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La Izquierda Diario
21 de juin de 2018 Twitter Faceboock

L’austérité continue au pays d’Alexis Tsipras
Fin de la crise grecque ? Le bout du tunnel, enfin ?
Joël Malo

Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis ce jeudi 21 juin pour discuter d’une levée de la tutelle économique qui pèse sur la Grèce. Beaucoup d’observateurs parlent de la fin d’une crise qui dure depuis 2010. Pourtant, la population grecque n’est pas au bout de ses peines puisque le gouvernement Syriza semble encore bien enclin à la lui faire payer pour quelques années.

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En ce jeudi 21 juin, alors que les ministres des Finances de la zone euro se rencontraient autour de la question grecque, les médias ont véhiculé l’idée d’une sortie de crise pour la Grèce. En effet, celle-ci devrait retrouver officiellement son autonomie financière à partir du 20 août prochain. La Grèce a reçu, depuis 2010, 270 milliards d’euros de la zone euro et du FMI dans le cadre de trois plans de sauvetage. Ces aides n’étaient bien sûr pas gratuites et se sont payées à coup de mesures austéritaires, de licenciements, de baisses drastiques des salaires, des retraites, opérées, à partir de 2015, par le gouvernement « de gauche » d’Alexis Tsipras et de Syriza.

En rognant systématiquement sur les besoins les plus élémentaires de la population, la Troïka (Commission européenne, Banque Centrale Européenne et FMI) et les divers gouvernements grecs ont plongé le pays dans une grande précarité. Ces plans de sauvetage, simple paperasse pour les technocrates de l’UE et des gouvernements européens, ont signifié baisses de salaires, pertes d’emploi, de logements, l’incertitude et la pauvreté pour des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes en Grèce. C’est dans ce contexte de forte colère populaire et de luttes ouvrières intenses que Syriza avec à sa tête Alexis Tsipras est arrivée au pouvoir en 2015... avant de renier ses promesses de campagne et de défaire méthodiquement tous les acquis des travailleurs grecs comme ses prédécesseurs libéraux de droite ou de gauche. Le dernier cadeau en date a été la baisse de 20% des retraites, votée par la Vouli, le parlement grec, il y a quelques jours, avec la bénédiction de Tispras, comme cela été réclamé par Bruxelles.

La croissance semble repartie puisque qu’elle s’est péniblement hissée cette année à 1,4 % et que certaines estimations l’envisagent à 1,9 % l’année prochaine. Tsipras peut donc se vanter d’être celui qui aura sorti la Grèce de la crise ? Pour les armateurs et le grand patronat grec, ce n’est pas suffisant. Et pour les classes populaires, c’est une autre paire de manches.

Il reste en effet à la Grèce à éponger une dette équivalant à 180 % de son PIB et, bien que les ministres de l’Eurogroupe, qui auront fait payer si cher aux travailleurs leurs luttes entre 2009 et 2015, décrètent la levée de la tutelle, le pays va rester sous surveillance étroite pour un long moment. Les ministres européens, Bruno Le Maire en tête, semblent pourtant ravis des services rendus par Syriza. Le ministre français peut en effet être jaloux tant le gouvernement Tsipras a pu liquider les acquis des travailleurs grecs.

Le plus grand « exploit » de Syriza, au-delà d’avoir canalisé dans les élections la colère des classes populaires grecques et de trahir ses engagements, a été de démoraliser profondément les éléments les plus combatifs de la classe ouvrière. Syriza porte une énorme responsabilité politique au moment où l’Europe et le monde connaissent une montée des populismes de toutes sortes, de la xénophobie, du nationalisme et du raidissement des politiques en termes d’attaques contre les droits démocratiques et d’instauration de mesures autoritaires. Tsipras a non seulement fait le lit d’une droite dure en Grèce, mais les nationalistes ont à nouveau le vent en poupe autour de la question de la « résolution » du conflit portant autour de la Macédoine, ex-République Yougoslave de Macédoine, reconnue aujourd’hui comme « Macédoine du Nord » à la suite d’un accord signé entre Athènes et Skopje le 17 juin, et qui relance de plus bel le nationalisme panhellénique. Pour les travailleurs et les jeunes grecs, c’est loin d’être le bout du tunnel.

 
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