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La Izquierda Diario
10 de avril de 2018 Twitter Faceboock

Elections législatives
Hongrie. Viktor Orbán, chef de la droite conservatrice, est réélu une troisième fois consécutive
Philippe Alcoy
Meven Jouan

Ce dimanche, le parti Fidesz de Viktor Orbán a remporté les élections législatives avec plus de 49% des voix.

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Ce score, avec celui de son allié, le parti démocrate-chrétien (KDNP), permettra au FIDESZ d’Orban d’obtenir 133 sièges sur 199 au Parlement. Grâce à cette majorité, Viktor Orbán est sûr de pouvoir se faire élire premier ministre une troisième fois par le Parlement.

Bien que Viktor Orbán ait été élu premier ministre de 1998 à 2002, il devient surtout célèbre à partir de 2010, lorsqu’il est une seconde fois élu premier ministre, au milieu d’une profonde crise politique et économique qui a provoqué l’effondrement de la social-démocratie hongroise. Il se fera une nouvelle fois élire en 2014.

Durant ces huit années, il lance des attaques contre les libertés démocratiques, contre la liberté de presse, mais il prend aussi de dures mesures d’austérité contre les travailleurs et les classes populaires hongroises. Pendant ces mandats les politiques racistes contre la population Rom sont également un axe important de la politique d’Orban au pouvoir.

Lors de la « crise migratoire » en 2015, il en a profité pour achever la transformation de son parti, qui de base était plutôt libéral, en un parti « illibéral », conservateur et xénophobe. Orban devient l’une des figures de la vague de dirigeants « populistes » de droite qui ont commencé à émerger en Europe à la chaleur de la crise économique internationale. Il a accentué parallèlement le caractère autoritaire de son régime.

Il a fermé les frontières de la Hongrie sous prétexte que le pays est envahi par les migrants alors que les migrants ne font que passer par la Hongrie pour aller en Allemagne. Il refuse les quotas de réfugiés imposés par l’Union Européenne, et arme des milices d’extrême droite pour qu’elles patrouillent sur les frontières. Sa politique s’explique aussi par des facteurs internes. Depuis l’effondrement de la social-démocratie, le seul parti d’opposition face à Orban a été le Jobbik, le parti néo-nazi hongrois qui a fait 19,6% à la dernière élection législative. Même si ce dernier a connu un certain « recentrage », la pression de son discours antisémite, profondément anti-Rrom, xénophobe, a fait qu’Orban déploie plus brutalement sa politique réactionnaire pour ne pas perdre des voix dans les franges les plus radicalisées de l’électorat.

La classe ouvrière, les classes populaires, la jeunesse précarisée et les opprimés en Hongrie n’ont pas eu d’expression lors de ces élections. Les exploités n’ont pas de représentation politique. Cependant, cela ne veut pas dire qu’Orban est tout-puissant ou que le seul moyen de le contrer ce serait à travers la confiance en des forces politiques libérales ou néo-fascistes comme le Jobbik.

Bien que la Hongrie soit l’un des pays de l’ancien « bloc socialiste » qui a reçu la plus grande quantité d’investissements étrangers et qui a vu un grand nombre d’entreprises multinationales y ouvrir des usines, notamment de l’industrie automobile allemande, chaque année des milliers de jeunes et de moins jeunes quittent le pays pour trouver un futur meilleur ailleurs.

Ainsi, même si Orban développe un discours nationaliste réactionnaire, il est incapable de mettre fin à la dépendance de son pays vis-à-vis des aides européennes et surtout des investissements des capitaux étranger. La faille de l’obranisme viendra peut-être du malaise provoqué par ce décalage entre les discours populistes et démagogiques et la réalité de la vie de millions de travailleurs et de jeunes précarisés. Un réveil de la jeunesse combiné à l’action des travailleurs dans ces entreprises multinationales pourraient devenir tôt ou tard la force sociale capable de mettre fin aux politiques réactionnaires d’Orban en Hongrie.

 
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