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La Izquierda Diario
14 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Casse de la fonction publique
Macron veut augmenter le temps de travail des fonctionnaires sans augmenter leur salaire
Léa Luca

La loi de réforme de la fonction publique ouvrant une offensive sans précédant sur les fonctionnaires et leur statut, prévoit une augmentation du temps de travail pour les fonctionnaires territoriaux et une partie des fonctionnaires d’État.

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Crédits photo : T. Nectoux/Gamma Rapho

Fonction publique : l’offensive est lancée

Après avoir détruit le code du travail, Macron passe au public. Lundi 13 mai, quelques jours après la journée de mobilisation nationale de la fonction publique, le projet de loi passait pour la première fois devant l’assemblée. Alors que les Gilets jaunes qui manifestent depuis 26 semaines revendiquent au nombre de leurs priorités le renforcement des services publics, c’est l’exact inverse qu’entreprend le gouvernement : continuer à détruire le service public, et les conditions de travail de ses agents. La loi sur la fonction publique constitue ainsi une véritable machine de guerre contre les fonctionnaires et leurs acquis sociaux. Si le gouvernement prétend ne pas remettre en cause le statut, pour tenter d’éviter une mobilisation d’ampleur, la loi pose bien les bases d’un démantèlement du statut des fonctionnaires, notamment via le recours massif aux contractuels (en CDI, CDD ou CDD projets…) et à l’externalisation de secteurs entiers. Contractualisation massive, précarisation, suppression d’instances représentatives du personnel, nouvel arsenal répressif : après les cheminots, c’est les fonctionnaires que Macron compte bien écraser et mettre au pas.

Les 120 000 suppressions de postes confirmées par le gouvernement

Annoncé depuis des mois, l’objectif du gouvernement est clair : supprimer 120 000 postes de fonctionnaires d’ici 2022 et réduire les coûts à tout prix. À ce sujet, si Macron, face à la pression des Gilets jaunes, avait prétendu renoncer à ces suppressions de postes lors de sa conférence de presse post Grand débat, il n’aura pas fallu longtemps au gouvernement pour revenir à la charge. Dans la foulée de l’ouverture de l’examen de la loi au parlement, Bruno Le Maire, ministre de l’économie a confirmé mardi la volonté d’atteindre les 120 000 suppressions.

A ces fins, les voies sont multiples. Outre le recours accru aux contractuels, la réforme entend organiser une fuite des titulaires, via un plan de départs « volontaires » rebaptisé « sécuriser les transitions professionnelles », mettant en place des indemnités de départ volontaire, des facilitations de détachement vers le privé, la possibilité d’obtenir un congé de transition professionnelle, la possibilité de rupture conventionnelle pour les CDI.

Le temps de travail des fonctionnaires dans le viseur

Pour atteindre cette colossale réduction du nombre de postes, le gouvernement entend également passer par une augmentation de la charge de travail. Ainsi les députés de la majorité présidentielle ont déposé ce lundi un amendement au projet de loi, pour venir encore l’empirer. L’amendement prévoit d’augmenter le temps de travail des fonctionnaires territoriaux et de certains fonctionnaires d’État. Il s’agit selon les mots d’Olivier Dussopt dans une interview pour Les Echos, d’ « harmoniser » le temps de travail des fonctionnaires à 35 heures : « Concernant la fonction publique territoriale, où la durée moyenne de travail est inférieure à 1.607 heures, nous proposons deux dispositions : la première consistera, pour les collectivités qui avaient maintenu un régime particulier, à abroger cette disposition pour revenir à la durée légale des 1.607 heures, par exigence d’égalité de l’ensemble de la fonction publique ; et un décret harmonisera à compter de l’an prochain la durée des congés pour motifs familiaux dans les trois versants de la fonction publique. »

Le gouvernement et sa majorité se basent pour cela sur un opportun rapport de l’inspection générale des finances commandé par Gérard Darmanin il y a quelques mois, stipulant qu’il y a « 190 000 agents pour qui on n’explique pas pourquoi ils travaillent moins. […] C’est une question d’égalité entre Français. » Une rhétorique se basant en creux sur le discours bien rôdé des gouvernements successifs – pour mieux les attaquer – des fonctionnaires assistés et fainéants. Or – et au-delà du fait qu’on ne puisse que trouver aberrant d’augmenter le temps de travail et supprimer des postes, tout en prétendant chercher à réduire le chômage – d’une part de nombreuses enquêtes ont montré que les fonctionnaires travaillent bien plus que 35 heures par semaine. Quant à l’augmentation du temps de travail pour les fonctionnaires territoriaux, d’autre part, le fait que dans certaines localités certains fonctionnaires travaillent moins que 35 heures, relève d’accords négociés localement par les syndicats. Or, ces dérogations correspondent à des compensations liées à la pénibilité de certains métiers, des rythmes de travail en décalé, astreintes, etc. Dans d’autres cas, ces dérogations ont été négociées en échange d’heures supplémentaires ou de primes que les collectivités territoriales n’ont pas payées à leurs travailleurs ! Non content de briser ces accords en toute injustice, Macron et sa majorité ne comptent pourtant pas augmenter le salaire de ces travailleurs ou leur donner la moindre compensation financière, comme le secrétaire d’État Olivier Dussopt le précise bien dans Les Échos.

Une première date de mobilisation a eu lieu le 9 mars, dans un contexte de mobilisation des Gilets Jaunes déjà inscrit dans la durée. Désormais pour obtenir le retrait le retrait de cette loi et de toutes les autres contre-réformes de Macron, il s’agit de construire une mobilisation d’ampleur, à la base et par la grève reconductible pour imposer un rapport de force à même de défaire Macron et son gouvernement.

 
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