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La Izquierda Diario
11 de juillet de 2018 Twitter Faceboock

Coup de com’
Le dispositif « meilleurs bacheliers » : une manœuvre du gouvernement pour faire passer la pilule Parcousup
Albert Core

Un décret publié le 2 juillet par le gouvernement a lancé le dispositif « meilleurs bacheliers ». Il s’agit d’une transformation d’un dispositif lancé sous le quinquennat Hollande visant à donner un accès prioritaire à des formations sélectives aux bacheliers les plus « méritants ». On notera l’effort contradictoire de cette première version visant à concilier le social et le mérite. A l’aube du « volet social » de Macron, cette nouvelle version du dispositif serait-elle un bol d’air frais ?

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Crédit photo : Thomas Samson / AFP

Une mesurette qui ne change rien

Lorsque l’on observe ce dispositif en détail, elle paraît même finalement bien inutile. Cette nouvelle version est censée permettre aux bacheliers de chaque établissement obtenant les notes les plus élevées au bac (10% de chaque établissement et à la condition d’obtenir une mention) d’être prioritaires dans les files d’attente des filières déjà demandées par les élèves. Au-delà d’être dans la continuité des politiques sociales liées au mérite des précédents gouvernements, abandonnant ouvertement tout effort d’aider l’ensemble des classes populaires, plusieurs détails du dispositif le rendent en vérité inefficace.

D’abord, ce dispositif ne constitue pas une « deuxième chance ». En effet, l’accès au dispositif « meilleurs bacheliers » n’est possible que pour les bacheliers en attente de réponses définitives de leurs vœux. Exit donc à la fois les bacheliers ayant déjà accepté définitivement une orientation, ceux n’ayant reçu que des réponses négatives et ceux étant sortis de la plateforme.

Ensuite, et surtout, le décret ne laisse aucune garantie pour les bénéficiaires. Il ne s’agit effectivement que d’un accès prioritaire « en fonction du nombre de places consacrées à la mise en œuvre du dispositif ». Seulement, les résultats du bac tombent tard, et il risque d’être difficile de dégager beaucoup de places alors que les établissements auront en grande partie bouclé leur recrutement. La compétition risque d’être rude entre les bacheliers prioritaires...

Un coup de com du gouvernement

Face aux 90.000 candidats toujours en attente, qui devront attendre jusqu’à septembre pour être, ou pas, enfin sélectionnés ; face à la grogne au sein de sa majorité, le poussant à annoncer la carte « volet social » ; face à sa cote au plus bas, le gouvernement Macron joue la carte « mais si tout va bien ».

Après avoir annoncé le prochain début de son « volet social », ce décret de façade apparaît en définitive comme un moyen de rassurer l’opinion et de se reconstruire un masque de pas que à droite quand même. Le tout en mettant en avant encore et toujours cette fameuse méritocratie niant l’ensemble des facteurs sociaux liés à la réussite scolaire, et renforçant toujours un peu plus le rêve de rejoindre une élite en définitive construite sur le dos des « gens qui ne sont rien ».

Le mythe de la méritocratie

Macron n’est d’ailleurs pas le premier à promettre ce rêve, celui de l’ascension sociale. Pourtant ce rêve est bien ce qu’il est : un rêve. Ce fameux mythe de la méritocratie, fondé sur le postulat que chacun aurait les mêmes chances dans l’enseignement supérieur et que l’algorithme Parcousup serait basé sur des critères neutres et équitables, passe outre les chiffres qui montrent que seulement 10% d’enfants d’ouvriers entrent à l’université, et encore moins en sortent avec un diplôme. Car un enfant qui naît dans un quartier populaire n’aura évidemment pas les mêmes chances que celui issu d’une famille aisée. Et la vocation de Parcoursup, c’est d’accroître ce phénomène, de faire sortir les classes populaires des bancs de l’université de façon presque assumée, algorithmes à l’appui, à l’image des critères tels qu’avoir voyagé à l’étranger pour être accepté dans certaines licences de langue. En réalité, ce dispositif « meilleurs bacheliers » n’est qu’un moyen pour Macron de se refaire une santé médiatique, à l’heure où sa popularité est en chute libre dans les sondages.

 
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