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Élections du CA

Université Paris Cité. Pour une écologie révolutionnaire à la fac : un raffineur dans nos conseils

Alors que dans le Conseil d’Administration de l’Université Paris Cité siège un PDG d'une entreprise pétrolière, avec Le Poing Levé nous présentons la candidature d'Adrien Cornet comme personnalité extérieure, un raffineur à Total et militant révolutionnaire et écologiste pour dénoncer la présence de patrons dans les conseils de l'université.

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Université Paris Cité. Pour une écologie révolutionnaire à la fac : un raffineur dans nos conseils

© Crédits photo : Révolution Permanente

Les élections des conseils centraux de l’université Paris Cité se sont tenues il y a plus d’un mois. Ces conseils antidémocratiques sont composés de personnalités extérieures qui seront élu.es par les membres du Conseil d’Administration le 2 juin. Alors que la campagne électorale a été marquée par la censure du Poing Levé pour avoir remis en cause l’écologie pro-patronale défendue dans cette université, nous présentons la candidature d’Adrien Cornet, ouvrier à Total Energies. L’occasion de dénoncer la présence des entreprises polluantes dans la fac, mais aussi de défendre une université où les savoirs sont mis au service de l’émancipation et de la lutte écologique, aux côtés des travailleurs qui luttent contre leurs patrons et pour utiliser leur outil de travail au service de la transition écologique. En ce sens, nous allons lancer une pétition en direction des étudiants pour appeler à dégager les représentants d’entreprises polluantes du conseil d’Administration de l’université.

Dans une adresse à la jeunesse, Adrien Cornet, travailleur à la raffinerie de Grandpuits et délégué syndical CGT, explique ainsi sa candidature, pour une alliance essentielle entre le monde ouvrier et la jeunesse, pour mettre en place une véritable transition écologique ouvrière et révolutionnaire. Nous publions ci-dessous sa profession de foi :

Madame, Monsieur,

Raffineur et délégué syndical CGT à la raffinerie Total Energies de Grandpuits, je présente ma candidature au conseil d’administration de l’Université de Paris Cité pour défendre la nécessité d’une université au service d’une transition écologique révolutionnaire et urgente, pour défendre une lutte écologique des chercheurs, ingénieurs et étudiants qui se fasse de concert avec les ouvriers des entreprises de l’énergie. La lutte que je mène au quotidien contre le patronat pollueur, j’entends la mener dans les universités où ce même patronat cherche à former les chercheurs de demain à son service.

Je n’ai passé que peu de temps à l’université en tant qu’étudiant mais j’ai pu constater à quel point ce système écrasait les étudiants et empêchait tout épanouissement. Venant d’un lycée populaire de Seine-et-Marne, l’université m’est apparue comme un lieu excluant où les élèves sont sommés d’étudier sans broncher pour obtenir un diplôme le plus rapidement possible, sans pouvoir poser la question de l’utilité et du contenu des cours. De la même manière, la confrontation quotidienne à la sélection et à la précarité étudiante décourage de nombreux élèves, notamment des couches populaires.

Pour autant, la jeunesse a toujours eu la force et l’énergie de lutter pour son avenir. Cette détermination, je l’ai ressenti dans toutes les luttes auxquelles j’ai participé, et notamment en janvier 2021 lorsque Total Energies a annoncé un plan social dans ma raffinerie. Ce géant pétrolier a décidé de supprimer plus de 700 emplois. Tout cela au nom de… l’écologie. Médiatiquement et vis-à-vis de nous, Total se vantait de mettre en place un projet écologique de conversion du site en industrie d’agrocarburant et de bio-plastique. En réalité, il s’agissait de délocaliser pour bénéficier de normes sociales et environnementales moins contraignantes. Avec les autres raffineurs, on s’est mis en grève à la fois contre le plan social mais aussi pour dénoncer l’hypocrisie de Total et lutter pour une vraie transition écologique.

En effet, nous sommes les premiers concernés par la pollution : on respire en continu et depuis des années, des vapeurs toxiques issues de la pétrochimie, qui sapent notre santé et celles de nos proches. La pollution chimique de l’usine touche en premier lieu la région dans laquelle nous vivons, impactant les rivières et les champs.

Pendant une grève de 45 jours, nous avons pensé un contre-projet de reconversion écologique du site en lien avec la maîtrise de notre outil de travail, avec des étudiants, des ingénieurs en formation et des personnalités du monde associatif nous apportant leurs compétences. L’objectif était de penser à une écologie du bien commun où le contrôle de la production serait réalisé par les ouvriers et la transition imaginée en lien avec la population.

On s’est alors rapproché de l’organisation étudiante Le Poing Levé, des Amis de la Terre et de Greenpeace pour mener une politique commune contre Total, visible dans une tribune Les raffineurs de Grandpuits ont raison contre Total Energies parue dans le journal Libération et signée par de nombreuses personnalités politiques et syndicales. Nous avons démontré l’hypocrisie écocide de Total Energie, leur projet de transition était plus polluant que le raffinage. Bien loin de vouloir arrêter les hydrocarbures, Total voulait délocaliser leur production dans des pays aux régimes souvent autoritaires, avec des normes sociales et environnementales désastreuses pour les populations locales et la planète, et ce avec la bienveillance de l’Etat français.

De plus, nous avons aussi dénoncé la politique de la multinationale au-delà de nos frontières, en solidarité avec les populations menacées par l’exploitation de nouveaux gisements d’hydrocarbure, notamment du projet EACOP d’un oléoduc chauffé géant, visant à extraire plus de 200 000 barils de pétrole par jour en traversant l’Ouganda et la Tanzanie.
C’est l’expérience de cette lutte que je défends aujourd’hui, pour lutter avec la jeunesse pour une université au service de la transition écologique et de la reconversion des industries polluantes sous contrôle des travailleurs et en lien avec les besoins de la population. La jeunesse, dans cette université comme partout dans le monde, est consciente de la nécessité d’un changement radical de la société, notamment pour combattre une crise climatique dont les conséquences se font chaque jour sentir plus fortement. Je présente ma candidature en écho à ces étudiants qui n’aspirent pas à devenir des futurs managers pour Total, L’Oréal ou Bolloré, et qui ne veulent pas que leurs savoirs soient mis au service d’une « transition » écologique pro-patronale pensée pour sauvegarder les profits et les intérêts des grandes entreprises.

Au cours des élections étudiantes, la présidence de l’université Paris-Cité a cherché à censurer la liste du Poing Levé, qui dénonçait la présence du PDG d’une entreprise de pétrole dans le Conseil d’Administration. À l’inverse, ma candidature au Conseil d’Administration de l’Université Paris Cité me permet de porter ce message à la jeunesse : nous pouvons lutter ensemble contre les patrons pollueurs qui modèlent l’université selon leurs intérêts et menacent nos emplois sous le faux prétexte de l’écologie.

Nous avons une lutte à mener en commun contre le patron de Total qui pense pouvoir décider de ma vie, de celle de mes collègues et toutes les personnes qui vivent sur cette planète, et contre celui de Schlumberger qui dirige cette université pour former une main d’œuvre au service de ces profits. Nous avons besoin d’une lutte commune pour un quotidien et un avenir sans précarité, avec une retraite à 60 ans et des conditions de vie et de travail dignes !

Nous avons besoin d’une université ouverte à tous et toutes, sans sélection, entièrement gratuite et où les savoirs seront mis au service du plus grand nombre pour s’émanciper et construire une société libérée de toute exploitation et oppression, respectueuse du climat et de l’environnement.

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