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La Izquierda Diario
9 de janvier de 2019 Twitter Faceboock

Deux poids, deux mesures
Quand Leetchi laissait faire la cagnotte des assassins de Clément Méric
Lucas Darin

A quelques mois du jugement de l’affaire Clément Méric, dans laquelle les militants d’extrême-droite jugés ont bénéficié d’un soutien financier participatif important par le biais du site Leetchi, la clôture de la cagnotte destinée à couvrir les frais de justice de Christophe Dettinger met en relief la flagrante différence de traitement des caisses de soutien aux prévenus.

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Une clôture pour le moins hâtive

La cagnotte de soutien de Christophe Dettinger, le boxeur devenu le symbole du mouvement des Gilets Jaunes contre les violences policières et la répression démesurée subie par les manifestants depuis plusieurs semaines, a été fermée en moins de 48 heures par la plateforme sur laquelle elle était mise en ligne.

Nous pouvons nous demander pourquoi cette cagnotte, qui a rencontré un succès retentissant, avec plus de 146 000 euros versés par un peu moins de 9000 donateurs , a été clôturée par Leetchi.

La plateforme explique simplement que le montant atteint dépassant largement l’objectif fixé, à savoir la couverture des frais de justice de Christophe Dettinger, et n’avait de ce fait plus lieu d’être. Elle rejette l’idée selon laquelle la fermeture se serait faite sous la pression, et assure n’avoir agi que pour des raisons pratiques.

Un déchaînement de réactions du pouvoir

Pourtant, devant l’immense succès de cette cagnotte, le pouvoir n’a pas contenu une explosion de réactions et de déclarations publiques qui condamnent avec véhémence l’idée d’un soutien financier pour un manifestant ayant frappé des membres de forces de l’ordre.

Ainsi, Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Borne, ministre des transports, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat chargé du numérique, ont pu intervenir à la télévision ou sur les réseaux sociaux pour dénoncer le fait « d’être complice de cet acte et d’encourager » et appeler les gens à « reprendre un peu leurs repères ».

Des déclarations qui allaient dans le même sens que celle du syndicat Alliance Police nationale sur BFM-TV, ou les déclarations plus récentes de Muriel Pénicaud, ministre du Travail.

Tant d’empressement à enterrer cette cagnotte semble refléter la peur panique du gouvernement devant la radicalisation des manifestants qui réalisent que les forces de l’ordre ne sont pas là pour leur sécurité ou leur bien-être, mais bien pour protéger un système fait d’inégalités et d’injustice sociale.

Un destin différent pour la caisse de soutien des assassins de Clément Méric

Cette cagnotte de soutien à un prévenu en attente de jugement fait écho à celle organisée en soutien d’Esteban Morillo, militant proche du groupuscule nationaliste Troisième Voie.

En 2013, après l’identification et l’arrestation des coupables du meurtre de Clément Méric, un organisme obscur, le Comité d’Entraide aux Prisonniers Européens (CEPE), organise en effet une cagnotte participative à laquelle toute l’extrême-droite radicale, violente, fasciste et néo-nazie contribue.

Mais qu’est-ce donc que le CEPE, et qui le dirige ?

Ce comité est en réalité un organe dormant de l’extrême-droite, réactivé régulièrement à chaque affaire judiciaire concernant un militant des milieux identitaires, et destiné à organiser le soutien financier des accusés.

Créé en 2002 par des militants de l’Unité Radicale, ce comité est de notoriété publique très proche des groupuscules les plus radicaux de l’extrême-droite comme le Bloc Identitaire ou la Ligue du Midi.

Malgré une tentative de dédiabolisation menée par le Bloc Identitaire en 2009, le CEPE, présidé par la Ligue du Midi au début des années 2010 reste un organe de la pire frange de l’extrême-droite, comme le révèle son intervention dans l’affaire Clément Méric.

L’existence de cet organisme, et la réalisation d’une cagnotte - qui s’est élevée à plusieurs milliers d’euros – pour le soutien de militants coupables de la mort d’un jeune étudiant antifasciste n’a pas semblé déranger les pouvoirs publics outre mesure et n’a certainement pas entraîné la même vague d’indignation qui a déferlé dans les médias ce mardi.

A l’heure où les cagnottes de l’extrême-droite se font sereinement, où les municipalités laissent prospérer les quartiers généraux des pires groupuscules violents, fascistes et néonazis, la perspective d’un mouvement populaire se mobilisant contre l’injustice sociale, les inégalités, et la violence inouïe des forces de l’ordre semble être beaucoup plus intolérable aux yeux du pouvoir que le développement d’idéologies formatrices de meurtriers.

 
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