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La Izquierda Diario
13 de novembre de 2018 Twitter Faceboock

Une liste indépendante et anticapitaliste
Toulouse le Mirail. Percée de l’extrême gauche aux élections des conseils centraux
Marina Garrisi
Anna Bronstein
Joachim Bertin

Le 6 et 7 novembre se tenaient les élections des représentants des travailleurs et des étudiants de la fac du Mirail, à Toulouse. Côté personnels et étudiants, le résultat est sans appel : les listes « de gauche » ont été largement majoritaires, et la liste indépendante, anticapitaliste et pro-ouvrière de Solidaires Étudiant·e·s fait une véritable percée au regard des dernières élections.

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Le campus du Mirail, à Toulouse, était en effervescence ces derniers jours. Jamais campagne pour les élections de représentants étudiants aux Conseils Centraux de l’université n’aura été menée avec autant d’entrain par les différentes organisations présentant une liste.

Cette ambiance particulière s’explique en grande partie par le fait que le Mirail a été le théâtre d’une mobilisation particulièrement longue et exemplaire l’année dernière, tout d’abord contre le projet local de fusion des universités, au sein de laquelle les personnels BIATSS (non enseignants) ont joué un rôle central, puis dans le cadre de la mobilisation nationale contre la sélection, la loi ORE et Parcoursup.

L’importante percée de la liste d’extrême-gauche Solidaires Etudiant·e·s

Quatre listes étudiantes se présentaient cette année pour les élections des représentants du Conseil d’Administration (CA) et de la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU) du Mirail.

Avec les camarades de Révolution Permanente présents au Mirail, nous nous sommes présentés en toute indépendance des organisations cogestionnaires, au sein de liste portée par Solidaires Etudiant·e·s Toulouse, autour d’un profil politique clair : sans véhiculer l’illusion que les Conseils de l’université seraient démocratiques et refusant d’en faire le centre de gravité de la démocratie universitaire ; revendiquant l’auto-organisation étudiante dans les luttes (Assemblées générales, coordinations…) ; mettant l’accent sur l’importance du lien avec les travailleurs (ceux de l’université mais également au-delà) ; assumant clairement un profil anticapitaliste.

La campagne de Solidaires Etudiant·e·s pour ce scrutin a été une campagne active, dont nous nous sommes saisi pour chercher à discuter au-delà des élections, en faisant des tours de salles, d’amphis, de TD, en nous inscrivant clairement dans la continuité de la mobilisation du printemps dernier et en portant un programme de lutte. Car nous savons que tout est loin de se jouer dans les conseils, et que c’est en se saisissant largement de toutes ces questions politiques que nous pourrons mettre en échec les plans du gouvernement et des présidences d’université.

C’est avec cette campagne politique, radicale et dynamique que la liste Solidaires Etudiant·e·s Toulouse est arrivée deuxième aux élections, avec près de 900 voix au total (autour de 20 % des voix), et donc un siège sur 6 au CA et 3 sièges sur 16 à la CFVU.
L’écho rencontré pour une liste d’extrême-gauche illustre le fait qu’une large frange de la jeunesse est politisée et cherche des perspectives qui dépassent de loin le seul cadre de l’université. La percée de la liste « Le Poing Levé » à l’université de Paris 1, autour d’une campagne tout aussi radicale et politique, en est également une démonstration.

Une configuration particulière : la lutte contre des listes de droite

L’UNI, organisation de droite extrême (réunissant Fillonistes convaincus et membres du RN) dont la tête de liste était un royaliste notoire, se présentait pour la première fois au Mirail. Leur objectif : capitaliser massivement sur le blocage de l’université au printemps dernier avec un nom de liste aguicheur et démagogique (« Les blocages, plus jamais ! »). Un objectif loin d’être atteint puisqu’ils sont arrivés bon derniers aux élections, avec un siège au CA et 2 à la CFVU.

La deuxième liste était celle de la corporation AGEMP, étroitement liée à la FAGE. Cette organisation étudiante a accompagné toutes les dernières contre-réformes à l’université, plébiscitant le compromis avec le gouvernement et la cogestion dans les conseils à toute autre forme d’intervention. Considérée comme la première organisation étudiante de France, ils sont arrivés juste devant l’UNI, en troisième position dans les résultats du scrutin, avec un élu au CA et aucun représentant à la CFVU où ils ne présentaient pas de listes.

Outre Solidaires Etudiant·e·s et les listes de droites, le quatrième liste qui se présentait était celle des « 3U » (UNEF-UET-UEC).

Avec une liste commune, l’UET permet à l’UNEF de se maintenir au Mirail

Alors que dans toutes les facs l’UNEF connaît un important recul du fait de ses nombreuses trahisons et de ses accointances particulières avec le PS, les dirigeants de l’UET (Union des Étudiants de Toulouse) lui ont permis de se maintenir au Mirail par le biais d’une liste commune. Car même si l’UNEF a accompagné la loi Fioraso sous la présidence de François Hollande, qui ouvre aujourd’hui la porte aux fusions d’université ; même si cette organisation a voté la loi sur la sélection en master 1 il y a moins de deux ans ; même si son éternelle volonté de briser tout cadre de démocratie étudiante dans les luttes s’est encore exprimée au printemps dernier, l’UET qui est le plus gros syndicat étudiant au Mirail a accepté de se présenter avec eux.

Cette liste des « 3U » était donc un front hétérogène qui n’a pas particulièrement cherché à s’adresser à la génération militante issue du printemps dernier, en concentrant ses efforts dans un objectif essentiellement électoral.

C’est dans cette logique que la liste des « 3U » arrive largement en tête des élections au Mirail, avec environ 60 % des suffrages exprimés, portant ainsi 3 élus au CA et 11 à la CFVU.

Les chiffres montrent clairement que si les organisations réellement combatives sur la fac – l’UET et Solidaires Etudiant·e·s – avaient porté une liste commune plutôt que de s’allier et faire survivre une organisation moribonde telle que l’UNEF (notamment en tête de liste des « 3U » pour le CA), les anticapitalistes auraient pu emporter une très large majorité dans les conseils du Mirail, sans aucune compromission.

Du côté des personnels et des enseignants

Chez les personnels non-enseignants (les BIATSS), qui élisaient également leurs représentants aux conseils, la liste issue de la mobilisation (regroupant le collectif de mobilisation des personnels, Sud Educ et le Snasub) obtient la moité des sièges (3 sur 6 au CA et 2 sur 4 à la CFVU), venant confirmer la combativité des travailleurs de l’université.

Chez les enseignants en revanche, la liste du SGEN-CFDT (qui prône une université élitiste et répressive, farouchement opposée à toute forme de mobilisation) arrive en tête. Un clivage entre étudiants et personnels d’un côté et enseignants de l’autre donc, qui s’était déjà exprimé au printemps dernier, quand les BIATSS étaient majoritairement en grève et qu’une bonne part des enseignants se prononçaient contre la mobilisation.

Mais ce que ces chiffres expriment, au-delà des scores électoraux et des sièges conquis dans les conseils qui sont autant de points d’appui pour les mobilisations étudiantes, c’est qu’il existe aujourd’hui une véritable radicalité chez les étudiants, qui cherchent à s’organiser. Il s’agit d’un signal fort envoyé à la nouvelle présidence (qui sera nommée au cours d’une des premières réunions du nouveau CA) : cette nouvelle présidence ne bénéficiera en aucun cas de notre confiance, et nous restons déterminés à nous battre contre les attaques à venir (notamment contre la fin de la compensation des notes et des rattrapages) mais également plus largement, pour une nouvelle société !

 
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