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4 de décembre de 2017 Twitter Faceboock

Patrons voyous
Témoignage. Handicapée après un accident du travail, puis licenciée par ONET

En pleine grève des travailleurs du nettoyage des gares de Paris-Nord employés par H.Reinier-ONET, cette même société a été condamnée pour harcèlement sexuel, harcèlement moral et discrimination. Ces faits mettent une nouvelle fois sur le devant de la scène les conditions de travail et les méthodes managériales scandaleuses qui règnent au sein de ce géant du nettoyage qu’est ONET. Ils permettent aussi de libérer la parole de celles et ceux qui en font les frais, à l’image de cette travailleuse qui a souhaité témoigner de son licenciement odieux par ONET, après un accident du travail.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Temoignage-Handicapee-apres-un-accident-du-travail-puis-licenciee-par-ONET

Propos recueillis par Flora Carpentier

« J’ai travaillé pendant plus de 15 ans chez ONET, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas été honnêtes : après un accident du travail, ils m’ont licenciée pour inaptitude. Ce qu’il s’est passé c’est qu’un jour, en soulevant un sac, je me suis retrouvée par terre car il y avait des morceaux de béton dedans, recouverts de papier essuie-main. Du coup, quand je l’ai soulevé, je me suis fait mal. J’ai été en arrêt pendant plus de 6 mois, puis j’ai repris le travail avec poursuite de soins : mon médecin avait spécifié que je devais y aller doucement. Au lieu de cela, ONET m’a donné du travail supplémentaire. J’avais des bâtiments en plus à nettoyer, et je n’avais pas le choix de les faire car l’autre fille ne pouvait pas s’en charger, elle disait qu’elle n’avait pas le temps et elle commençait à être en dépression. J’avais l’équivalent de plus de trois quart d’heure de travail supplémentaire par jour. En me dépêchant, je finissais une demi-heure en retard tous les jours. Tout ça pour la même rémunération, alors que j’aurais dû être payée en heures supplémentaires. Quand j’ai dis à mon chef que l’esclavage était fini depuis très longtemps, il m’a dit ‘si tu n’es pas contente, tu n’as qu’à partir’. J’ai tenu une semaine, puis je me suis refait mal au bras et j’ai été à nouveau en arrêt. »

« Pour eux, 400€ c’était suffisant pour un bras invalide »

« Puis j’ai été convoquée et ils m’ont dit qu’ils n’avaient pas de solution pour moi, que je ne pouvais pas rester en arrêt toute ma vie car pour eux ce n’était pas rentable, et qu’ils n’avaient rien trouvé pour me reclasser. Mais pour moi ils n’ont même pas cherché à le faire. Trois mois après, j’ai reçu ma lettre de licenciement. Pour 15 ans d’ancienneté, j’ai touché 800€. J’ai trouvé ça inacceptable. Quand je leur ai demandé un dédommagement pour mon handicap, ils m’ont dit que c’était bien cher payé pour le travail effectué, et qu’ils avaient déjà doublé la somme à cause de l’accident du travail. Pour eux, 400€ c’était suffisant pour un bras invalide. »

« Je suis obligée de travailler avec la douleur, sinon mes enfants ne mangeraient pas »

« Pour avoir trop forcé, mon bras ne s’est jamais soigné : je ne peux plus le lever, le baisser, ou le mettre en arrière comme je le faisais avant, ni porter. Mon tendon est atrophié et je ne peux rien faire : ce n’est pas opérable. A 34 ans, je ne peux plus exercer mon métier. Je me retrouve handicapée d’un bras, mais mon taux de handicap n’est pas assez élevé pour avoir droit à un revenu. En dédommagement, je ne touche que 300€ tous les trois mois, de la sécurité sociale. C’est sûr que je vais aller loin avec ça ! Et comme mon bras est touché, j’ai du mal à retrouver du travail. ONET aurait dû essayer de me reclasser, me proposer des choses, une formation. Au lieu de ça, ils m’ont dit qu’ils n’avaient rien à me donner. Même Pôle Emploi ne m’a rien trouvé vu mon niveau, n’ayant été à l’école que jusqu’en sixième. Du coup je n’ai pas le choix : je suis obligée de travailler avec la douleur, sinon mes enfants ne mangeraient pas. Car ceux qui disent qu’ils peuvent vivre des allocations, je leur tire mon chapeau. Personnellement, elles ne me permettent pas d’arriver à la fin du mois.

Je finirai par dire que je ne veux pas qu’il y ait mon nom sur cette histoire. Je ne veux être qu’une personne parmi tant d’autres, car ça n’arrive pas qu’à moi, beaucoup de personnes vivent des choses semblables. »

Si vous souhaitez également témoigner de vos conditions de travail, contactez-nous par Facebook ou par mail à [email protected].

 
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