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PATRONS-VOYOUS

Westin Paris Vendôme : 168 emplois supprimés, les directions syndicales complices

Depuis le jeudi 4 mars 2021, les salarié.e.s du Westin Paris Vendôme, Hôtel de luxe de la capitale, se réunissent chaque jeudi devant leur établissement afin de lutter contre une attaque sans précédent de la part de leur direction : un plan social et économique (PSE) prévoyant la suppression de 168 emplois, ce qui représente 45% des effectifs de l’enseigne.

Gaëlle Piriou

19 avril 2021

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Le but de cette boucherie sociale est clairement assumé : profiter de la crise pour restructurer l’hôtel, en licenciant massivement pour remplacer des services jusque-là assurés en interne par des sociétés de sous-traitance. Sans aucun état d’âme, le groupe MARRIOT, dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 18 milliards d’euros en 2020, et le fonds d’investissement HENDERSON PARK, propriétaires de l’établissement, jouent le jeu du patronat en prenant le parti de pérenniser leurs bénéfices et précariser un maximum d’emplois. Sont concernés l’intégralité des effectifs des services de conciergerie, du standard et du SPA, 88% des effectifs du service d’hébergement, soit la totalité des femmes et valets de chambre et des gouvernantes, 50% des effectifs de la bagagerie, et 21% de ceux de la restauration. Yamina, femme de chambre, confie : « On assiste à une véritable casse sociale, et pour moi, je sais l’importance de ce mot, c’est un viol, un viol de l’hôtellerie parisienne ! »

Les salarié.e.s du Westin Paris Vendôme sont d’autant plus en colère que, face à cette offensive du patronat, ils n’ont pu compter que sur eux même, en s’organisant à la base. David, bagagiste et voiturier, témoigne : « ce qu’il s’est passé au niveau des directions syndicales, c’est qu’ils n’ont pas fait le travail de négociateur. Pour le PSE, ça a mis 3 mois de négociations, même si j’arrive pas vraiment à dire négociation puisqu’ils n’ont jamais rien négocié. La seule chose qu’ils ont obtenu c’est un salaire planché de 1900€ augmenté à 2600€. C’est un peu pour donner une petite carotte aux bas salaires de l’hôtel, sans jamais écouter les revendications des salarié.e.s. On peut imaginer qu’ils ont fait ça pour protéger des intérêts personnels. C’est quoi l’intérêt pour un syndicaliste de pas venir avec nous au combat dans le mouvement des jeudis de la colère ? C’était à eux d’initier tout ça, de nous dire allez on va se battre, c’était à eux de quitter l’étape de négociation du PSE et de nous montrer comment s’organiser contre. Nous, on est montés pour parler aux directions syndicales, et ils ont fait la sourde oreille. »

La collaboration des syndicats à cette casse sociale est tellement visible et honteuse que le siège de la US Commerce CGT a sorti un communiqué de presse pour se désolidariser de leur directeur syndical, ce dernier faisant partie des trois directeurs syndicaux cosignataires du PSE (avec Force Ouvrière et la CFE CGC), et le siège de CGT a tenu à s’excuser auprès des salarié.e.s impacté.e.s : « nous avons été informés hier, lundi 12 avril, que le DS CGT Commerce Paris avait engagé la signature de notre organisation syndicale sur l’accord du PSE proposé par la direction de cet hôtel, et ceci contre notre avis (…). Nous tenons à réaffirmer ici que ce positionnement est contraire aux valeurs de notre organisation qui se bat pour sauvegarder l’emploi et non pour des primes supra légales ou les intérêts individuels de certains ». A ce propos, David confie : « c’est un beau panier de crabes, révélateur, ça pose de grosses questions de corruption. On comprend pourquoi les syndicats perdent en crédibilité. Depuis le début, les jeudis, y a personne des instances représentatives syndicales de l’hôtel qui était là, mis à part nous les suppléants. Mais on s’est constitué en collectif en oubliant la bannière syndicale sous laquelle on a été élus, par respect pour les salariés qui nous ont élus, on se bat pour eux. »

Tous les jeudis, à 13h, au 3 rue de Castiglione dans le 1er arrondissement de Paris, les salarié.e.s en lutte se réunissent pour contester ce plan social et économique (PSE) signé ce 12 avril, qui les précipite dans la précarité. Devant les grilles dorées du groupe Marriott, les travailleur.euse.s continuent de mener leur combat. Après qu’elles.ils soient allé.e.s soutenir les femmes de chambre de l’Hôtel IBIS Batignolles devant les prud’hommes le 7 avril, celles-ci, en grève depuis plus de 20mois, sont venues ce jeudi montrer leur solidarité. Directement concernée par cette question du recours à la sous-traitance, Sylvie, une des femmes de chambre gréviste, témoigne : « nous savons déjà que la sous-traitance c’est la maltraitance ! qu’est ce qu’il se passe actuellement dans la tête du patronat ? en plus ils ont des aides ! »

Le secteur de l’hôtellerie bénéficie en effet d’un apport d’aide de l’État inédit justifié par l’impact de la crise sanitaire sur ce secteur d’activité : 4 milliards d’euros ont en effet été consacrés au soutien de l’hébergement restauration parisien. Iba, chef cuisinier, témoigne : « le gouvernement a mis en place énormément d’aides pour soutenir ces groupes hôteliers. Clairement, moi je suis en colère ! » En réalité, ces aides ne bénéficient qu’au patronat et en aucun cas aux salariés, comme en témoigne le massacre social en cours actuellement dans l’hôtellerie de Luxe : aux 168 licenciements prévus au Westin Paris Vendôme s’ajoute la suppression de 250 postes au Méridiens Etoile, et 200 au Hayat Paris étoiles.

Les salarié.e.s du Westin Paris Vendôme n’arrêteront pas la lutte après la signature du PSE : elles.ils ont décidé de le contester devant les prud’hommes. Plus que jamais, elles.ils vous donnent rendez-vous ce jeudi 22 avril et tous les autres jeudis de la colère qui suivront, au 3 rue de Castiglione à Paris, pour s’unir et se battre contre cette gifle du patronat, derrière ce mot d’ordre : ce n’est pas aux travailleur.eu.ses de payer la crise.


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