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La Izquierda Diario
30 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Attentat de Bayonne
Bayonne. "Faire bloc" ? Macron le pompier pyromane veut ressusciter le Front républicain
Gabriella Manouchki

Alors que Macron a volontairement initié et alimenté le débat raciste sur la question du voile, il enchaîne les déclarations visant à se faire passer pour le meilleur défenseur de la communauté musulmane après l’attentat de Bayonne. Sa stratégie : instiguer Marine Le Pen comme sa principale opposante, lui empruntant son programme, pour ensuite la diaboliser et s’opposer comme le seul rempart à l’extrême-droite, tel est l’objectif de Macron. Son objectif : tenter de ressusciter le Front Républicain, qui ne tient plus qu’à un fil.

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 Crédit photo : PHOTOPQR/Sud Ouest 

Des condamnations des plus hypocrites sur Twitter

Suite à l’attentat islamophobe ayant fait deux blessés à la mosquée de Bayonne, Macron s’est fendu d’un tweet des plus hypocrites :
 

 
Ce mardi 29 octobre, Macron a récidivé, affinant ses déclarations. « La République fait bloc autour » des victimes, a-t-il assuré. « Elle fait bloc autour de chacun de ses enfants, lorsque l’obscurantisme et l’intolérance réapparaissent”, a-t-il ajouté adressant une “pensée amicale et républicaine” aux deux septuagénaires touchés. Comme on peut le voir, Macron a repris la même formule que lorsqu’il avait appelé « à faire bloc » contre l’hydre islamiste appelant à la délation après l’attaque contre la préfecture de Paris.
 
Dans la même lignée, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner ont tous deux exprimé leur "soutien à la communauté musulmane". La première ajoute : « Quand une communauté est attaquée, c’est toute la République qui est meurtrie » et le second salue bien sûr « le grand professionnalisme et la réactivité » de la police dans cette affaire.
 
Macron et son gouvernement tentent de se faire passer pour les meilleurs défenseurs de la communauté musulmane, quand ils sont en réalité les premiers responsables du climat islamophobe de ces dernières semaines. En effet, cet acte de violence islamophobe perpétré par un ex-candidat FN ne peut être déconnecté du contexte dans lequel il prend place : celui d’un déchaînement politique et médiatique contre les personnes musulmanes et en particulier contre les femmes voilées, dont le gouvernement estdirectement responsable – et ce malgré qu’il tente de faire porter le chapeau au Rassemblement National uniquement.
 

Un acte islamophobe dans un contexte d’acharnement politique contre les personnes musulmanes

En premier lieu, Macron avait déjà accentué un tournant dans sa politique xénophobe contre les migrants. À la recherche d’une sortie de crise en vue des prochaines élections face à l’insoluble « problème des Gilets jaunes » et au mouvement de grève qui se dessine autour de la date du 5 décembre dans un contexte international des plus explosifs, rappelons d’abord que le gouvernement a volontairement placé la question de l’immigration au cœur du débat. Déjà le 16 septembre, en réunion avec les élus de sa majorité, Macron avait réaffirmé vouloir s’attaquer « aux défis contemporains qui font peur », dont l’immigration, en vue du deuxième acte de son quinquennat. Le chef de l’État expliquait dès lors vouloir monter au créneau sur les sujets régaliens, dont l’insécurité et l’immigration et ce, soi-disant « au nom des classes populaires ». Nous soulignions alors qu’il s’agissait d’un « changement de cap avant tout rhétorique - le gouvernement ayant mené une politique particulièrement répressive à l’encontre des migrants, notamment à travers l’adoption de la loi asile immigration - mais qui traduit la volonté du chef de l’État d’imposer les termes du « débat » pour rejouer son duel avec Marine Le Pen en 2022, tout en coupant l’herbe sous le pied de la droite traditionnelle. »
 
Macron a par la suite surenchéri sur le terrain de l’extrême-droite dans un discours martial contre « l’hydre islamiste », appelant à la délation. Ces déclarations ont rapidement été suivies de mesures annoncées par Castaner, qui a listé les critères de « radicalisation » parmi lesquels figurent le port de « la barbe » et qui ont été distribués notamment dans certaines facs sous la forme d’une « fiche de signalement » dans le but de susciter la délation de comportements exprimant une « radicalisation » supposée de personnes identifiées comme musulmanes.
 
S’en est suivi l’éternel, long et douloureux débat sur le port du voile, porté par tous les médias dominants relayant et alimentant la campagne de stigmatisation islamophobe, contre les musulman-es et surtout les femmes voilées, tenues bien à l’écart des micros et des projecteurs. Il s’agit là de discours qui sont violents en soi, de par ce qu’ils génèrent de stigmatisation et d’exclusion pour des communautés qui sont déjà marginalisées et, à de nombreux égards, opprimées. Mais, en plus, ces discours créent un climat anxiogène et ouvrent la voie aux actes de violence contre ces personnes qui sont de plus pointées du doigt comme étant les responsables de tous les maux . C’est dans ce contexte de déchaînement politique et médiatique que prend donc place l’attentat de Bayonne et, de ce fait, le gouvernement y porte une grande responsabilité.
 

Les réactions du gouvernement dans un contexte de compétition électorale avec le RN

Si le gouvernement compte bien ressusciter le « front républicain » face à « la violence de l’extrême droite », c’est dans l’objectif de rejouer la présidentielle qui a permis à Macron de prendre le pouvoir. Si le Front Républicain avait encore quelques ressorts, le président sortant est bien conscient qu’après une mandature marquée par les Gilets jaunes et une base sociale toujours plus étroite, le danger « Marine Le Pen » est plus fort que jamais.
 
Se délimiter du RN n’est pas une tâche facile pour un parti qui porte un programme qui est dans les faits similaire à celui de l’extrême droite : les lois asile-immigration et anti-casseurs ou encore les projets de réforme des retraites et du chômage et la répression policière déployée à des niveaux record dans les quartiers et contre les militant-es sous Macron sont autant d’expressions du glissement vers un parti de l’ordre ce dernier a opéré sur fond de crise des Gilets jaunes et de saut terrible dans la répression. C’est notamment à ces secteurs du peuple de gauche qui ont rompu avec le PS mais aussi avec Macron qu’il entend s’adresser. Pour préparer le terrain, en déplacement à Mayotte, le président a déclaré la semaine dernière : « Le voile dans l’espace public, ce n’est pas mon affaire ».
 
Mais ces condamnations de façade, alors même que la parole publique et notamment celle de Macron est profondément remise en cause, ne suffiront pas masquer le fond de la politique xénophobe et islamophobe du gouvernement. Cet attentat islamophobe contre une mosquée et la montée du racisme anti-musulman est en définitive le résultat des politiques du gouvernement qui, en œuvrant à la surenchère sur le terrain de l’extrême-droite pour lui couper l’herbe sous le pied, est celle qui ouvre la voie aux terroristes de tout bord, et notamment d’extrême-droite. Plus que jamais, combattre l’islamophobie, c’est combattre les politiques du gouvernement qui font le lit de l’extrême-droite, les politiques qui visent à construire « l’ennemi intérieur » pour mieux diviser le camp des exploités et des opprimés.

 
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