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La Izquierda Diario
18 de mai de 2018 Twitter Faceboock

Annulation de partiels
Après la répression, les partiels pour casser la mobilisation ? Les étudiants ne se laissent pas faire
Cléo Rivierre

Alors que la phase d’expulsion policière des universités mobilisées contre la loi ORE semble se refermer (puisqu’il ne reste plus guère de facs occupées), le mouvement étudiant est sous la pression de la répression, des partiels et d’un mouvement qui ne semble pas s’acheminer vers une victoire. Mais dans plusieurs facs, les étudiants ne se laissent pas faire et font annuler les partiels.

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Depuis plusieurs semaines, le gouvernement a choisi la solution de la matraque pour casser la mobilisation étudiante. Les facs de Nanterre, la Sorbonne, Lyon 2, Strasbourg, Tolbiac, Grenoble, Montpellier, Sciences Po Rennes, Brest, Nantes, Toulouse le Mirail et Rennes 2 ont été victimes d’expulsion policières, dans la plupart de cas accompagnées de violences de la part des forces de répression.

Ainsi se referme un cycle entamé il y a plusieurs mois de blocages prolongés et d’occupations sur les lieux d’études. En effet, entre la répression, les partiels et un mouvement social de ce printemps 2018 qui stagne (grève des cheminots peu visible, peu de dates de manifestation massives, etc), mais aussi face à un gouvernement toujours aussi inflexible sur chacune de ses contre-réformes, la mobilisation étudiante semble refluer.

De plus, dans les calendriers universitaires, les deux premières semaines de mai sont réservées aux partiels de fin d’année. C’est ainsi que dans de nombreuses universités, les étudiants mobilisés ont choisi de se révolter contre la tenue des examens qui, de fait, cassent la mobilisation et sanctionnent l’investissement militant de celles et ceux qui se sont le plus engagés dans ces mouvements. En luttant pour l’annulation des partiels, les étudiants maintiennent un certain rapport de force face aux présidences des facs qui répriment leur mouvement et face à un Macron inflexible sur ses réformes, qui avait déclaré qu’il n’y aurait pas « d’examens en chocolat » et qui n’a que les forces de répression pour faire taire la contestation qu’il provoque.

Au début du mois de mai à Nancy, la présidence a fait intervenir les CRS pour empêcher les étudiants et personnels mobilisés de perturber la tenue des examens. Mais les mobilisés ne se sont pas découragés et le 16 mai, c’est de l’intérieur que la grande majorité des étudiants ont perturbé la tenue des partiels, ce en refusant de s’asseoir et en criant des slogans, causant ainsi le report des épreuves.

Beaucoup plus médiatisé, le blocage du centre d’Arcueil où les étudiants de Nanterre devaient passer leurs examens. Ainsi, plusieurs centaines d’étudiants de différentes fac, soutenus par des postiers du 92, des cheminots de Saint Lazare et un député France Insoumise, se sont réunis à l’appel des étudiants mobilisés Nanterre pour bloquer les examens délocalisés. Grâce à cette mobilisation exemplaire, les étudiants ont obtenu l’annulation des partiels.

À Paris 1 Tolbiac, de très nombreux partiels ont été annulés suite à des discussions et des votes dans les amphithéâtres où les étudiants étaient censés composer. Selon un comptage approximatif fait par les étudiants mobilisés, c’est au moins une trentaines de partiels qui n’ont pas pu se tenir. Toujours en région parisienne, c’est aussi les facs de Paris 8, de la Sorbonne (Paris 1) et de Paris 4 Clignancourt qui ont obtenu l’annulation de certains partiels (et parfois leur remplacement par des dossiers facultatifs à rendre).

À Rennes 2, après un déblocage par la police le lundi 14 mai, les étudiants ont appelé dès ce jeudi à une AG et à un rassemblement afin de bloquer les examens. Mission réussie pour une des facs les plus mobilisée de ce printemps 2018, puisque les bâtiments sont de nouveaux bloqués et que les partiels sont annulés. À Lyon 2, après un vote en AG mais aussi après une forte répression, les étudiants en lutte ont fait annuler les partiels.

À Marseille, comme nous l’écrivions dans un précédent article, face à des violences similaires à celles de Lyon, les cheminots qui bloquaient leur gare le matin sont venus prêter main forte devant le centre de droit et sciences politique de l’université Aix-Marseille, sur la Canebière. Les salariés de l’énergie et du port autonome de Marseille ont eux aussi arrêté le travail à l’annonce des violences policières à l’encontre des étudiants.

En refusant une défaite face à Macron et sa répression, ces étudiants mobilisés contre la loi ORE et les différentes mesures contenues dans le « plan étudiant » de Macron, mais aussi aux côtés des cheminots et de tous les autres secteurs en lutte, ont choisi de montrer l’exemple. Un des mots d’ordre centraux de cette mobilisation aura été « pour un service public de qualité et accessible à tous », posant ainsi la nécessité d’un financement de l’université, de la SNCF mais aussi de la santé à hauteur des besoins.

L’annulation des examens et la revendication d’une note améliorable pour tous (plutôt que de Devoirs Maisons) permet de répondre aux pressions à la démobilisation des étudiants. Dans cette mobilisation du printemps 2018, une nouvelle génération militante a émergé, posant la question de la démocratie universitaire et du rôle de l’université dans cette société, mais aussi la question du rôle des examens en tant qu’aboutissement concret d’un système éducatif dont le rôle n’est autre que de hiérarchiser les jeunes (entre les futurs cadres et les futurs précaires, par exemple) et dans une grande mesure la reproduction de l’ordre dominant.

 
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