Ce lundi, l’université de Cergy a envoyé un mail et une « fiche de détection » à ses personnels, leur enjoignant de repérer et signaler les « signes de radicalisation » des étudiants et travailleurs qui fréquentent la fac. Si l’université a fini par reculer devant le tollé provoqué par cette publication, cela n’en montre pas moins le climat anti-musulmans qu’essaie d’installer le gouvernement, y compris dans les universités. Nous relayons le communiqué du Poing Levé, organisation étudiante sur Paris 1, anti-raciste, féministe, et anti-capitaliste.
Hier, la publication et la dénonciation par un professeur, d’une « Fiche de détection » produite par l’Université de Cergy pour aider les personnels à repérer les signes de « radicalisation » a suscité un tollé.
L'@UniversiteCergy me fournit un formulaire pour faire remonter les "signaux faibles", dont : absentéisme récurrent : aux heures de prière/le vendredi port d'une djellaba/port de pantalon dont les jambes s'arrêtent à mi-molets port de la barbe sans moustache ... 1/2
... 2/2 apparition du port d'un voile arrêt de consommation de boissons alcoolisées arrêt soudain de consommation de nourriture à base de porc consommation récente de produits hallal arrêt de faire la fête intérêt soudain pour l'actualité nationale et internationale
Parmi les signaux faibles que les professeurs sont invités à détecter : « port d’un voile », « barbe sans moustache », « consommation de produits hallal », « arrêt de la consommation de nourriture à base de porc », ou encore « intérêt soudain pour l’actualité nationale ». Autant de « signes » qui suffiraient à dénoncer comme « radicalisé » un grand nombre d’étudiant.e.s musulman.e.s, et participer à l’instauration et au renforcement d’un climat islamophobe sur nos facs.
Si cette « fiche » a été largement relayée, force est de constater qu’elle n’est que la déclinaison sur une fac de la campagne islamophobe menée depuis plusieurs semaines par le gouvernement, et qui s’est renforcée depuis l’attentat à la Préfecture de Paris. Dans un discours martial, Macron appelait ainsi la semaine dernière les Français à « savoir repérer à l’école, au travail, dans les lieux de culte, près de chez soi, les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent un éloignement d’avec les lois et valeurs de la République ». Christophe Castaner s’empressait ensuite de lister les signes de « radicalisation », tandis que de son côté le Ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer continuait sa campagne d’attaque contre les mères accompagnatrices voilées.
L’ignoble campagne du gouvernement n’est certes que la continuité d’une islamophobie d’Etat alimentée régulièrement par les gouvernements successifs depuis l’Affaire du voile de Creil en 1989. Pourtant, cet appel à la délation déguisée en vigilance constitue une nouvelle étape qui pourrait accélérer les tensions islamophobes dans la société et sur nos facs, un mois après l’agression au couteau d’une femme voilée dans la Loire.
A la « vigilance » à laquelle appelle le gouvernement pour stigmatiser les musulmans, nous devons répliquer par une autre forme de vigilance : savoir repérer les relâchements, les déviations, ces petits gestes qui signalent la mise en place de pratiques racistes sur nos facs - à l’image des professeurs qui ont dénoncé le « fichage » entrepris par l’Université de Cergy.
Nous appelons donc tous les étudiants, BIATSS, professeurs à signaler d’éventuels comportements, pratiques, et mesures islamophobes sur la fac pour pouvoir y répondre collectivement.