrons. L’alcool était devenu son refuge, et il cumulait les arrêts de travail. A chaque fois qu’il devait retourner à son poste, l’anxiété le tiraillait. Ma mère s’est donc retrouvée seule à s’occuper de mes frais de scolarité. Elle gagne moins que le smic, alors qu’elle accumule les postes en accompagnatrice pour enfants, et animatrice de centre de loisir. Le décès de mon père l’a profondément marquée, et de fait elle n’avait pas la force nécessaire pour porter plainte contre un monstre comme Orange, d’autant plus qu’il ne s’est pas suicidé dans les lieux de son travail, détail qui apparemment aurait de l’importance. J’ai eu le droit à une aide de 1500 euros, paiement unique. Après ça il a fallut s’en tirer comme on le pouvait. Je n’osais pas demander à ma mère davantage d’argent compte tenu des circonstances, mais je n’arrivais pas à manger à ma faim. Un repas par jour était devenu mon quotidien, et celui-ci était parfois très maigre. J’avais à peu près 100 euros pour le mois, hors loyer. Une partie partait dans les frais de déplacement, plus mon matériel de travail, il me restait très peu pour mon alimentation.

En plus de cela, bien que mes résultats scolaires était satisfaisants, ma professeure d’atelier était détestable, maintenant une pression intenable, envahissant l’espace personnel, se permettait de tenir des propos homophobes/ transphobes devant toute la classe, faisait sa prêche chrétienne continuellement. Mais ma situation financière étant si tendue que trouver une autre école où j’aurais dû recommencer tout depuis le début était impensable, je voulais en finir au plus vite, et j’ai pris sur moi, malgré l’anxiété que j’avais alors développé.e. Par ailleurs, je n’aurais pas pu travailler à côté, les cours étant déjà bien assez intense pour moi.

Finalement j’ai reçu un diplôme, au bout de 5 ans. Sauf qu’avec un diplôme d’art option dessin on ne trouve rien du tout. Le statut d’artiste étant ce qu’il est, j’ai du compléter mes études avec 2 ans de pédagogie pour espérer être professeur.e d’art. Maintenant j’attends qu’un poste se libère.

Tu vis ces situations ? connais ces angoisses ? Endettement étudiant, problèmes de logement, boulots précaires, pression scolaire ? Envoie ton témoignage,à l’écrit, en vidéo, en dessin ou en musique à [email protected], pour ne plus passer ces situations sous silence et commencer à préparer une réponse collective !

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Après le drame de l'étudiant de 22 ans qui s'est immolé par le feu pour dénoncer la précarité, le mouvement étudiant refait surface. Cette détresse n'est pas isolée, la précarité chez les étudiants existe bel et bien. 😠 Révolution Permanente lance une campagne de témoignages contre la précarité étudiante ! 👊 Endettement ? Problèmes de logement ? Boulots précaires ? Pression scolaire ? Envoie ton témoignage à l'écrit, en vidéo, en dessin ou en musique (ou autre) à [email protected] Pour ne plus passer sous silence et commencer à préparer une réponse collective ! . #laprecaritétue #burnout #jeunesse #précarité #precaritemenstruelle #suicide #temoignage #etudiant #metroboulotdodo #metroboulotcaveau

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