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Université d’été. Le Nouveau Parti Anticapitaliste fait sa rentrée

Devant un public de centaines de militants, se déroulait à Port Leucate, ce lundi 24 août en soirée, le meeting d’ouverture de la 7ème université du NPA. Dans un contexte post congrès, marqué par une baisse du nombre de militants, et par l’absence de majorité à la sortie du congrès, cette université d’été a réuni près de 600 militants, soit un peu plus que l’année précédente. Cinq intervenants ont animé le meeting d’ouverture en vue de « préparer la rentrée sociale et politique ».

Damien Bernard

25 août 2015

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Armelle Pertuis, enseignante dans les Hauts de Seine, a introduit les débats insistant sur la période de crise, qui depuis 2008, a vu aussi bien les gouvernements de droite comme de gauche, appliquer des politiques de casse de droit du travail, d’austérité dans les services publics, tandis que les capitalistes se sont versés près de 427 milliards de dividendes en 2014. C’est aussi la répression syndicale et des mouvements sociaux, avec notamment la révocation de la fonction publique du postier Yann Le Merrer, une première depuis 1951, et la condamnation d’une cinquantaine de militants ayant manifesté suite à la mort de Rémi Fraisse, dont Gaétan militant du NPA. Le début de l’année 2015 a été marqué notamment par de nombreuses grèves sur les augmentations de salaires durant les Négociations Annuelles Obligatoire, avec notamment les travailleurs de la SNECMA, Carrefour Market, etc.., suivies par des grèves dans l’Education nationale et la Santé avec l’APHP. Le début d’année a aussi été marqué sur le plan international par la question de la Grèce et de la crise de la dette qui ont vu « Hollande, Merkel et les rapaces de la finance » faire pression pour l’application d’un nouveau plan d’austérité et le remboursement de la dette. Cette dette « on ne la paiera pas ».

Ensuite, Julien Salingue, chercheur en politique engagé sur la question palestinienne, a abordé le sujet de la militarisation en rappelant notamment qu’un an auparavant, c’est l’attaque meurtrière de l’Etat d’Israël contre la bande de Gaza avec l’opération Bordure Protectrice, qui avait rythmé l’université d’été. Cette année, avec le blocus de la bande de Gaza en complicité avec les gouvernements impérialistes, la mortalité infantile a augmenté pour la première fois depuis 50 ans, atteignant un chiffre comparable avec certains pays d’Afrique ravagés par le SIDA.

Pour ce qui est de la Syrie, sa population est victime des conséquences des politiques des impérialistes et de leurs relais locaux, avec notamment le régime d’Assad, et les massacres perpétrés par l’Etat Islamique, nés des conséquences de la destruction de l’IRAK par les impérialistes. Salingue a alors insisté sur le rôle de première importance de l’impérialisme français dans ces conflits, qu’il joue soit directement par l’intervention armée, soit indirectement en soutenant des régimes et en vendant des armes. C’est aussi une guerre contre un ennemi intérieur, que Valls théorise pour la première fois comme un « choc des civilisations » contre les musulmans, en les stigmatisant, et en utilisant le « charlisme » contre « l’autre musulman » mais aussi les « migrants » et les « militants pro-palestiniens ».

Yousif Fatihelrahman, journaliste soudanais, est également intervenu en tant que délégué des réfugiés du campement de la rue Pajol, appelant à la solidarité avec les migrants et dénonçant les armes vendues en Afrique par « les entreprises de vos pays », ou encore les milliards d’euros qui vont directement combattre l’immigration et traiter « les gouvernements et dictatures en place ».

Christine Poupin, porte-parole du NPA, a abordé le débat sous l’angle de la crise climatique en constante aggravation, « une catastrophe silencieuse mondiale » qui s’est illustré récemment avec l’explosion de Tianjin, faisant 114 morts et plus de 700 blessés, et contaminant par la-même l’environnement. La seule solution à cette crise ne peut se résoudre que par « l’expropriation des grands capitalistes de l’Energie, de la banque et de la finance ».

Pour conclure, Philippe Poutou, ouvrier à Ford Blanquefort, ancien candidat aux élections présidentielles, a abordé « la rentrée sociale et politique », insistant sur les « difficultés auxquelles on est confronté », avec un gouvernement qui multiplie les attaques et une « arrogance patronale » de plus en plus grande. C’est aussi le climat répressif du mouvement syndical et social et la montée des idées réactionnaires qui « contribue à diviser ». Malgré la difficulté de la situation, il a exprimé la volonté du NPA de se présenter aux élections présidentielles.

Il a ensuite dénoncé la « politique des directions syndicales » puis a critiqué un Front de Gauche « chauviniste », sans perspective, mais dont la crise serait pourtant « un handicap » pour nous, car on serait dans le même camp. Alors même que cette crise pourrait être une brèche pour faire avancer l’extrême gauche et les idées révolutionnaires, cette appréciation souligne que la politique de l’ancienne majorité du NPA pèse toujours, en l’occurrence une politique centrée sur l’interpellation des réformistes et la recherche permanente de l’unité avec eux sur le plan politique, cela malgré le vote majoritaire au dernier congrès de la motion refusant toute alliance électorale avec le Front de gauche et ses composantes.

Sur la question de la Grèce, l’hétérogénéité et les débats internes du NPA se sont également exprimés par des propos contradictoires. Ainsi, Poutou a commencé par évoquer les « leçons » de la crise grecque, faisant allusion à un « gouvernement réformiste au programme pas très radical », dans l’incapacité de mettre en œuvre « ses propres réformes », ce qui démontre selon lui « l’impossibilité du réformisme ». De ce constat juste, Poutou a enchaîné sur la nécessité d’une rupture avec l’Union Européenne comme préalable à toute transformation sociale. Rupture avec l’UE, qu’il a relativisé dans un second temps, en explicitant que le débat ne se situait pas sur le plan du maintien dans l’euro ou non, mais bien du point de vue de l’expropriation des secteurs stratégiques de l’économie.

Cette division du parti sur la question de la Grèce et Syriza avait déjà polarisé le congrès de janvier dernier sur la question du soutien au gouvernement Tsipras, l’ancienne majorité justifiant son soutien à Syriza en théorisant l’émergence de « nouveaux réformismes ». La capitulation de Tsipras et l’application d’un 3ème mémorandum réactualisent l’importance de ces enjeux stratégiques qui rythmeront l’ensemble de l’université d’été, notamment pour la France où il est question des rapports au Front de Gauche et à ses courants.


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