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La Izquierda Diario
15 de juin de 2018 Twitter Faceboock

Procès des 102 inculpés d’Arago. Episode 1 : le procès politique de l’opposition à Parcoursup
Correspondant-e

Ce vendredi 15 juin s’ouvrait au tribunal de Paris l’audience de 12 manifestants arrêtés en marge de la mobilisation du 22 mai et de 8 inculpés à la suite de l’occupation du lycée Arago, le soir du 22 mai. Ils font partie des 102 inculpés d’Arago, pour la plupart jeunes voire mineurs, ayant passés près de 48 heures en garde-à-vue et actuellement poursuivis pour leur participation à des mouvements sociaux dans le cadre de l’opposition à Parcoursup. 200 personnes, enseignants, étudiants, syndicalistes, organisation politique étaient présentes pour protester contre cette tentative d’intimidation de la jeunesse. Finalement, toutes les audiences seront reportées au 4 décembre.

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Les premières comparutions immédiates, au lendemain des arrestations et des 48 heures de garde-à-vue, avaient donné lieu à des relaxes : rien dans les dossiers. Le procès des 12 manifestants inculpés qui passaient ce vendredi après-midi a été lui reporté à décembre prochain : trop d’éléments manquants au dossier. Et en fin de journée, on apprend que tous les procès des inculpés d’Arago sont renvoyés devant la chambre correctionnelle le 4 décembre prochain. Car le motif de ses 102 inculpations – sur près de 300 arrestations réalisées au soir du 22 mai - est ailleurs. C’est un coup de massue donné par l’exécutif contre cette jeunesse qui s’est mobilisée, dans les facs au printemps, et contre ces lycéens assommés et en colère, pris dans la tourmente des algorithmes de la sélection sociale qu’instaure Parcoursup. « 48 heures de garde-à-vue, plus de 4 heures enfermés dans un bus surchargé sans eau, ni toilette. Les ordres sont venus de plus haut, de beaucoup plus haut » explique un parent d’élève de la FCPE, également militant de Génération, au micro.

Le rassemblement de solidarité qui s’est tenu ce vendredi devant le TGI, à la mesure du choc qu’ont provoqué les pratiques policières à l’encontre de jeunes notamment mineurs, n’a pas seulement regroupé cette jeunesse mobilisée contre Parcoursup. Se mêlant aux jeunes, on pouvait compter les organisations de gauche –NPA, Génération, PCF, France Insoumise –, des représentants du monde syndical – FSU, CGT, SUD -, des secteurs en lutte – cheminots, postiers, la compagnie Jolie Môme -, des parents d’élèves et la FCPE mais aussi de nombreux enseignants du secondaire comme du supérieur. Car si ce procès vise spécifiquement la jeunesse, il est un nouveau pas de franchi dans la criminalisation de l’ensemble des mouvements sociaux. « Il ne faut pas tomber dans l’accoutumance de cette répression inacceptable » a lancé Danièle Simonet, députée France Insoumise de Paris dénonçant le nouveau projet de loi présenté par les députés de la majorité pour faire des blocages des universités un délit. Philippe Poutou, porte-parole du NPA, avait également fait le déplacement depuis Blanquefort où l’usine Ford dans laquelle il travaille est actuellement menacée de fermeture « on est là pour apporter notre soutien face à ces condamnations inacceptables de celles et ceux qui ont voulu s’opposer à Parcoursup, se mobiliser. A l’image d’aujourd’hui, c’est un tous ensemble contre ce gouvernement qu’il faut construire et on en a les moyens ».

Deux chasubles oranges à l’horizon : ce sont deux cheminots qui sont également venus manifester leur solidarité. « Ne serait-ce que mercredi dernier, les étudiants sont venus nous soutenir pour faire l’opération « gare morte ». Durant tout le printemps, on était côte à côte dans les manifestations. C’était pour nous plus que normal de venir manifester notre soutien » explique ce conducteur de Saint-Lazare, où la grève reconductible a été votée à partir de lundi.

Même son de cloche du côté de la CGT Syndicat National des travailleurs de la recherche Scientifiques. Pour cette salariée de l’Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique ( INRIA), « ça aurait pu être nous. On était dans la manifestation du 22 mai, et on a pris des gaz ».

Ce procès du 15 juin est loin d’être la première tentative de criminalisation des mouvements sociaux. Loïc, de la compagnie Jolie Môme, poursuivi pour violence par le Medef dans le cadre de la mobilisation contre la loi Travail, est présent sur place pour témoigner de son procès et comment il a fini par être relaxé.

Mais le procès d’Arago surprend par son ampleur, 102 inculpés, par sa cible – la jeunesse et les mineurs – et les motifs légaux invoqués, comme « le regroupement en vue de commettre des violences » tout droit sortis de l’arsenal répressif de la législation Sarkozy. De par son contexte et son contenu, le procès d’Arago rappelle, à bien des égards, le montage médiatico-policier du procès de Valmy et du cas d’Antonin Bernanos, à la fin du printemps social de 2016 contre la loi Travail. La mère d’Antonin, qui a formé un collectif avec celle de Clément Méric, assassiné en 2013 par l’extrême-droite, était d’ailleurs présente au rassemblement. Ces mères ont décidé de soutenir l’action politique de leurs enfants, et de dénoncer la criminalisation systématique des jeunes militants.

L’audience du 15 juin est la première étape d’une longue série de procès qui vont se dérouler le 22 et 29 juin avant les vacances, puis le 10 et 22 octobre à la rentrée, jusqu’à une date en décembre. « Il y a une logique de division et d’étalement » explique une proche d’un inculpé. « Ils souhaitent éviter, en étalant ainsi les procès, de créer un trop grand attroupement et une trop grande visibilité de cette répression. Ils veulent maintenir la pression pour éviter une reprise d’une mobilisation dans les facs, sur les têtes du mouvement en particulier, à la rentrée ». Rentrée qui risque fort, dans le contexte de conflit très fort ouvert lors des mobilisations contre la sélection à l’université, après le fiasco de Parcoursup, d’être des plus redoutables pour le gouvernement.

 
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