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« Y’a la colère dans le cathéter », les hospitaliers déterminés à faire barrage à la casse de l’hôpital public

Ce jeudi 6 juin a eu lieu à Paris la manifestation nationale appelée par le Collectif Inter-Urgences, constitué à la suite de l’assemblée générale du 25 mai et réunie pour faire revendiquer plus de moyens pour les hôpitaux.

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Ils étaient plus de 1 000 à manifester depuis Montparnasse jusqu’au ministère de la Santé afin de faire entendre leur détresse. Dans certains services d’urgences les grèves ont démarré depuis des mois pour dénoncer les conditions de travail inhumaines, les burn-out, les suicides, les coupes budgétaires, le manque d’effectifs ainsi que pour réclamer des revalorisations sur leur salaire au vu de la charge de travail qui leur incombent. Les urgentistes étaient soutenus par leurs collègues des autres services, qui loin d’être indifférents, ressentent les mêmes manques et pressions, dans un contexte où le gouvernement privatise les hôpitaux comme cela a été fait avec le plan Hirsh.

Tendant des banderoles au nom des hôpitaux mobilisés, les urgentistes arboraient des blouses blanches sur lesquelles figuraient également leurs revendications. Beaucoup étaient mêmes déguisés en cercueil, en zombie ou en infirmier.es transpercé.e.s par du matériel médical, ce qui a rendu paradoxalement le cortège très vivant. Des méthodes inventives qui rappellent que les grévistes, qui ne peuvent pas laisser leurs patients sans soin, font ce qu’il est surnommé une « grève sparadrap », c’est-à-dire qu’ils restent travailler tout en trouvant des astuces sur leurs tenues de travail pour informer. Ils étaient en moyenne 3 à représenter leurs établissements, ce qui rend la manifestation peu représentative de l’état de la mobilisation qui concerne actuellement plus de 80 établissements.

Et c’est également une manière d’apaiser ceux qui doivent parfois attendre des heures aux urgences quand le personnel doit faire face à des cadences infernales. Les slogans, prenant à parti la ministre du travail, ont été ponctués des chansons de grève dont notamment celle des urgentistes de Valence « y’a la colère dans le cathéter », largement relayée sur les réseaux sociaux, mais aussi par des phrases directement inspirées des manifestations récentes, comme « on est là, même si vous le voulez pas nous on est là ! ». Certains urgentistes, comme ceux de Valence, portent même des gilets jaunes lors de leurs démonstrations locales pour converger sous le signe des injustices sociales. Une horde de journalistes était également présente, alors qu’ils étaient absents lors de la manifestation des cheminots deux jours avant, dans un contexte où plus d’un salarié se suicide par semaine. L’information, ça se trie.

« On dit aux enfants que la police ça court après les voleurs. C’est difficile de leur expliquer qu’on vient chercher papa ou maman parce qu’il faut qu’ils aillent au travail et qu’il ou elle a rien fait de mal. »

Le cortège, composé de syndiqués et non syndiqués, a constitué une délégation de 10 personnes au terme de la manifestation pour interpeller le ministère. A défaut d’y trouver Agnès Buzyn, ils se sont adressés à la DGSO (la Délégation Générale des Affaires Sociales). Celle-ci rappelait à l’ordre les grévistes sur France Inter d’un maternel « Ce n’est pas bien » tout en déclarant « La règle dans le monde médical, c’est que quand on fait grève, on met un brassard mais on vient travailler, pour ne pas mettre en danger la vie d’autrui ». Il est d’autant plus vicieux de tenir ces propos quand les personnels ont tellement une conscience professionnelle que, devant le ministère, ils ont entamé une série de doléances poignantes à destination de tous les patients et personnels qu’ils n’ont pas pu aider, parfois la veille de leur mort ou de leur suicide, ou même dans un moment critique.

La délégation, composée des membres du Collectif Inter-Urgences mais aussi de délégués Sud, CGT et FO, a porté des revendications presque unitaires, tant le constat matériel est général (entre 300 et 400 euros de primes et au moins 10 000 embauches). Mais l’État ne l’entend pas de cette façon : pas plus tard qu’hier, dans la nuit du 5 juin, des urgences de Lons-le-Saunier se sont fait directement réquisitionner chez eux par la police, et ce alors qu’ils avaient déposé un arrêt maladie ou étaient dans leur jour de repos. Et cette réquisition s’est faite avec l’accord du directeur de l’hôpital qui, à l’instar de ses collègues, n’est pas plus formé à la médecine que Lombard, le responsable des suicides chez France Télécom, ne l’est à la téléprospection. Pourtant ce sont ces profils, formés dans les hautes écoles de management, qui décident du temps de travail et des salaires, puis vont criminaliser les travailleurs qui demandent seulement le minimum des moyens. Une autre manifestation nationale, appelée par l’inter-fédérale, est appelée pour le 11 juin à destination de l’ensemble des personnels.


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