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La guerre se poursuit

Yemen. Livraison d’armes aux saoudiens, le gouvernement temporise face à la pression ?

Depuis quelques jours la polémique refait surface concernant la vente d’armement français aux pays en guerre contre le Yémen. Un navire saoudien était ces derniers jours près du Havre pour embarquer des armes, il repart actuellement sans la cargaison, la pression est-elle trop forte pour le gouvernement ?

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La problématique n’est pas nouvelle pour les gouvernements vendeurs d’armes, jusqu’où peut-on pousser le commerce avec un pays en guerre sans que personne ne dise rien ? C’est peut être aujourd’hui une limite que touche le gouvernement français, alors que ce vendredi, un navire saoudien (le Bahri Yanbu) repart – à priori – sans sa cargaison d’armement made in France.

Un commerce loin d’être nouveau

On le sait, la France est un grand producteur d’armes, les gouvernements successifs ne s’en cache d’ailleurs pas, l’industrie de l’armement français se portent bien, il le crie haut et fort. Entre les guerres qui se poursuivent actuellement dans le monde et l’escalade « défensive » générale, ce marché n’est pas sur le point de s’épuiser. Dans le cas de l’Arabie Saoudite, on parle d’un des plus gros clients français, des échanges de longues dates entre les deux pays, qui rapportent gros à la France, ce sont plusieurs milliards qui transitent chaque année.

Les critiques sont nombreuses sur ce type de commerce, mais récemment, ce sont plus précisément l’implication d’armes, fabriquées en France, dans la guerre au Yémen, qui sont pointées du doigt. Les doutes pouvaient avoir lieu d’être dès les premières transactions, mais ce n’est que récemment, alors que la situation au Yémen est toujours plus catastrophique que les voix s’élèvent.

Un rapport de Disclose qui met le feu au poudre

C’est le 15 avril dernier que le journal Disclose, fait éclater une part de la vérité, alors que le gouvernement maintenait que les armes qu’il fournit aux pays en guerre contre le Yémen ne sont pas utilisés spécifiquement pour celle-ci. Dans son rapport, le journal avance un certain nombre de preuves du contraire, le gouvernement aurait donc menti à ce sujet. Une affaire dans laquelle la ligne a été compliquée à tenir pour le ministère de la défense, sa ministre Florence Parly maintient après la sortie du rapport ne pas avoir de preuves, alors que c’est une note interne du gouvernement sur laquelle s’appuie Disclose. C’est sur toute la ligne que Disclose met à mal le gouvernement, la ministre qui affirmait par exemple « Nous ne fournissons rien à l’armée de l’air saoudienne ».

Le gouvernement s’enfonce dans son bourbier impérialiste

Depuis cet affaire, les sorties publiques ont toujours été sous tension pour le ministère et le gouvernement, Disclose, rejoint par de nombreuses ONG demandent l’arrêt immédiat des ventes d’armes, en s’appuyant notamment sur l’exemple d’autres puissances européennes qui sous la pression ont, elles, arrêtés.
En début de semaine, la polémique refait surface, avec l’arrivée d’un navire saoudien vers le port du Havre. Ce mardi 7 mai, le gouvernement a seulement rétorqué aux interrogations, que le Havre était un grand port français, ce n’était donc « pas étonnant qu’un cargo saoudien s’y arrête », n’ayant honte de rien. La ministre de la défense a du dès le lendemain avouer qu’il « y aura un chargement d’armes en fonction et en application d’un contrat commercial qui a été passé il y a plusieurs années ». Macron est également intervenu, précisant qu’il assumait les ventes d’armes et renouvelant le mensonge d’avoir la « garantie  » qu’elles « n’étaient pas utilisées contre des civils ». La cargaison n’est pas connue, mais elle devait donc bien avoir lieu, plusieurs hypothèses tendent vers des canons Caesar, armes produites par Nexter Systems, qui doit encore (selon Disclore) expédier 129 engins vers l’Arabie Saoudite d’ici 2023.

La polémique a continué d’enfler, alors que le navire devait accoster à 18h mercredi. Plusieurs ONG ont de leur côté tenté un recours judiciaire suspensif pour empêcher le chargement.

Durant les manifestations du 9 mai, alors que le navire n’avait toujours pas accosté, au Havre un rassemblement a eu lieu sur le port, pour protester contre ce chargement controversé.

Finalement, ce vendredi 10 mai, on apprend que le bateau s’éloignerait à nouveau. La livraison d’armement ne se sera donc pas faîte cette fois-ci. Au grand damne du gouvernement qui a cherché toute la semaine à justifier la poursuite de cette politique.

Une chose est claire, les enjeux sont gros pour le gouvernement. Il souhaite en effet maintenir ses relations commerciales avec ses plus gros clients en terme d’armement, mais surtout comme le dit elle-même la ministre de la Défense : « la France a des intérêts dans cette région du monde », et le gouvernement ne compte pas s’asseoir dessus, quitte à fournir des armes qui s’abattent sur la population yéménite. Pour ces intérêts, tous les moyens semble bons, suite aux révélations de Disclose, trois de leur journalistes ont étés convoqués par la DGSI, un moyen de mettre la pression aux personnes tentant de montrer la vérité. Cette répression, entre évidemment dans le cadre du tournant que prend le gouvernement, avec entre autre la loi anti-fake news, qui ne semble d’ailleurs s’appliquer que dans un sens.

Dans le cadre de ce qui est considéré comme l’une des plus grandes catastrophes humanitaires mondiales, l’État français a tenté de poursuivre ses objectifs. Cette fois ci, la pression a semble t-il été trop forte, alors que la crise des Gilets Jaunes peinent à se refermer, Macron et les siens n’ont sûrement pas souhaité prendre le risque d’ajouter une nouvelle crise et temporise sur le terrain de l’impérialisme, terrain qui pourrait être celui d’une immense contestation tant la France est impliqué, partout à travers le monde, sans les pires atrocités pour le maintien de l’ordre impérialiste.

Crédit photo : MOHAMMED HUWAIS AFP OR LICENSORS


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