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« Il faut s’organiser pour lutter contre le capitalisme et le patriarcat »

Université d’été. Une rencontre de femmes combattantes de plusieurs pays !

Les discussions sur la nouvelle vague féministe à l'échelle internationale et le collectif Du Pain et des Roses étaient au cœur de l’université d’été internationaliste et révolutionnaire organisée par Révolution Permanente et ses organisations européennes sœurs du réseau La Izquierda Diario. De nombreuses femmes, des jeunes mais aussi des femmes travailleuses de France et d’autres pays, ont participé aux échanges sur l’intervention de Du Pain et des Roses dans le combat féministe et les phénomènes de la lutte des classes.

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Cheminotes, agents de nettoyage, travailleuses précaires de différents secteurs… Plusieurs femmes travailleuses, aussi souvent mères de famille, étaient présentes à l’université d’été de Révolution Permanente. Rencontrées lors des différentes luttes de ces dernières années que ce soit la bataille du rail ou la grève d’Onet, sur des piquets de grève ou sur leur lieu de travail, l’université d’été a été notamment l’occasion d’échanges et de discussions entre toutes ces femmes venues de différents pays, de différentes expériences et horizons. Des échanges qui ont porté sur la nouvelle vague féministe, les expériences des différents collectifs Du Pain et Des Roses qui existent dans plusieurs pays d’Europe et la nécessité de se battre contre le capitalisme et le patriarcat pour une société libérée de toute exploitation et de toute oppression. Quelques-unes des femmes travailleuses présentes nous ont fait part de leurs impressions après ces quelques jours d’une université politique, avec de nombreux ateliers et meetings notamment sur les questions féministes, pour la construction d’une organisation révolutionnaire, féministe, internationaliste et anti-impérialiste. Après ces riches échanges, elles sont nombreuses à se proposer de construire, à nos côtés, ce collectif féministe anti-capitaliste et lutte de classes qu’est Du Pain et des Roses en France et nous en sommes très fières !
 
Fernande, ex-gréviste d’Onet, agent de nettoyage des gares SNCF et syndicaliste : « L’université d’été a été riche en rencontres. C’était très intense et cela m’a renforcé de voir et discuter avec des femmes travailleuses d’autres pays, qui vivent la même chose que nous. Nous, les femmes, on fait beaucoup de choses, si on reste unies on peut aller jusqu’au bout de nos rêves. On a eu le plaisir d’échanger avec Andrea D’Atri, et aussi avec des femmes d’Italie, d’Allemagne ou encore d’Espagne. L’atelier animé par Françoise Vergès m’a également beaucoup touché et m’a apporté de belles réflexions. Nous, les femmes de la classe ouvrière, on sait ce qu’est la pénibilité du travail. Même si on est précaires, même si on n’a pas fait de longues études, on peut se battre ensemble. Nous, les militants de la classe ouvrière, les délégués syndicaux, notre rôle c’est aussi de convaincre nos collègues de lutter pour nos conditions de travail, ainsi que de dénoncer l’exploitation : travailler dans la précarité ce n’est pas une fatalité. Il est temps qu’on se lève pour pouvoir revendiquer nos droits. »
 
Oumou, ex-gréviste d’Onet : « L’université d’été m’a beaucoup plu, c’était beaucoup plus que des moments de détente. J’ai appris beaucoup de choses. Au début, je ne savais pas ce qu’était le féminisme, je ne connaissais pas grand chose mis à part notre lutte. Je n’étais pas au courant des luttes que des femmes menaient ailleurs dans d’autres pays, et cela m’a donné encore plus de courage pour me battre ici. Ces moments et ces rencontres m’ont énormément apporté, comme par exemple l’atelier animé par Françoise Vergès. C’était une fierté pour nous d’être citées dans son livre. Cela montre que notre combat a été entendu. Partager ces moments avec les cheminotes et les cheminots, avec toutes les personnes de Révolution Permanente qui nous poussent sans cesse en avant et qui ont fait connaître notre combat, et ces femmes combattantes de différents pays, c’est quelque chose qu’on n’oubliera jamais ! Merci beaucoup ! »
 
Linda, cheminote et syndicaliste à Sud Rail : « Cette université d’été m’a confirmé que les différentes luttes à travers le monde sont communes les unes des autres, avec pour point commun le capitalisme, qui cause dans le monde du travail des répercussions irréversibles quant aux souffrances causées par l’organisation du travail. J’ai constaté que peu importe le métier exercé d’ouvrier, enseignant en passant par l’informatique ou la santé, cette souffrance est réelle et découle d’une politique économique où l’homme est perçu comme un outil de production et non considéré comme être à part entière !! J’ai pu voir le documentaire réalisé par Révolution Permanente, "Les Petites Mains (In)Visibles" sur la grève des travailleuses et travailleurs de Onet, qui nettoient les gares. QUEL MAGNIFIQUE EXEMPLE DE SOLIDARITÉ POUR UNE LUTTE LOUABLE, RESPECTABLE, avec des hommes et des femmes qui, au-delà des différences, ont su faire preuve de détermination afin de faire reconnaître leurs droits ! Je suis admirative de ce combat, de ces hommes et ces femmes qui se battent sur le terrain, à leur échelle, malgré les énormes difficultés, comme par exemple ne pas savoir lire ni écrire le français pour beaucoup ! Des exemples de luttes qui valent plus que tous les syndicats réunis ! »
 
Hanane, cheminote : « J’ai participé à cette université d’été 2019 en connaissant vaguement le collectif Du Pain et des Roses et le féminisme. J’ai eu la chance de participer à des échanges entre les militantes de ce collectif en France, Italie, Espagne et Allemagne, j’ai appris et compris certaines choses, notamment leurs engagements dans toutes les luttes dans les différents milieux hospitaliers, femmes de ménage, dans l’hôtellerie, les étudiantes...On y a vu les travailleuses d’Onet qui sont toujours aussi déterminées. Elles nous ont raconté leur combat pas toujours facile entre leur vie de famille, en tant que mère, femme et travailleuse, ce qui n’est pas toujours facile et elles ont réussi à remporter une victoire... une telle détermination en tant que femme, mère et travailleuse, ça donne envie de se battre ! »
 
Fabienne, cheminote : « L’université d’été m’a permis de me rendre compte à quel point la lutte pour les droits des femmes est nécessaire. J’ai pu échanger avec des militant.e.s féministes d’Argentine, sur leurs luttes pour le droit à l’avortement, toujours illégal malgré la forte mobilisation de la population. J’ai ouvert les yeux sur la situation en Italie où le droit à l’avortement existe mais où les médecins refusent de le pratiquer. Comment de nos jours peut-on laisser des femmes dans l’obligation de subir des avortements clandestins avec un risque énorme de décès ? J’ai aussi appris qu’en France une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son conjoint. Le fait de rencontrer des militants qui nous racontent leurs luttes m’a énormément aidé à me sentir moins seule, plus forte, face à ce que j’ai pu subir simplement parce que je suis une femme. Dans ma vie j’ai dû plusieurs fois porter plainte pour violence conjugale, c’est la condamnation de mon ex conjoint qui m’a permis de mettre fin à mon calvaire. Après ça j’ai dû élever mes deux fils seule, et j’ai dû continuer d’aller travailler. A l’époque je n’avais aucune conscience de l’ampleur de la souffrance faite aux femmes, je ne parlais pas de ma situation, comme beaucoup je pense. Après ces 5 jours à l’université d’été, grâce aux militant.e.s de « Du Pain et des Roses » je me sens capable de ne plus rester immobile, de militer à leurs côtés et de parler de ce que j’ai vécu pour que d’autres femmes parlent aussi et se libèrent de leurs souffrances elles aussi. »
 
Tamara, travailleuse dans l’aéronautique : « Pan y Rosas est un collectif qui rassemble déjà plusieurs milliers de personnes en Amérique du Sud. C’est émouvant de le voir se construire aujourd’hui en Europe avec un profil résolument internationaliste et lutte de classes puisqu’étaient réunies au même endroit des femmes étudiantes et travailleuses de France mais aussi d’Italie, d’Allemagne et d’Espagne. Les témoignages de femmes gilets jaunes, de femmes de la santé, de l’aéronautique, de femmes immigrées du nettoyage ont réaffirmé plus que jamais l’importance de se constituer en tant que collectif féministe et organisé qui se pose comme sujet politique de son émancipation à la fois contre le capitalisme et le patriarcat. Comme la construction européenne en est encore à ses prémices, ce rassemblement a permis d’échanger sur les réussites de notre intervention en tant que collectif mais aussi sur les difficultés qui nous empêchent encore de convaincre le plus grand nombre de nos idées. Nous partagions une certitude, celle que en ce moment de résurgence des mouvements de lutte de femmes que nous vivons aujourd’hui, il existe définitivement un espace pour l’expression d’un féminisme socialiste et révolutionnaire. »


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