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La Izquierda Diario
4 de juin de 2015 Twitter Faceboock

Le président abandonne son poste juste après sa réélection
FIFA. Le jour où Blatter s’arrêta

John Strempe

Sepp Blatter, Président de la FIFA depuis 1998, a annoncé sa démission ce mardi. Un coup de tonnerre ? Dans un contexte très tendu de scandales de corruption, la démission du suisse ne va pourtant en rien révolutionner l’institution FIFA, ni signer la fin du « foot-business », Blatter n’étant même pas, pour l’instant, inquiété directement.

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L’annonce de la démission de Sepp Blatter arrive seulement cinq jours après sa réélection. La raison principale qu’il évoque est « le manque de confiance de la planète football » en lui-même. Surtout, même si rien n’est dévoilé pour le moment, une épée de Damoclès commence à le menacer de plus en plus : après l’arrestation de plusieurs hauts dirigeants de la FIFA, son bras droit, le français Jérôme Valcke, est soupçonné par le FBI, qui enquête actuellement sur Blatter, d’être impliqué dans l’affaire de corruption à hauteur de 9 millions d’euros de Jack Warner, l’ex-président de la CONCACAF (confédérations Amérique du nord, Centrale et des Caraïbes).

Blatter à terre

Estimant que la FIFA a besoin d’une profonde restructuration, Blatter semble judicieux de commencer par virer le plus corrompu de la bande : lui-même ! Or, les affaires de corruption sont les conséquences du fonctionnement institutionnel de la FIFA et de sa logique d’appareil capitaliste : transformer le football en marché le plus lucratif possible. La relève sera issu du même milieu, rien ne va donc changer. Que ce soit les anciens candidats à cette élection, comme le Prince Ali Ben Hussein de Jordanie, ou Luis Figo (ancien joueur international portugais), tous restent des personnes insérées dans cette institution. Blatter s’est fait réélire cinq fois de suite en obtenant principalement les voix des confédérations du sud, comme l’Amérique latine ou l’Afrique, grâce à son lobbying anti-UEFA, en expliquant que s’il n’était pas élu, l’UEFA prendrait le contrôle de la FIFA et étendrait son hégémonie au dépend des fédérations plus petites. Mais L’UEFA ne vaut pas mieux que l’actuelle FIFA. Personne ne souhaite, avec la démission de Blatter, voir l’UEFA prendre le contrôle de l’instance mondiale du football, dont les votes sont totalement anti-démocratiques, dans la mesure où chaque pays y a une voix indépendamment du nombre de ses licenciés. Blatter n’avait donc pas besoin de ce que l’on peut appeler « les grands pays du football » et pouvait se contenter d’amadouer de petites fédérations en leur promettant de les protéger contre l’ogre européen.

Un règne monarchique

Blatter a contribué à faire du football actuel un sport totalement soumis au joug de la finance. Homme d’affaire aguerri, diplômé d’HEC Lausanne, commençant par intégrer la direction des relations publiques à l’office du tourisme valaisan, il devint surtout directeur des relations publiques de Longines, marque de luxe d’horlogerie suisse. C’est ce poste qui lui ouvrit les portes de la FIFA, et lui permit d’œuvrer dans les pas de Joao Havelange, qui resta lui aussi longuement, 24 ans, à la tête de l’institution. Il suffit de se rappeler que celui-ci dut également démissionner de son poste, en 2001, de président d’honneur de la FIFA suite à une affaire de corruption. L’élève Blatter a donc beaucoup appris de son maître, apportant en plus ses compétences financières, en faisant grimper le chiffre d’affaire de la FIFA à plus de 5 milliards d’euros sur la période 2011-2014, tout en gardant une réserve de près d’un milliard et demi d’euros.

Le football n’a pas besoin de ce genre d’individus pour exister. Pourtant, c’est malheureusement à un défilé d’escrocs que l’on assiste un peu partout, que ce soit dans les fédérations, ou dans d’autres instances du football. Phénomène auquel on peut assister également dans d’autres sports. Il n’y a donc aucune raison de se réjouir de la démission d’un corrompu auquel va succéder une nouvelle génération du même type. Ce ne sont que jeux de copinage et lobbying qui permettent de prendre la tête de cette institution. Tous les licenciés du monde le savent bien : ils ne possède pas le moindre pouvoir ni la moindre capacité d’exprimer leur opinion sur la trajectoire crapuleuse qu’a pris le football depuis 40 ans, et sur cette organisation qu’il faudrait reconstruire complètement.

03/06/15

 
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