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Racisme d'État

Utopia 56 sur la loi Immigration : « Cette loi va intensifier la criminalisation des exilés »

Alors que le gouvernement a lancé cette semaine des concertations avec différentes associations de défense des exilés autour du projet de loi Immigration, nous avons interviewé la coordinatrice d’Utopia 56 pour la ville de Toulouse. Elle revient sur la traque aux sans-papiers organisée par le gouvernement et sur ce que promet le nouveau projet de Darmanin.

Maëva Amir

28 novembre 2022

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Révolution Permanente : Vous êtes coordinatrice d’Utopia 56 à Toulouse, pourriez-vous nous présenter l’association et son action au quotidien ?

 

Utopia 56 est une association présente dans plusieurs villes de France. Elle a été créée en 2015 pour aider à gérer la situation dans la jungle de Calais et ensuite s’est développée partout en France. Nous faisons principalement de la mobilisation pour l’accueil des exilés.

 

A Toulouse, nous réalisons des maraudes sociales c’est-à-dire de l’aide aux démarches administratives pour les personnes en demande d’asile et particulièrement les personnes albanaises. Nous faisons également des maraudes d’urgence avec distribution de nourriture et nous avons ouvert depuis peu des maraudes auprès des mineurs non accompagnés.

 

RP : Le gouvernement prépare depuis quelques semaines une nouvelle loi immigration. Au vu des annonces de Darmanin autour de la traque dans sans-papiers, de la « police du séjour » et de la simplification du recours aux expulsions, à quoi peut-on s’attendre si la loi est votée ?

 

Nous discutons du projet de loi dans toutes les antennes et c’est vrai qu’il s’inscrit dans une rigidification de la politique d’accueil qui s’intensifie depuis quelques années. Les conditions de vie des exilés sont de pire en pire, ils sont précarisés et ont de plus en plus peur au quotidien notamment pour celles et ceux qui habitent dans les squats. Ce projet de loi ne va qu’intensifier la criminalisation des exilés que l’on fait passer pour des délinquants. Les expulsions sont de plus en plus faciles et les lois qui protègent les squatteurs sont de plus en plus restreintes.

 

RP : Avez-vous déjà constaté un durcissement dans la façon dont les personnes que vous accompagnées sont traitées ces dernières années avec le gouvernement Macron ? 

 

Oui, on voit au quotidien des démarches qui s’attardent, des blocages administratifs. Très clairement quand on voit l’accueil des exilés ukrainiens où tout est automatique, que ce soit l’accord du droit d’asile ou l’accès au logement, et que nous on croise des demandeurs d’asile qui auraient droit à un logement à la rue parce qu’il n’y a plus de place c’est très compliqué. Cela se durcit également au niveau policier où l’on reçoit des appels d’exilés qui nous expliquent que les policiers passent pour faire de l’intimidation.

 

Je suis coordinatrice depuis juillet mais je sens déjà que le climat est tendu et que les exilés ont de plus en plus peur. Sur les campements de demandeurs d’asile, ils sont bien au courant de ce qui va se passer pour eux avec ce projet de loi, c’est même eux qui nous en ont informé. Traquer les sans-papiers, cela pose vraiment question, ce sont des personnes arrachées à leur pays de naissance, ils ne font pas ça par plaisir.

 

Par ailleurs sur le droit d’asile, certains pays sont inscrits dans la liste des pays « sûrs » alors même que les populations vivent une situation économique compliquée dans leurs pays. C’est le cas notamment de l’Albanie tout particulièrement pour la communauté Rom qui subit des discriminations importantes et n’a pas d’autre choix que de quitter le pays. Avec le durcissement du droit d’asile beaucoup de personnes risquent leurs vies pour passer à Calais.

 

RP : Cette semaine, pour tenter de créer une forme de consensus autour de cette loi, Darmanin a hypocritement invité des associations à des « concertations ». Que pensez-vous de cette démarche de la part du gouvernement ?

 

Avec Utopia 56 nous n’avons pas été invités et nous ne y serions pas allés si nous avions été invités. Nous restons une association indépendante. Ces concertations sont contraires à nos valeurs car nous sommes pour une politique d’accueil optimale et contre cette politique de non-accueil mise en place par le gouvernement. Malgré les concertations, la loi qui en découle restera quand même problématique. En plus, je ne sais pas à quel point les associations vont vraiment être concertées et écoutées.

 

RP : Face à une loi qui promet d’attaquer de manière inédite le droit d’asile et les droits élémentaires des étrangers en situation irrégulière, comment se coordonner et se préparer à lutter contre cette loi ?

 

A Utopia 56 nous allons continuer à accompagner ces populations peu importe ce qui se passe. Nous allons tout faire pour communiquer sur le projet de loi pour que tout le monde soit au courant de la situation. Avec d’autres associations comme le DAL (droit au logement) 31 ou médecin du monde, nous tentons de construire un plaidoyer pour dénoncer les manquements de la préfecture de Toulouse en matière de respect du droit d’asile. Nous avons écrit deux communiqués de presse et des appels à rassemblement sur la situation des Albanais notamment.

 

Dans tous les cas, nous essayons de jouer sur le peu de loi que nous avons notamment des circulaires qui disent « pas d’enfants à la rue » alors qu’il y a pleins de famille à la rue. Ce projet risque encore de nous mettre des obstacles mais nous allons continuer à lutter pour un accueil digne des personnes exilées. 


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