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185 familles sur la paille

Whirlpool Amiens : le repreneur abandonne l’usine, un autre se propose avec 145 licenciements

Pour les salariés le coup est rude : devant le tribunal de commerce d’Amiens, c’est le désarroi le plus total après que l’entreprise qui avait repris le site de Whirlpool à Amiens, WN Factory, ait déposé le bilan, un an après le scandale de la délocalisation de l’usine en Pologne, qui produisait alors des lave-linge.

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Au tribunal, la question posée est celle d’un repreneur pour l’entreprise, avec Ageco Agencement, qui propose de garder uniquement 44 salariés sur les 185. Une proposition inacceptable pour les salariés, manipulés à des fins électorales dans l’entre-deux tours des présidentielles, quand Emmanuel Macron avait visité l’usine, pendant que Marine Le Pen faisait des selfies avec des employés. Laissés sur le carreau, avec des familles ouvrières, dont la seule perspective est le chômage ou des emplois précaires.

Alors que le « sauveur Macron » a lâché les salariés, et que pendant un an Nicolas Decayeux, le patron du MEDEF de la Somme, qui avait repris l’usine, ait demandé de taire la réalité de leur usine, les langues se délient. En effet, pendant un an, les salariés ont beau être payés, rien ne sort de l’usine, si ce n’est pendant les quelques visites officielles où quelques machines sont relancées. A l’origine de ce redressement judiciaire, un audit réclamé par la préfète de la Somme pour y voir plus clair. Le constat est simple : plus de trésorerie. Et la question que tout le monde se pose : où sont passés les millions laissés par Whirlpool pour quitter Amiens (7,4 millions d’euros), ceux de l’État (4 millions) et ceux des collectivités territoriales ? Un total de 12 millions qui s’est évaporé en un an alors que la production était arrêtée. Notamment, 179 000 € manquent à l’appel dans des dépenses injustifiées ; des aveux de Decayeux, le reste a permis de financer les salaires. « Pfff, personne n’y croit ! confie un salarié à Libération. Alors que pour 2018 le CAC 40 a enregistré 88,5 milliards de bénéfices dont 57 reversés aux actionnaires, il n’y aurait pas d’argent pour sauver une entreprise de 185 salariés !

Devant le tribunal, les salariés huent leur ancien patron, qui les a trahi, tout comme le gouvernement Macron et toutes celles et ceux qui étaient plus préoccupés de leur image dans l’entre-deux-tours que de leurs véritables problèmes, pendant que les ouvriers perdaient un à un leur emploi. Ni le Président de la République ni la présidente du Rassemblement National n’étaient présents à l’audiences, au point où les ouvriers se sentent dupés par tous et toutes. Juste une haine et de la colère contre un système qui va les broyer.

Au delà des promesses, c’est bien une volonté politique, qui soutient un système mortifère : celui du capitalisme, où une entreprise doit absolument être rentable ou fermer ses portes. Maintenir des emplois pour ceux-ci servent la collectivité plutôt que des actionnaires, nationaliser les usines : impensable pour Macron comme Le Pen, tout deux chantres de l’ultra-libéralisme, quitte à détruire des vies et la classe ouvrière. Une politique ultralibérale qui n’a pu tenir qu’avec le soutien tacite des directions syndicales, qui n’ont jamais fait de la défense des Whirlpool -tout comme des GM&S- un enjeu national de mobilisation. Chaque emploi détruit est pourtant une attaque contre toute la classe ouvrière, et la riposte ne peut pas être boite par boite. Il faudra bien tirer les leçons de toutes ces vies brisées par le patronat et le gouvernement, et élaborer une stratégie pour gagner et mettre fin à une société qui négocie la vie d’êtres humains sur l’autel des profits.

Crédits photos : Denis Charlet. AFP


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Vincent Duse

Ouvrier PSA-Stellantis Mulhouse, militant CGT

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