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La Izquierda Diario
24 de janvier de 2018 Twitter Faceboock

Récidive à l’extrême gauche
Après les flics, Lutte Ouvrière avec les gardiens de prison ?
Corinne Rozenn

LO n’en est pas à sa première glissade. On serait presque tenté de dire que ça devient une habitude, à force… On se rappellera les articles sur les manifs de flics, ces « petits fonctionnaires » qui sont « en première ligne pour constater la dégradation sociale et, au sens propre comme au sens figuré, la prendre en pleine figure ». Voilà maintenant que c’est pour les matons que le cœur de LO balance…

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Les prisons ? Pour LO, dans un premier communiqué du 17 janvier la « politique [sécuritaire consiste] à entasser des gens (…), témoignant autant de mépris aux prisonniers qu’à ceux qui sont chargés de les surveiller. Quelques jours plus tard, LO fait encore plus fort. Bien entendu il y a ces « malades [incarcérés] qui relèvent de l’hôpital psychiatrique », mais « comble du cyisme, l’État traite à peine mieux les gardiens aux effectifs insuffisants et dont les salaires, ceux de fonctionnaires de catégorie C, sont indignes. Ils ont raison de ne pas l’accepter ».

Après les flics, ces « petits fonctionnaires » qui avaient bien raison de manifester, l’arme à la ceinture, sur les Champs, voilà que les gardiens de prison seraient presqu’aussi mal traités que les prisonniers et qu’ils auraient bien raison de « se battre » ? Il faudrait plus de matons dans les prisons, pas moins de prisons ? Il leur faudrait un peu plus de fric sur leur fiche de paie, pour le « travail » réalisé ? Au profit de qui ?

LO, pourtant, a l’habitude de la propagande marxiste. Quand une situation est particulièrement inextricable, Lutte Ouvrière n’a pas peur de dérouler le programme dans les colonnes de son journal. Dans le cas du mouvement des matons, en revanche, on assiste à un aplatissement scandaleux sur les revendications de celles et ceux qui ne sont pas des « travailleurs en uniforme » mais bel et bien le bras armé de l’Etat pour faire régner l’ordre le plus inique dans les lieux de privation de liberté.

Alors certes, LO ne saurait être en deçà des rapports internationaux sur les violations systématiques des droits élémentaires par la France dans les maisons d’arrêt et les maisons centrales. Du coup, reconnaît LO, les « prisonniers [sont] toujours plus nombreux, enfermés dans des conditions inhumaines ». Mais « les gardiens de prisons subissent en première ligne les conséquences de cette brutalité ». Les pauvres… C’est ce que précise le titre du dernier communiqué, d’ailleurs : ils auraient « une tâche ingrate » et, de surcroît, « subissent le mépris de l’Etat ». Vite, un mouchoir et l’adresse pour verser à leur caisse de grève !

Dans les prisons, surpeuplées, où pour un peu moins de 59.000 places on entasse plus de 70.000 détenus, c’est notre camp social que l’on enferme : c’est la case obligée de la guerre qui est menée contre les pauvres, contre les plus précaires, dans les classes populaires, contre les plus exposés au racisme et aux discriminations.

Même les très libéraux think-tanks hollandais, qui n’ont pourtant rien de très révolutionnaires, reconnaissent que la baisse de la population carcérale aux Pays-Bas, qui compte 53 détenus pour 100.000 habitants (contre 98 en France ou 147 au Royaume-Uni) est la seule solution pour faire face aux problèmes de délinquance. Politiques de réinsertion, liberté surveillée, peines alternatives et amendes, voilà ce qui se pratique en Hollande avec, en conséquence, une baisse de 20% de la population carcérale en 10 ans et un tiers des cellules vides dans les centres pénitentiaires bataves. Dans un monde sans prison, il n’y aurait pas de gardiens. En attendant, pour LO, il faut être du côté des matons…

 
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