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La Izquierda Diario
9 de août de 2019 Twitter Faceboock

Cheminots, usagers, même combat pour le service public – Partie 17
« Racketteur 1er prix » ou les nouvelles « missions » des contrôleurs SNCF
Correspondant-e cheminot-e

Dans le cadre de la campagne que nous menons en défense du service public ferroviaire, aujourd’hui nous abordons le métier de « contrôleur », au cœur des transformations de l’entreprise et qui a un impact direct sur les usagers.

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ASCT, Agent du Service Commercial des Trains, Chef de bord, Commercial à bord, Commercial en ligne... autant de noms donnés pour le métier plus connu de tous sous le nom de contrôleur.

Il y encore quelques années notre métier était régit par la règle des « 4 S » ce qui signifiait, par ordre d’importance et de priorité :
1) Sécurité, c’est à dire s’assurer que les trains circulent sans danger.
2) Sureté, que le voyage des usagers se passe en toute quiétude.
3) Service, aider ou renseigner les voyageurs durant leurs trajets.
4) Sauvegarde des recettes, permettre aux usagers d’acheter leurs titres de transports ou de les régulariser.

Il fut un temps où les trois premiers S étaient encore au centre des préoccupations. Malheureusement ce temps est bel et bien derrière nous maintenant, et encore plus depuis la reforme ferroviaire du printemps 2018.

Comme la direction de la SNCF estime que mettre du personnel dans un train coûte cher, elle essaie de supprimer le personnel à bord des trains, principalement sur les TER régionaux. La première chose en ce sens est la mise en place de plus en plus systématique de l’EAS (équipement agent seul), ce qui revient à concrètement supprimer les ASCT à bord des trains, et à laisser le conducteur tout seul face à des éventuels problèmes qui pourront subvenir lors d’un trajet, par exemple, alerter une gare sur un éventuel retard afin d’assurer une correspondance, et qu’il ne pourra surtout pas régler car il sera occupé à… conduire le train ! Cela veut dire que le voyageur doit se débrouiller seul pour se renseigner sur son parcours, pour d’éventuels problèmes à bord comme des agressions, ou pour avoir un quelconque renseignement, ce qui, de facto supprime évidemment ces fameux trois premiers S. Dans ces trains, les voyageurs sont donc livrés à eux-mêmes avec pour seule aide une affiche avec un numéro de téléphone.

La SNCF est en pleine transformation et tout y passe, créant ainsi des nouvelles règles pour tous, qui vont affecter aussi bien les cheminots que les usagers. Pour montrer symboliquement ces transformations, en interne, les cheminots deviennent des « collaborateurs » et, en externe, les usagers deviennent des « clients ».

Le rêve d’une SNCF qui se soucie des attentes et du bien-être des usagers, ainsi que des cheminots, est totalement dépassé. Aujourd’hui l’objectif est de devenir rentable et remplir les caisses. Pour cela, le mécanisme est simple : augmentation des tarifs, régularisation à bord des trains automatiquement plus cher, nettement moins de personnel en gare ou même à bord.

Concernant notre métier d’ASCT (Agent du service commercial à bord des trains), il ne reste donc plus que le dernier S, correspondant à « Sauvegarde des recettes », devenu l’unique priorité de nos dirigeants. Forcément, en multipliant les circulations sans contrôleurs la fraude augmente, mais plutôt que remettre en cause sa politique désastreuse, la direction persiste et signe en mettant en place de nouveaux types de contrôle. La modification des méthodes de travail que la direction veut nous imposer est palpable. C’est ainsi que nous avons vu naître la LAF (Lutte Anti-Fraude) évidemment tres largement encouragée par nos dirigeants. On nous force à devenir les « racketteurs » de service, alors que notre métier, à la base, consiste surtout à assurer que les usagers puissent voyager en toute sécurité. Les « racketteurs » ont des objectifs chiffrés concernant leurs « recettes », des sanctions à l’encontre des collègues ne remplissant pas ces objectifs sont mêmes tombées dernièrement... Les contrôleurs sont ainsi utilisés de plus en plus souvent à quai pour effectuer des opérations de contrôle à la montée et à la descente des trains ou sous forme de brigade de contrôle ou encore, dernière aberration, à des opérations de contrôle en civil à bord des trains afin de traquer au mieux les éventuels « méchants fraudeurs ». Le salaire se réduit pour ces contrôleurs et les formations ne sont plus complètes en termes de Sécurité des circulations.

Mais depuis le 20 mars 2019, nous avons franchi un nouveau pas. Pourquoi depuis cette date ? Car c’est le jour de l’arrivée d’un nouvel outil de contrôle dénommé « Cosmo » et avec lui la mise en place des « Nouvelles règles de régularisation à bord des trains ». Avant le débarquement de cet appareil cosmique, nous avions la possibilité d’établir un billet au tarif dit « guichet » pour les usagers n’ayant pas pu se procurer d’un titre de transport en gare. Mais avec la mise en place de l’outil Cosmo, cela n’est plus possible. Il n’est donc plus possible d’acheter un billet au prix normal dans un train. Même si vous êtes de bonne foi, il faut d’abord payer avec une majoration puis vous devrez prouver votre honnêteté, effectuer des démarches via le Service Après-Vente en ligne ou par téléphone pour espérer un remboursement, qui n’arrive que très rarement. Aux oubliettes l’aspect humain ou même le bon sens, il faut payer le prix fort. La mise en place de cette nouvelle façon de faire est d’autant plus perverse qu’elle s’accompagne de la suppression de guichets et points de vente dans de nombreuses gares, et donc l’impossibilité pour de nombreux usagers de se procurer un billet avant de monter dans le train… Cela veut donc dire que le prix du billet sera automatiquement majoré. Ainsi, un billet qui devrait coûter autour de 3,70 euros en temps normal, reviendra jusqu’à 10 euros s’il est acheté à bord. Si dans votre gare, les guichets sont supprimés, alors tant pis pour vous. Voilà les nouvelles méthodes de la SNCF.

Une mobilisation commune, cheminots et usagers, pour défendre un service public de qualité et accessible à tous et toutes

Les transformations de la SNCF concernent aussi bien les cheminots que les usagers, donc la mobilisation pour contester cette politique orchestrée de casse du service public doit être commune.

Avec la mobilisation contre la réforme de retraites que nous prépare le gouvernement pour les mois qui viennent, nous avons intérêt à remettre également sur la table l’abrogation de la réforme ferroviaire du gouvernement Macron, mais aussi à se questionner sur les conséquences de cette réforme : la disparition définitive d’un véritable service public de qualité. Cette "réforme", on le voit bien au travers de cet article, entérine une baisse de la sécurité, de la fréquence, de la ponctualité, de l’accessibilité avec la fin des guichets, bref de la qualité générale de l’offre de transport, pour accentuer les mesures répressives avec la lutte anti-fraude et la transformation des missions des agents des gares et des trains.

L’urgence écologique devrait nous faire réfléchir, en tant qu’habitants responsables et solidaires, à réorienter les moyens financiers mis dans cette logistique humaine et matérielle (portiques, tourniquets, etc.) vers un service public qui soit pensé réellement en l’intérêt des millions d’usagers qui prennent le train chaque jour, et non pas pour remplir les poches de certains, les mêmes qui sont par ailleurs en train de mettre en œuvre la privatisation et la destruction du chemin de fer. Parce que contrairement à la propagande qu’aime bien faire la direction de l’entreprise et les gouvernements respectifs, le service public n’est pas fait pour faire du profit mais plutôt pour offrir un service indispensable à l’ensemble des usagers. Il devrait ainsi être accessible à tous et toutes et donc gratuit, pour que ceux qui ont des emplois précaires, ceux qui sont au chômage, mais aussi la jeunesse scolarisé et souvent précaire, puissent voyager dans de bonnes conditions et avec un impact environnemental réduit.

C’est cette perspective que nous voulons défendre, et que seule une mobilisation commune, cheminots et usagers, peut mettre sur la table du débat public, en portant le nécessité du contrôle des cheminots et usagers, c’est-à-dire les principaux concernés, sur la gestion du transport ferroviaire et du chemin de fer.

👉 Participez à la campagne de Révolution permanente :

N’hésitez à nous envoyer votre propre témoignage, que vous soyez cheminot ou usager, sur les conséquences de la réforme ferroviaire dans vos régions et métiers respectifs pour ce qui est des cheminots : [email protected]

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