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La Izquierda Diario
16 de avril de 2019 Twitter Faceboock

Instrumentalisation
Après l’incendie de Notre-Dame, l’unité nationale ?
Alberta Nur

Le lundi 15 avril, aux environs de 19h, la très célèbre cathédrale de Notre-Dame de Paris s’est embrasée. Au même moment, E.Macron devait faire une allocution réponse au grand Débat. Devant ce triste spectacle, l’allocution est annulée et le pays semble être en pause : un moment « d’unité nationale ? »

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Personne ne peut se réjouir d’un tel incendie, de la destruction d’un monument âgé de plus de 800 ans, qui fait partie de patrimoine culturel de l’humanité. Et comme le disait le poète, L.Aragon « Qui n’a pas vu le jour se lever sur la Seine, ignore ce que c’est que ce déchirement, quand prise sur le fait la nuit qui se dément, se défend... se défait les yeux rouges, obscène, et Notre-Dame sort des eaux comme un aimant. »

Après avoir annulé son allocution, Macron s’est rendu sur le parvis de la cathédrale, où il a exprimé, avec tout l’arsenal médiatique nécessaire, sa « peine », mais également tenté de fédérer autour d’un sentiment de tristesse patriotique. Lorsqu’il déclare : « Nous reconstruirons Notre Dame », de quel « nous » Macron parle t-il ? On peine à croire qu’il s’adresse aux travailleurs et travailleuses qui vont oeuvrer à la reconstruction de la cathédrale. De plus, tenter de réunir autour d’une tristesse alors même que le gouvernement en ce moment de crise politique, est autant à deux doigts de s’enflammer plus fort encore que la cathédrale lundi soir.

Le monde politique et des affaires s’affolent et se solidarisent. Une contribution nationale à été ouverte, alors même que les coupes aux budget de la culture sont systématiques depuis une dizaine d’années. De plus, si le patrimoine culturel nous appartient à tous, il n’est pas accessible pour autant à tout le monde de la même manière. La plupart des grands monuments et musées ont des entrées payantes et souvent onéreuses, ce qui rend l’accès à la culture difficile pour la grande majorité, qui plus est du fait que les monuments et œuvres historiques sont concentrés dans l’agglomération parisienne. On peut se demander à qui profite ce patrimoine culturel, qui pourtant est le fruit d’un travail collectif et humain, qui devrait appartenir aux travailleurs et travailleuses qui ont oeuvré à sa construction et dont seuls peuvent jouir une minorité pour le moment.

La manœuvre politique est à ce titre très grossière, et pleine de cynisme. En mobilisant les affects de tristesse pour en faire un pathos patriotique, qui vise en dernière instance non seulement à faire taire le conflit social – tous ceux qui ne sont pas dans l’unité de la tristesse étant des ennemis de la culture. Il s’agit de faire passer les Gilets Jaunes, et tout ceux qui continueraient de manifester, pour des ennemis de la culture, alors que c’est bien du fait de l’appropriation privée de la culture par la bourgeoisie que la majorité se voit fermer les portes des musées et monuments.

Aussi, derrière l’imposante cathédrale, Macron entend cacher les conflits de classe qui traversent la culture. L’unité, certes, mais celle de nos rangs, de notre classe, derrière notre histoire et notre patrimoine, qui est celui de l’humanité, et pas celui d’une minorité de parasites.

Car lorsque Lagardère et Pinault jouent aux grands seigneurs en proposant 300 millions de dons, encore faut-il demander d’où vient l’argent, et au nom de quoi il est employé ? Cet argent, il est volé aux travailleurs et travailleuses. Les grandes fortunes peuvent bien prétendre ce qu’ils veulent, il ne leur appartient pas.
Beaucoup de moyens sont ainsi développés pour la reconstruction de Notre-dame, et nombreux sont ceux qui soulèvent l’ironie de la situation lorsqu’on regarde les quartiers historiques de Marseille, ou encore Perpignan s’effondrer sans soulever ni indignation ni fonds. La question n’est pas de hiérarchiser les différentes villes et monuments, seulement de rendre compte de la destruction en cours du patrimoine culturel de l’humanité, et du fait qu’une minorité s’arroge le droit de décider des priorités au gré de ses intérêts privés. La culture, comme la politique, doit être l’affaire de toutes et tous : jeunesse, femmes, minorités de genre et de race, classes populaires, travailleuses et travailleurs. Tout ce qu’ils ont, ils l’ont volé – et Notre-Dame ne fait pas exception.

 
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