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La grève se poursuit

Urgences. Les annonces de Buzyn sont loin d’être à la hauteur de la crise !

Agnès Buzyn a dévoilé ce lundi un plan d'action visant à faire taire la contestation dans les urgences, mouvement qui s'étend depuis plusieurs mois. Aucune embauche, des financements insuffisants : les annonces sont loin d'être à la hauteur de l'urgence.

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Après plusieurs tentatives minimales pour enrayer le mouvement de grève qui dure depuis 6 mois dans près de 250 services d’urgences engorgés et en manque de moyens, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a présenté son plan d’action ce mardi aux représentants du personnel, du collectif Inter-Urgences, syndicats et dirigeants hospitaliers. Voici les 12 mesures qui en sont ressorties :
Amont des urgences :

  •  Service universel pour répondre à toute heure : le S.A.S. ; service d’accès au soins, mis en place pour la rentrée 2020. Il s’agit d’un service téléphonique et en ligne avec un accès à toute heure pour un conseil ou une orientation vers une consultation.
  •  Renforcer l’offre de consultation des médecins libéraux. Avec la création de 50 nouvelles maisons médicales de garde, surtout dans les territoires où les urgences sont saturées
  •  Rendre plus accessibles des consultations sans rendez-vous avec des transports sanitaires urgent sans frais auprès de médecins équipés de matériel de biologie et pratiquant le tiers-payant.
  •  Faciliter la prise en charge de patients par du personnel médical non médecin comme des pharmaciens, des kiné… qui pourront faire des prescriptions ou examens simples 
  •  Circuit d’admission direct dédié aux personnes âgées en lien avec les EHPAD Organisation des urgences
  •  Vidéo assistance pour tous les SAMU notamment pour réguler les arrivées de patients provenant des EHPAD
  •  Augmenter les compétences des paramédicaux
  •  Reconnaitre les compétences des infirmiers qui vont être étendue avec la création des I.P.A. : infirmier de pratique avancées
  •  Réduire les dérives de l’interim médical 
  •  Financement des urgences sur une base forfaitaire pour qu’elle couvre mieux les besoins du territoire alors qu’aujourd’hui c’est à l’activité
  •  Une sécurité renforcée pour les professionnels travaillant aux urgences Aval des urgences
  •  Une coopération entre tous les services pour libérer les places dans les hôpitaux avec la mise en place d’un logiciel gestionnaire de lits.

    Les causes de l’engorgement des services d’urgences seraient… les patients !

    Les usagers sont depuis des mois la cible qu’Agnès Buzyn tente d’atteindre en supprimant des lits, des services et des hôpitaux, créant de véritables déserts médicaux et redirigeant les patients vers la médecine privée.

    Dissuader les patients de venir être soignés semble être la solution de la ministre pour désengorger les urgences plutôt que de fournir les fonds nécessaires à une prise en charge de qualité, puisque la moitié des mesures mises en place et les plus coûteuses sont celles censées réguler l’arrivée des patients aux urgences.

    Pas un mot en revanche sur une création quelconque de postes, très loin donc des 10000 postes réclamés par le collectif inter-urgences pourtant vitaux dans ces services. Selon 20 Minutes, pour beaucoup de soignants, l’embauche de personnel supplémentaire est le grand absent de ces mesures. « S’il n’y a pas de médecins, d’infirmières, d’aides-soignantes en plus dans les EHPAD, par exemple, les personnes âgées continueront d’aller aux urgences, prévient Patrick Bourdillon (CGT). Dans six mois, on aura à faire face aux mêmes problèmes, surtout avec la grippe… »

    Un manque criant de moyens que l’on tente de combler par la flexibilité des postes dans les hôpitaux

    Des postes plus flexibles, cela signifie qu’un seul soignant assure le travail de plusieurs postes, et c’est malheureusement déjà ce qui est en cours dans les hôpitaux aujourd’hui. Les infirmiers par exemple, dont la charge de travail déjà faramineuse va encore s’alourdir en « étendant leurs compétences », ou encore pour le personnel d’EHPAD, à qui l’on en demande toujours plus avec toujours moins de moyens...

    La santé subit de plein fouet ces réformes néolibérales, qui font des hôpitaux de véritables entreprises. La souffrance au travail est omniprésente dans les hôpitaux pour les personnels soignants.

    Des fonds débloqués ?

    En outre, la promesse de la ministre de débloquer 750 millions d’euros sur trois ans, après six mois de combat, montre bien qu’il est possible d’allouer des fonds rapidement quand il s’agit d’essayer de faire taire la contestation. Mais cette somme reste dérisoire : une augmentation, étagée sur trois ans, de moins de 10% du budget de la santé au total pour créer des services supplémentaires et non pas régler les problèmes internes aux hôpitaux tel que réouvrir des lits, des postes ou des fonds pour les locaux vétustes, manques qui sont le résultat d’une coupe budgétaire d’un milliard d’euros, que l’on a imputée année après année à notre service de santé publique.

    Toujours selon le journal 20 Minutes, les soignants mobilisés considèrent que les fonds débloqués sont très insuffisants. « La ministre n’est plus dans le déni, mais dans le mépris » selon Christophe Prudhomme, représentant de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et de la CGT. Pour Patrick Bourdillon, secrétaire fédéral de la CGT Santé, « Cette somme, c’est une goutte d’eau dans l’océan. Les urgences, c’est le haut de l’iceberg, mais tout l’hôpital est très malade… »

    Et bien évidemment, le plan de Buzyn ne comporte rien non plus sur les salaires – c’est pourtant une des revendications centrales pour le collectif Inter-Urgences comme pour les syndicats.

    Continuons le combat !

    Au fil de ces six mois, le gouvernement a plusieurs fois reculé et de manière de plus en plus significative : des primes offertes à, aujourd’hui, l’obtention de 750 millions d’euros. Si ces avancées, obtenues grâce à la lutte des travailleuses et des travailleurs de l’hôpital, sont la preuve que le gouvernement sait trouver de l’argent pour les services publics lorsqu’il s’y sent forcé, elles restent largement insuffisantes pour pallier à la crise des urgences et de tous les services de santé.

    Nous n’aurons de système de santé fonctionnel et pérenne que lorsque l’on cessera de considérer la santé comme un secteur qui doit générer du profit, et que le personnel médical travaillera avec des conditions et des salaires dignes.

    Ainsi, il est nécessaire de poursuivre la lutte. Le collectif inter-urgence doit se réunir ce mardi 10 septembre afin de statuer sur la suite du mouvement. D’ores et déjà, une manifestation est appelée le 11 septembre à Paris.

    Il est nécessaire de poursuivre cette lutte et de la faire converger avec d’autres secteurs tel que les pompiers, les profs, les Gilets jaunes, celles et ceux qui se battent contre la réforme des retraites, les jeunes qui se mobilisent pour le climat... Le mois de septembre est jalonné de dates de mobilisation séparées pour tous ces secteurs, fruit de la stratégie contre-productive des directions syndicales. C’est tous ensemble, et par la grève, que nous pourrons gagner contre ce gouvernement qui casse les services publics et fonctionne au service des profits privés !

    Crédit Photo : ERIC FEFERBERG / AFP


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