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La Izquierda Diario
11 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

SEPTIÈME JOUR DE MOBILISATION
Équateur : une grève générale contre le FMI secoue le pays
Madeleine Freeman

Ce mercredi, des milliers de personnes sont sorties dans les rues pour une septième journée de mobilisation contre les politiques austéritaires du président Lenin Moreno et du FMI. Cette grève, organisée par les populations indigènes avec l’appui des plus gros syndicats ainsi que du mouvement étudiant, a été très durement réprimée par l’armée et la police.

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Crédit photo : DAVID DIAZ ARCOS/BLOOMBERG NEWS

Les grévistes et les militants ont fait savoir qu’ils ne cesseraient pas la grève nationale démarrée ce mercredi tant que Moreno ne rétablira pas les subventions de l’Etat sur les carburants et ne baissera pas le prix de l’essence et du pétrole. La semaine dernière, Lenin Moreno a supprimé les subventions de l’État sur les carburants. En mars dernier, il avait négocié avec le FMI un prêt de 4,2 milliards de dollars censé résoudre la crise équatorienne. Toutefois, la colère n’est pas dûe qu’à l’augmentation de l’essence. Depuis son investiture, Moreno a mis en place des mesures d’austérités, baissant les budgets des programmes sociaux ainsi que les salaires du secteur public, augmentant de fait le coût de la vie. Cela a eu un impact négatif sur les conditions de vie de milliers de travailleurs équatoriens.

Moreno affirme que ces mesures sont essentielles pour résoudre la dette de 3,6 milliards de dollars contractée par l’Equateur, en insistant sur le fait que tout le monde doit faire des sacrifices pour le pays – tout le monde, sauf les plus riches, à qui Moreno a supprimé l’impôt sur la fortune et a fait de nombreux cadeaux en étant le fer de lance de politiques contre les travailleurs. Le soulèvement actuel est le résultat de plusieurs années de frustration dûes au néolibéralisme de Moreno ainsi qu’à l’ingérence étrangère. Les mobilisations contestent frontalement l’autorité du FMI, responsable de l’austérité, des phénomènes autoritaires et de la violence dans le « Sud » global et au delà. Dans son appel pour la grève nationale, Mesias Tatamuez, la tête de file du syndicat Front Uni des Travailleurs, a déclaré : « Ce que le gouvernement a fait, c’est récompenser les grandes banques, les capitalistes, aux dépends des pauvres équatoriens... Nous appelons tous ceux contre le FMI, responsable de la crise actuelle, à rejoindre cette grève. »

En préparation à la mobilisation nationale, plus de 6000 manifestants indigènes (membres du CONAIE, c’est à dire la Confédération des Nations Indigènes d’Equateur) ont marché depuis leurs communautés jusqu’à la capitale, Quito, afin de rejoindre les milliers de manifestants dans des marches protestataires. Ils ont réussi à dépasser les cordons de militaires qui bloquaient l’entrée de la ville, et se sont dirigés vers le palais présidentiel afin d’y installer un camp prévu pour organiser des rassemblements et donner des conférences. Ils exigent la fin de la hausse de l’essence, qui a eu un impact très fort sur les communautés indigènes, faisant monter le prix des biens de consommations devant être transportés par camion hors des grandes villes.

Vidéo montrant les activistes indigènes et étudiants occupant le bâtiment de l’Assemblée Nationale à Quito.

A Quito, les travailleurs, les indigènes et les étudiants ont tenu plusieurs rassemblements et manifestations dans la journée de mercredi. Les mobilisations qui avaient débutés à partir d’une colère contre la hausse du prix de l’essence sont passées à la vitesse supérieure, demandant la démission de Moreno et la mise en place de politiques économiques en faveur des travailleurs et des communautés indigènes.

En même temps que les revendications de la population s’étendent, les réponses du gouvernement se font de plus en plus violentes. Alors que plusieurs manifestations des syndicats de travailleurs se sont déroulé assez calmement à travers Quito, d’autres manifestations plus spontanées sont entrées dans des affrontements violents contre la police et l’armée. Les manifestants ont investi des bâtiments officiels et ont réquisitionnés des véhicules militaires, mettant au défi l’arsenal militaire installé dans la ville.

Malgré que Moreno ait déclaré l’état d’urgence, mettant en place un couvre-feu, censurant la presse, interdisant les rassemblements devant les bâtiments officiels et autorisant l’armée et la police à prendre « en main » la situation comme ils l’entendent, les manifestations continuent d’avoir lieu. La semaine dernière, des militaires sont entrés dans plusieurs communautés indigènes et ont lancé des grenades lacrymogènes dans les foyers. Lors de la grève de mercredi, les manifestants équipés d’armes faites à la main ont été réprimés à coups de gaz lacrymogènes, de canons à eau et de matraques. La semaine dernière, une centaine de personnes ont été retenues prisonnières pendant plusieurs heures dans le sous-sol du Parlement après avoir tenté d’entrer dans le batiment.

A Quito, comme dans les autres endroits du pays, les entreprises, les écoles ainsi que les transports publics ont été fermé ce mercredi et continueront de l’être toute la durée de la grève. Le pays est paralysé par la mobilisation de la population équatorienne. Face à cette situation, Moreno, qui a été obligé de quitter la capitale quelques jours plus tôt, est revenu pour organiser des rencontres avec les représentants des groupes participant aux manifestations.

Même si la grève a lieu principalement à Quito et dans d’autres grandes villes, les actions continuent dans tout le pays. De longs pans d’autoroute ont été bloqués par des manifestants, court circuitant les affaires des compagnies transportant le pétrole à travers le pays. Dans certaines provinces, des groupes pour les droits des communautés indigènes ont occupé des batiments du gouvernement et ont séquestré des policiers et soldats entrés illégalement sur le sol indigène. Les manifestants ont même perturbé la production d’un des principaux extracteurs de pétrole de l’Équateur, ralentissant ainsi les profits des capitalistes de la région.

Dans la ville de Guayaquil, où Moreno s’est refugié pendant quelques jours pour fuir la colère, le maire a appelé à réprimer la population mobilisée, encourageant aussi les habitants de la ville à aller se battre contre les manifestants pour rétablir l’ordre.

A Cuenca, des milliers d’étudiants sont descendus dans les rues pour demander la fin de la réduction du financement de l’éducation ainsi que celles d’autres mesures austéritaires. Ils ont été attaqué par la police et l’armée alors qu’ils manifestaient dans les rues de la ville.

 
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