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28 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Européennes
Grèce. La défaite de la politique néolibérale de Syriza prépare le retour de la droite
Philippe Alcoy

De néoréformiste à néolibéral, Syriza compte sans doute ses dernières semaines au pouvoir après l’échec cuisant des élections européennes et locales. Cependant, c’est la droite conservatrice qui en tire profit.

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Crédits photo : AFP / Sakis MITROLIDIS

Les élections européennes et locales qui se sont déroulées en Grèce ce 26 mai avaient un certain goût de référendum sur la politique de l’actuel gouvernement d’Alexis Tsipras de Syriza. Ce parti est arrivé au pouvoir en 2015 à la faveur de l’énorme crise économique, politique et sociale qui a secouée la Grèce depuis au moins 2010. Cependant, une fois au pouvoir Syriza a abandonné ses discours « anti austérité », ses promesses de « mesures sociales » et a adopté une politique ouvertement néolibérale et austéritaire, en total accord avec les bailleurs de fond du pays (notamment UE et FMI), qui avaient imposé des conditions de vie très dures aux classes populaires du pays.

C’est cette politique qui a été en très grande partie sanctionnée dans les urnes. Et c’est Tsipras lui-même qui a fait question de ces élections une sorte de référendum sur sa politique. Pour tenter de renverser les tendances que les sondages prédisaient, le gouvernement a même annoncé, trois semaines avant le vote, des mesures fiscales en faveur des plus démunis, essayant ainsi « d’acheter » les voix de l’électorat populaire.

Mais cela n’a pas marché et la sanction a été violente : les conservateurs de Nouvelle Démocratie (ND) ont récolté 33% des voix et Syriza moins de 24%. Un écart de plus de 9% de voix, bien au-delà de ce que les sondages prédisaient (entre 5% et 8% d’écart). En outre, dans les élections locales la droite a également gagné dans presque tout le pays.

Face à cette dure défaite, Tsipras a annoncé la convocation d’élections anticipées qui auront lieu fin juin ou début juillet. Ainsi, alors que Syriza espérait être le premier parti à aller jusqu’au bout de son mandat en Grèce depuis le début de la crise économique internationale, le pari est raté.

Il s’agit d’un échec non seulement pour un parti particulier, mais aussi de l’échec de la politique des partis dits « néoréformistes » qui ont émergé au cours de la crise mondiale, notamment en Europe. Ces partis qui promettaient lutter contre les mesures d’austérité dictées par les marchés internationaux, par les organisations financières internationales et appliquées par les gouvernements néolibéraux et le patronat locaux, ont montré le caractère néfaste de leur politique et de leur stratégie de conciliation de classes. Syriza est en ce sens l’exemple le plus cru d’une « normalisation » accélérée une fois au pouvoir, qui a conduit l’organisation qui incarnait « l’espoir » de millions de personnes d’enfin en finir avec les injustices sociales à devenir un agent direct de l’application des politiques néolibérales.

Mais Syriza n’a pas seulement contribué à mettre en place ces politiques antipopulaires et à aider les capitalistes grecs et européens à renouer avec leurs profits. Tsipras et son parti ont été fondamentaux pour recomposer le régime politique et le bipartisme bourgeois grec. Ainsi, même si Syriza a perdu ces élections, l’échiquier politique grec est clairement polarisé avec les conservateurs de ND. L’écart entre ces deux partis et le reste est énorme ; Syriza ayant réussi à aspirer une très grande partie de l’électorat du centre-gauche.

Par ailleurs, la politique internationale de Syriza, notamment dans la région des Balkans, a permis un renforcement des tendances nationalistes. En effet, la politique d’humiliation et de marchandage pro-impérialiste menée par Tsipras autour de la question du changement de nom de la Macédoine (forcée à se rebaptiser « Macédoine du Nord »), a réveillé un mouvement nationaliste réactionnaire d’opposition à ces soi-disant « concessions » à la Macédoine.

C’est sur cette base qu’une partie importante du mécontentement envers le « néolibéralisme à la Syriza » a pu être capitalisé par la droite et même une nouvelle formation d’extrême-droite.

De façon regrettable, face à cette politique du gouvernement de Tsipras désastreuse pour les travailleurs, les jeunes et les classes populaires, les courants anticapitalistes comme Antarsya ont été incapables d’apparaître comme une alternative ; leurs résultats aux élections ont ainsi été catastrophiques. Pourtant c’est une dure tache de construction d’une alternative de classe, révolutionnaire en lutte contre les capitalistes et toutes les oppressions qui apparaît aujourd’hui centrale pour les travailleurs et les classes populaires face aux politiques d’austérité et de conciliation avec les classes dominantes. Autrement, ce seront des courants de plus en plus réactionnaires qui capitaliseront le profond mécontentement populaire.

 
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