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La Izquierda Diario
17 de mai de 2019 Twitter Faceboock

6 mois de lutte !
Gilets jaunes. Un acte 27 contre la répression de l’État, policière et judiciaire
Gabriella Manouchki

À l’occasion de l’anniversaire des 6 mois du mouvement des Gilets jaunes, la mobilisation du 18 mai contre la répression policière et judiciaire appelée par l’Assemblée des assemblées de Saint Saint-Nazaire début avril est plus que jamais d’actualité. Bilan sur la répression d’État organisée contre les Gilets jaunes et, à travers eux, contre celles et ceux qui ne peuvent ni ne veulent vivre dans cet ordre établi et qui continueront de lutter même au péril de leur vie.

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Crédit photo : Felipe Barrientos

Depuis le 17 novembre, des centaines de milliers de personnes se sont rencontrées pour prendre les ronds-points puis la rue, se sont indignées et se sont battues. Aujourd’hui plus que jamais, face à cette force opposée au gouvernement, les discours sur le fameux « essoufflement » du mouvement pullulent dans les médias bourgeois qui voudraient faire passer la diminution du nombre de personnes dans la rue le samedi pour la confirmation de l’échec du mouvement, qu’ils attendent depuis si longtemps. Comme s’il ne s’agissait que d’un divertissement un peu lassant voué à disparaître aussi vite qu’il est apparu, d’une récréation qui aurait assez duré pour les « enfants de la République ».

Ce genre de discours, s’il reflète une partie de la réalité qu’est la diminution du nombre de personnes et des actions de rue moins spectaculaires qu’au début du mouvement, masque la politique répressive de l’État visant à asphyxier le mouvement par les tirs tendus de gaz lacrymogènes, de grenades et de flashball. Par les coups de matraques et les menaces de mort.

En effet, si nous avons beaucoup appris au cours du mouvement, la police elle aussi s’est perfectionnée : nouvelle loi et nouvelles milices « anti-casseurs », nouvelles armes, nouveaux dispositifs répressifs et nouvelles tactiques - telle que pour la BAC le « vol systématique de banderole à main armée » comme on peut le voir par exemple à Toulouse. Les blessés signalés sont plusieurs milliers et Zineb Redouane a été tuée à sa fenêtre par un tir de gaz lacrymogène. Pour ce qui est des mutilations définitives, David Dufresne décompte 286 blessures à la tête et le collectif contre les violences d’État Désarmons-les a recensé 24 personnes ayant perdu l’usage d’un œil, 5 personnes qui ont eu la main arrachée et 1 personne qui a définitivement perdu l’audition. Le climat de terreur est en place, et il ne s’arrête pas à la rue.

Dans les tribunaux le mardi et le mercredi, on voit bien ce qu’il y a dernière le sombre euphémisme de « l’essouflement » : chaque semaine, toujours plus de comparutions immédiates aux motifs toujours plus ridicules, toujours plus de Gilets jaunes en prison, en sursis ou interdits de manifester. Il y a un mois, au moment de l’appel de Saint-Nazaire à manifester contre la répression, les Gilets jaunes rappelaient les chiffres glaçants de la répression judiciaire du mouvement : 8700 gardes à vue, 2000 procès dont 1500 comparutions immédiates, près de 40% de peines de prison fermes, plus de 400 mandats de dépôt. Il y a beaucoup trop de voix qu’on n’entend plus chanter dans les manifs, parce qu’elles sont bien gardées entre les quatre murs d’une prison. On prend des mois d’incarcération pour une insulte ou pour un palet de lacrymo renvoyé à son expéditeur. On prend sursis et amende pour dissimulation du visage. Et voila qu’Odile Maurin, Gilet jaune toulousaine toujours en première ligne de la lutte, attend son procès pour « violences » envers des policiers « avec usage et menace d’une arme » - à savoir son fauteuil roulant - et « entrave volontaire à l’arrivée des secours » - qui ne seraient autre que le canon à eau de la police. On croit rêver.

Impunité policière

Malgré l’ampleur du phénomène de répression mais sans grande surprise, quand ils sont interrogés au sujet des personnes blessées par la police, on voit que les membres du gouvernement nient la réalité pourtant scientifiquement établie, tant par des médecins que par le travail de collectifs ou journalistes indépendants. Dans le discours dominant, celui du gouvernement, les violences de la police sont sans cesse renvoyées dos à dos avec les prétendues violences des manifestants. Mais qui est encore dupe face à ce discours à l’heure où l’affaire Rémi Fraisse, assassiné par la police en 2014, se termine en 2019 par un « non-lieu » pendant que les Gilet jaunes sont condamnés à de la prison ferme en comparution immédiate ? Il est désormais clair que cette justice de classe, révélée aux yeux de tous par le mouvement des Gilets jaunes, est nécessaire au maintien du système en place et ne sera pas renversée par des enquêtes IGPN.

Le 18 mai dans la rue contre la répression policière et judiciaire !

Pour en finir avec la répression d’État, organisons-nous et prenons la rue ce samedi autour des mots d’ordre de la justice et de la vérité pour toutes les personnes victimes de violences policières et de l’amnistie pour tous les Gilets jaunes condamnés ou inculpés. Mais c’est aussi aux organisations, syndicales et politiques de se positionner enfin fermement contre cet État de plus en plus autoritaire et d’appeler à combattre frontalement cette escalade répressive, à un moment où la répression des ouvriers combatifs fait aussi rage dans les entreprises, comme c’est le cas d’Eric ou de Renald, menacés de licenciement par la SNCF.

Nous reproduisons ci-dessous l’appel à manifester de l’Assemblée des assemblées de Gilets jaunes qui s’est tenu le à Saint-Nazaire.

« Depuis 5 mois, la répression policière et judiciaire contre le mouvement des Gilets jaunes est gigantesque. Nous comptons des milliers de blessés, 22 personnes éborgnées, 5 mains arrachées et une personne tuée. Les violences policières qui mutilent et qui tuent sont un acte d’intimidation politique, elles cherchent à nous terroriser pour empêcher d’agir : elles constituent un crime d’État. Pour justifier ce crime, le gouvernement, avec l’appui de certains médias, criminalise toutes celles et ceux qui contestent sa politique. La répression judiciaire prend la suite des violences policières pour étouffer le mouvement : 8700 gardes à vue, 2000 procès dont 1500 comparutions immédiates, près de 40% de peines de prison fermes, plus de 400 mandats de dépôt.

Ce que nous vivons aujourd’hui est le quotidien des quartiers populaires depuis des décennies. Maintenant, l’autoritarisme se généralise à toute la société.
Nous, Gilets jaunes réunis en Assemblée des Assemblées à Saint-Nazaire, appelons à un énorme acte national samedi 18 mai partout en France, à l’occasion de l’acte 27.

Nous exigeons :

  •  L’annulation des peines des milliers de prisonniers et condamnés du mouvement des Gilets jaunes et de toutes les autres luttes criminalisées.
  •  L’annulation des poursuites qui pèsent sur les personnes accusées et inculpées.
  •  La défense des libertés publiques et des droits fondamentaux.
  •  La reconnaissance des centaines de personnes enfermées, dans le cadre des Gilets jaunes, des quartiers populaires et de toutes les luttes défendant le bien commun, comme les prisonniers politiques.
  •  L’interdiction immédiate du LBD 40 et des grenades offensives.

    Nous devons résister de toute notre force contre cet autoritarisme !
    Nous appelons au renforcement et à la constitution des cagnottes de soutien existantes, et des groupes de soutien juridique. Nous appelons à la constitution d’une plate-forme nationale pour recenser les cas de répression judiciaire, soutenir les inculpés, les prisonnières et prisonniers. Nous appelons au partage de tous les savoirs pour se défendre face à la répression policière et judiciaire.

    Samedi 18 mai, retrouvons nous partout pour manifester et nous rassembler devant les tribunaux et les prisons ! Retrouvons-nous pour exprimer toute notre solidarité avec nos blessés, nos condamnés et leur famille.

    Les Gilets jaunes de l’Assemblée des Assemblées appellent aussi à participer à la manifestation du 13 avril pour le retrait de la loi « anticasseurs ».

    Cet appel sera partagé et transmis dans les groupes, les ronds-points et les assemblées générales locales pour qu’ils se l’approprient et le fassent vivre s’ils le souhaitent ! »

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