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La Izquierda Diario
9 de août de 2018 Twitter Faceboock

A quatre semaines de la rentrée
Le fiasco Parcoursup. Près de 180.000 bacheliers encore en attente
Dom Thomas

Pendant que France info abreuve ses auditeurs d’informations niaiseuses sur les températures, les orages ou encore la différence entre une boîte de nuit urbaine et une boîte de nuit de station balnéaire, près de 180.000 bacheliers ne savent toujours pas où ils vont étudier l’an prochain.

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A entendre le gouvernement, Parcoursup était un vrai bijou, destiné à résoudre définitivement les carences de la plateforme APB en usage ces dernières années. Une baguette magique capable de faire fi du manque de moyens dans l’enseignement supérieur et d’attribuer, comme le prétendait Frédérique Vidal en janvier dernier, une place à chaque néobachelier, bachelier refusé par APB l’an dernier ou étudiant en réorientation.

Bataille des chiffres

En ce début de mois d’août, la réalité est cependant tout autre. Si le gouvernement affirme que seul 16.000 candidats sont en attente, ce sont en fait près de 180.000 candidats aux études qui ne savent toujours pas dans quelle filière et dans quelle ville ils vont étudier l’an prochain – ni même s’ils vont pouvoir s’inscrire quelque part, et ce alors que les cours débutent dans quelques semaines.
D’après La Dépêche, sur les 812.050 candidats qui ont formulé des vœux sur la plateforme entre janvier et mars dernier, seuls 59% ont en effet reçu une proposition qui leur convient et qu’ils ont acceptée fermement. 18% des inscrits ont quitté la procédure : certains ont décidé de s’inscrire dans une structure privée ne passant pas par la plateforme, mais d’autres se sont certainement découragés et ont mis fin à leur parcours du combattant. Les 22% restants, soit 179.577 candidats, sont donc encore en attente : un peu plus de la moitié d’entre eux a obtenu un « oui » mais attend qu’une place se libère dans une filière à laquelle ils donnent leur préférence. 50.701 candidats sont réputés « inactifs » par le ministère,c’est-à-dire qu’ils ne se sont pas connectés assez vite pour accepter une proposition – et pour cause ! Plus la rentrée approche et plus le délai pour donner une réponse se raccourcit : en cas de panne de réseau sur le lieu de vacances, c’est la catastrophe pour le candidat, dont le vœu est annulé et qui, en outre, se voit exclu de la plateforme. Enfin, 16.503 candidats n’ont reçu aucun « oui » : pour ces jeunes, l’espoir d’un accès aux études pour la rentrée 2018 se réduit de jour en jour.

Des incertitudes cumulées qui poussent à abandonner les perspectives d’études

Derrière les chiffres et les disputes auxquelles ils peuvent donner lieu, ce sont surtout des vies et des destins qui se jouent. Comment en effet préparer la rentrée, chercher un logement et un boulot d’étudiant, quand on ne sait ni dans quelle filière, ni dans quelle ville on va étudier ? Dans les médias, les témoignages de ces jeunes suspendus à leurs mails et à une plateforme qui plante depuis le mois de juin fleurissent. Olivia, dont le seul vœu ’accepté’ concerne un BTS à 400 km de chez elle, pour lequel elle est toujours sur liste d’attente, a dû renoncer à la proposition de chambre universitaire qui lui était faite, faute de savoir si elle serait définitivement acceptée dans sa formation : il lui faudra trouver en urgence un logement dans ses moyens à la rentrée. Mélanie, quant à elle, risque de ne pas pouvoir travailler du fait des déplacements qui lui seront imposés par une affectation dans une formation trop éloignée de son lieu d’habitation actuelle. Quant aux candidats qui ont demandé des formations en alternance, c’est la quadrature du cercle : il leur faut chercher un patron sans être certain de la formation qu’ils vont suivre, et ce alors que cela a des conséquences sur les frais d’inscription que l’entreprise qui les embauche devra payer. Mais sans patron, il leur également sera impossible de suivre leur formation...

Après celui d’APB, le fiasco Parcoursup était largement prévisible. Plutôt qu’un échec, il révèle avant tout la volonté du gouvernement de refermer les portes de l’enseignement supérieur public – en commençant par en exclure les titulaires d’un bac pro, les étudiants en réorientation, voire l’ensemble des bacheliers issus des classes populaires à l’exception de quelques individus particulièrement brillants. Une façon particulièrement efficace de préparer le terrain aux établissements privés d’enseignement supérieur, qui se réjouissent de cette manne offerte sur un plateau, et dont l’ouverture permettra par la suite au gouvernement d’augmenter les frais d’inscription des universités publiques, un projet également porté par Macron et son équipe.

 
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