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La Izquierda Diario
25 de février de 2019 Twitter Faceboock

Soirée-débat "les femmes en première ligne" avec Andrea d’Atri
Fernande, ex-gréviste d’Onet : "Avant je n’osais pas prendre un micro, et là je suis devant vous"

Fernande, gréviste victorieuse d’ONET, a raconté à la soirée-débat "les femmes en première ligne" avec Andrea D’Atri, qui a réuni 350 personnes ce vendredi 22 février, comment l’expérience de lutte de 45 jours contre ONET et la SNCF l’a transformée.

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Intervention de Fernande Bagou, ex-gréviste d’Onet, à la soirée-débat "Les femmes en première ligne" ce vendredi 22 février qui a réuni 350 personnes autour de la venue d’Andrea d’Atri et de la publication en français du livre Du Pain et des Roses.

« Comme elle a dit, je n’ai plus à me présenter, donc c’était pour vous remercier d’être venus nombreux et c’est un plaisir pour nous les ex-salariées d’Onet d’être parmi vous ce soir et pour vous expliquer les expériences qu’on a vécues avec Onet. Vous le savez, Onet est une boîte qui a pris le marché chez nous, mais il faut dire que c’est une grande entreprise dans le monde entier et c’est aussi le plan national la grande boîte. La grève a été vraiment très difficile pour nous. Dès le départ on ne pensait pas qu’on pouvait y arriver, mais je pense que c’est l’organisation qui a fait qu’on est allé plus loin avec cette grève, parce qu’il faut dire que dans cette grève dès le départ c’était les hommes qui étaient au devant de cette grève. Mais à un moment donné, nous les femmes on a pris le flambeau.

Comment notre grève s’est-elle déroulée ? Chaque matin on reconduisait la grève, on faisait une assemblée générale et c’était les femmes qui présidaient. En fait, les femmes venaient pour motiver les collègues, pour révolter et reconduire la grève. Donc, en fait, les femmes ont pris le flambeau de présider la grève pendant les 45 jours et on était vraiment organisées. Et quand on voit cette grève, les femmes, elles étaient au devant de ce combat, de cette lutte, elles se sont organisées, de leur propre initiative elles faisaient de repas, elles ont fait les repas qu’elles amenaient sur le piquet de grève. Elles allaient aussi dans les gares pour pouvoir partager les tracts, pour pouvoir faire du bruit, pour se faire voir, pour se faire attendre, pour parler, pour dire que ce sont ces petites mains que vous ne voyez pas et qui se lèvent très tôt le matin, qui viennent pour rendre la gare propre avant que vous ne veniez, pour le voyage des usagers, donc aujourd’hui on est en grève parce qu’il y a une entreprise qui veut nous mépriser et nous on fait cette grève pour notre dignité et notre respect. Donc les femmes étaient vraiment dynamiques, dans cette grève on a fait des barbecues à Saint-Denis où on récoltait d’argent pour notre caisse de grève. Ces femmes étaient là aussi pendant les négociations, on a été présente partout, on a vraiment pris le flambeau. Les hommes étaient là, mais les femmes ont lutté plus par rapport aux hommes. Même au cours de la nuit, on a vu des femmes, comme ma collègue Fatima et d’autres femmes qui ne sont pas là ce soir, qui ont dormi dans les gares. On voyait que les femmes dormaient dans les gares au milieu des hommes pour pouvoir amener leurs contributions. Donc les femmes ont été vraiment présentes dans cette grève.

Et ce qui nous a vraiment aidé beaucoup c’est qu’on a été vraiment unies et l’union a fait qu’on est allé plus loin. On voyait qu’il y avait de la fatigue, mais ceux qui étaient fatigués rentraient pour se reposer et les autres étaient sur le piquet de grève le matin comme le soir, on a fait des équipes qui partaient se reposer, d’autres sur le piquet de grève. Donc dans cette grève les femmes ont joué vraiment un grand rôle et moi je dirais que de ma part, j’ai vécu une belle expérience, parce qu’au début je n’osais pas prendre le micro pour parler. Au début j’avais vraiment tous les problèmes pour parler, mais avec les collègues qui m’encourageaient « Madame Bagou, tu dois prendre le micro, vas-y », « il faut aller, tu dois prendre la parole », aujourd’hui je peux parler, vous voyez, vous êtes nombreux… Donc, ça m’a donné la capacité de parler, de prendre le micro, de m’exprimer, de dire qu’on est là, que c’est pas parce qu’on fait le ménage qu’on est moins que rien et qu’on est capable aussi de nous défendre, d’aller plus loin. C’est vrai que, pendant cette grève, au début, parmi nous on ne savait pas lire donc on pensait qu’on n’allait pas gagner cette grève, mais je pense que c’est à cause de cette unité et le soutien qu’on a eu d’un peu partout.

J’ai vécu des belles expériences, on ne se connaissait pas avant la grève, mais ça fait qu’aujourd’hui on se connait, on a formé une famille et la lutte continue, on continue. La lutte continue, on n’a pas baissé les bras, parce que dans cette boîte il faut pas baisser les bras, donc c’est pour vous dire, les femmes peuvent aller plus loin, les femmes peuvent faire beaucoup des choses, quand on fait des luttes il faut tirer des leçons. Il y a des leçons à tirer du bilan. Moi, la leçon que j’ai tiré c’est que je peux parler devant un public, je peux prendre un micro, je peux m’exprimer et avant je ne pouvais pas le faire. J’encourage les femmes, nous sommes fortes. Des fois on perd la confiance, mais nous sommes fortes, on peut aller plus loin, faire des grands choses. Parce que quand je vois que dans cette grève on a fait beaucoup des choses, on est allé jusqu’au tribunal, j’étais la seule femme parmi les femmes qui ont été assignées au tribunal. Au début j’ai eu peur, parce que la SNCF et Onet sont des grandes boîtes et quand tu vois que t’as reçu une convocation et que tu dois aller au tribunal, c’est vraiment compliqué pour toi mais avec le soutien des collègues qui étaient là, on les a battu, on a gagné ce combat vis-à-vis de la SNCF et de Onet, donc c’est pour vous encourager. Nous sommes des femmes et nous pouvons aller plus loin, il faut qu’on se fasse confiance, donc je vous encourage : quand il y a un combat, il faut aller jusqu’au bout. Aujourd’hui on se déplace, quand il y a les Hyatt, il y a eu une grève et on est allé les encourager, donner notre espérance, notre stratégie qui a fait qu’on a gagné la grève et les conseils que je pense qu’elles les ont suivies et elles ont gagné leur lutte. Je vous encourage les femmes à aller plus loin."

 
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