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Crise sanitaire

Vague meurtrière de Covid-19 en Russie : un revers pour le régime de Poutine face à la pandémie

Le nombre de morts et de contaminations bat des records en Russie. Alors que le régime a produit le premier vaccin contre la Covid-19, à peine 33% de la population est vaccinée. Un revers dû à sa gestion désastreuse de la crise qui a nourri la défiance de la population vis-à-vis de la vaccination.

Carla Biguliak

2 novembre 2021

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Le variant Delta fait rage en Russie. Chaque jour, le record absolu du nombre de décès et de contaminations est battu. Au cours des trois derniers jours, le nombre d’infections quotidiennes a dépassé 40 000, soit le chiffre le plus élevé depuis le début de la pandémie. Avec 1 178 décès supplémentaires au cours des dernières 24 heures, la Russie a enregistré le nouveau maximum quotidien depuis le début de la pandémie de coronavirus. Cela fait de ce pays le premier pays au monde où l’on enregistre le plus de décès par coronavirus par jour actuellement. Cette recrudescence épidémiologique surcharge les hôpitaux, où les médecins se retrouvent avec une charge de travail excessive et, dans les zones les plus isolées du pays, les hôpitaux alertent sur le manque d’oxygène.

Face à l’échec de sa politique sanitaire, le régime accuse la responsabilité individuelle

Cette situation alarmante n’est pas nouvelle, mais elle s’aggrave chaque jour. Pour le seul mois d’octobre, la Russie a enregistré près d’un million de contaminations. Le président Vladimir Poutine a décrété une semaine chômée du 30 octobre au 7 novembre pour contenir la crise, dans le but de réduire au maximum les contaminations et de briser les chaînes de transmission du virus. Cela implique la fermeture de services non essentiels et le confinement de personnes vulnérables non vaccinées, notamment les plus de 60 ans.

Les autorités russes attribuent la forte augmentation de cas et des décès à l’agressivité du variant Delta – 10 sous-variants ont été détectés – ainsi qu’au faible taux de vaccination dans le pays et au manque de respect strict des règles sanitaires. La situation est devenue tellement incontrôlée que le journal La Croix rapporte que Vladimir Poutine lui-même s’est adressé à la population le 20 octobre dernier en ces termes : « S’il vous plaît, soyez responsables ». La réponse du régime consiste donc à mettre en cause la responsabilité individuelle afin de passer sous silence sa gestion chaotique de la crise sanitaire. Ainsi, l’ancien Premier ministre Dmitry Medvedev a publié une tribune dans le journal officiel Rossiïskaïa gazeta dans laquelle il rendait les citoyens responsables de la reprise épidémiologique : « si nous ne trouvons pas de moyen de convaincre les gens que leur comportement est irresponsable, voire même asocial, nous pourrions faire face à des temps encore plus difficiles ».

Un revers pour Poutine sur le plan géopolitique

Pourtant c’est bien la politique du gouvernement qui a favorisé la défiance vis-à-vis du vaccin. Et pour cause, la campagne de vaccination en Russie est un échec. Alors que le premier vaccin contre la Covid-19 a été produit en Russie, seul 38,2% de la population russe a reçu au moins une dose, et sur ce total, 32,7% est complètement vaccinée. Un pourcentage extrêmement faible qui est loin de pouvoir garantir une immunité collective. Selon le journal La Croix, le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov ne serait à ce jour lui-même pas vacciné.

Sur le plan géopolitique, cette nouvelle vague meurtrière de Covid-19 met à mal le régime de Poutine. Rappelons que si la Russie a été le premier pays à mettre au point un vaccin – Spoutnik V – contre le virus, elle le fournit également à plus de 70 pays, principalement en Amérique latine et en Afrique. Cet atout lui avait donc permis de gagner en puissance sur la scène internationale. Or de ce point de vue la séquence actuelle met le régime en porte-à-faux et permet à ses concurrents occidentaux d’entretenir la défiance à l’égard du vaccin russe. Le journal L’Express rapporte ainsi : « Spoutnik V fait face à une double défiance : intérieure et internationale. Le sérum développé par l’Institut Gamaleya se révèle être un échec cuisant ».

En fin de compte, cette nouvelle vague en Russie nous rappelle qu’à rebours de la politique autoritaire mise en place par les gouvernements, pour venir à bout de la pandémie il s’agit de chercher à convaincre de l’efficacité du vaccin en organisant des campagnes de vaccination par en bas, c’est-à-dire sous contrôle des les soignants et de la population,basées sur la pédagogie pour convaincre plutôt que la contrainte, et en imposant la levée des brevets sur les vaccins afin de pouvoir en produire suffisamment pour les besoins de l’humanité.


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