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La Izquierda Diario
1er de mars de 2018 Twitter Faceboock

Bénéfices records, salaires bloqués
PSA : 1,9 milliards de bénéfices, 19 euros d’augmentation
Joël Malo

PSA affiche aujourd’hui des résultats historiques, 1,9 milliard de bénéfices en 2017, et la direction se félicite de diriger une « excellente entreprise ». Pourtant les salariés ne vont toucher qu’une ridicule part du gâteau. Derrière les milliards, l’exploitation des salariés.

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Une croissance des ventes de 15 %, plus de 3 millions de véhicules vendus, 65 milliards de chiffres d’affaires, 1,9 milliard de bénéfices ! L’année 2017 s’est close de manière tonitruante sur ces chiffres pour le groupe PSA qui affiche des résultats historiques. PSA est ainsi un groupe en excellente santé selon la direction et le gouvernement. Pas sûr pourtant que les salariés soient du même avis tant les conditions de travail se sont dégradées sur les différents sites : cadences intenables, sanctions disciplinaires si elles ne sont pas tenues, division entre les travailleurs en nivelant vers le bas par l’embauche en intérim en lieu et place de CDI, répression syndicale féroce, vastes plans de licenciements (2150 postes doivent être supprimés en 2018)…

Par ailleurs, la modernisation de la production appelée de ses vœux par la direction du groupe correspond à une régression encore plus accrue des conditions de travail. Dans le cadre du programme « Nouvel Élan pour la Croissance », signé en juillet 2016 par la CFE/CGC, CFTC, CFDT, FO et GSEA (seule la CGT ayant refusé de signer cet accord parmi les organisations syndicales représentatives), l’augmentation générale des salaires est de 1,5 %, avec comme augmentation minimale… 19 euros net par mois. Une augmentation qui ravit forcément Carlos Tavares, PDG du groupe, rémunéré 13 500 euros par jour ! Ainsi, là où les travailleurs et les travailleuses se serrent la ceinture, travaillent plus dur, plus longtemps, c’est bien le patronat qui se régale.

Toutefois, l’entreprise veut féliciter ses « excellents collaborateurs » en leur accordant une prime d’intéressement de 2400 euros. Cette prime unique est encore un moyen d’éviter d’augmenter les salaires d’autant qu’elle ne concerne pas les intérimaires, pourtant déjà les travailleurs les plus précaires de l’entreprise. Ces collaborateurs tant chéris, les salariés sous contrat avec PSA, sont également ceux qui sont visés par les plans massifs de licenciements et sont remplacés, petit à petit, par toujours plus d’intérimaires. PSA emploie 10 000 personnes en intérim, soit un ouvrier sur quatre.

PSA est bien aujourd’hui l’entreprise modèle, le poulain du capitalisme français. Ce qui gèle l’augmentation des salaires, c’est un accord collectif d’entreprise, ce qui permet les licenciements ce sont les « Plans de Sauvegarde de l’Emploi » ou plus récemment les ruptures conventionnelles collectives : autant d’attaques des capitalistes contre les travailleurs et travailleuses ces dernières années, avec une accélération de l’offensive du capital contre le travail avec la Loi Travail sous Hollande et la Loi Travail XXL sous Macron. Ce dernier a d’ailleurs choisi la DS7 Crossback comme voiture présidentielle, une voiture qui, à l’image de son quinquennat, représente toutes les attaques contre les salariés (augmentation des cadences, précarité, flexibilité) qui, eux, ne pourront jamais se payer un tel modèle.

Mais la bourgeoisie n’est pas seuement à l’offensive sur les conditions de travail. Pour dégrader ces dernières en évitant d’attiser la colère des salariés, mieux vaut utiliser les bons mots ! Ainsi, on remarque dans les discours de la direction de PSA, la disparition des mots « ouvriers », « travailleurs », « salariés » à la place desquels on entend « collaborateurs ». La collaboration, voilà ce que recherche la bourgeoisie. Les résistances des syndiqués CGT au sein du groupe PSA amènent la direction à réprimer violemment ceux qui ne sauraient collaborer efficacement.

Là apparaît le vrai visage de la bourgeoisie dont le seul objectif est le profit, et non pas, comme l’insinue la propagande patronale, « soutenir la croissance du Groupe, renforcer sa performance, pour faire gagner l’entreprise dans l’intérêt de ses salariés. » (Extrait du NEC). En effet, les prétendus intérêts communs du salariat et du patronat sont systématiquement invoqués par la bourgeoisie pour contenir la colère des travailleurs que ce soit à l’échelle d’une entreprise comme ici avec PSA ou à l’échelle nationale, car, c’est bien connu, l’exploitation est plus douce dans son pays.

Pourtant, dès 1849, Karl Marx écrivait dans la brochure, Travail salarié et capital que « les intérêts du travail et les intérêts du travail salarié sont diamétralement opposés. […] Dire : l’ouvrier a intérêt à un accroissement rapide du capital, cela signifie seulement que plus l’ouvrier augmente rapidement la richesse d’autrui, plus les miettes du festin qu’il recueille sont substantielles ; plus on peut occuper d’ouvriers et les faire se reproduire, plus on peut multiplier la masse des esclaves sous la dépendance du capital.

Nous avons donc constaté :
Même la situation la plus favorable pour la classe ouvrière, l’accroissement le plus rapide possible du capital, quelques améliorations qu’il apporte à la vie matérielle de l’ouvrier, ne supprime pas l’antagonisme entre ses intérêts et les intérêts du bourgeois, les intérêts du capitaliste. Profit et salaire sont, après comme avant, en raison inverse de l’autre. Lorsque le capital s’accroît rapidement, le salaire peut augmenter, mais le profit du capital s’accroît incomparablement plus vite. La situation matérielle de l’ouvrier s’est améliorée, mais aux dépens de sa situation sociale. L’abîme social qui le sépare du capitaliste s’est élargi. »

Depuis lors, la situation n’a pas changé. PSA essaye dans sa vidéo de bilan de fin d’année de faire croire à l’idée d’une grande famille (dans le plus pur style du capitalisme paternaliste) unie autour de valeurs. « Tous ensemble, nous réussirons et atteindrons nos objectifs », voilà le slogan de la bourgeoisie dont les réels objectifs, sous couvert d’écologie et de progrès, ne cherchent que la régression sociale afin d’augmenter encore sa marge de profit. Les objectifs de PSA ne peuvent se réaliser que sur le dos des travailleurs car c’est eux qui, par leur travail, nourrissent déjà les actionnaires et Carlos Tavares en premier lieu. Face aux offensives de la direction, nous rappelons notre soutien aux salariés dans leurs revendications pour l’augmentation conséquente des salaires et pour les embauches en CDI des intérimaires !

 
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