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Elections européennes

Une liste « renaissance » pour LREM ? Des élections pour lancer l’acte 2 du quinquennat

Après les Gilets Jaunes, le Macron qui parlait de « révolution », de bousculer la vieille politique semble bien loin. Celui-ci prend désormais le parti d'une « renaissance », c'est en tous cas ainsi qu'il a nommé la liste LREM pour les européennes.

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Photo : © AP

En deux ans de gouvernance, Macron a perdu tout son électorat de gauche, et celui-ci compte bien conserver la base sociale qu’il lui reste en poursuivant le train des réformes, malgré l’instabilité politique profonde sur le plan social. 

Pour tenter de se refaire une santé, Emmanuel Macron entend « tester » son « nouveau projet » à l’occasion des européennes et ainsi amorcer l’acte 2 de son quinquennat. Le gouvernement se sait plus affaibli que jamais, mais il sait aussi que sa principale opposition est extraparlementaire. La faiblesse des formations concurrentes lui offre une possibilité de ressortir gagnant du scrutin. C’est en tout cas ce que prédisent les sondages, qui lui donnent une avance sur le RN. Pour ce faire LREM tente le pari de la « Renaissance », souhaitant profiter de l’éclatement de ses adversaires pour rassembler autour de lui comme il y était parvenu dans sa première année de gouvernance.

« Rassembler » ceux qui le veulent bien encore

Cependant, les équilibres ne sont plus les mêmes. Après l’enchainement de déboires pour Macron, entre la bataille du rail du printemps 2018, l’affaire Benalla et l’irruption du mouvement des Gilets Jaunes, l’attractivité de la macronie s’est considérablement dégradée. Après les départs de l’été, c’est aujourd’hui Grivaux et Mahjoubi qui ont quitté le gouvernement. Un nouveau casse-tête pour Macron. 

Cette faiblesse se traduit très concrètement par le fait que le parti macronien semble avoir abandonné l’espoir de faire de LREM une grande organisation politique rassemblée derrière un leader intraitable. Le choix pragmatique est désormais celui d’une coalition, ses nouvelles recrues sont pour ainsi dire plutôt dorlotées. Ainsi, le patron de WWF France Pascal Canfin assure qu’il a eu la garantie qu’il pourrait critiquer publiquement la campagne s’il n’est pas d’accord sur son contenu, alors qu’il en sera le 2ème nom de la liste ! Finie l’obligation de quitter son ancienne formation politique et de se plier aux ordres du chef pour rejoindre la macronie, aucun des candidats de la liste n’est forcé à abandonner son ancienne étiquette politique et d’intégrer LREM, une première.

Une campagne ancrée à droite toute et repeinte d’un vert peu convainquant

Macron semble donc loin de structurer une organisation digne de ce nom. Et si sa base électorale a pris un coup depuis son élection, le président cherche à se recomposer à droite, profitant de la crise prolongée de LR. Face aux difficultés à gagner et à conserver à ses côtés une fraction du « peuple de gauche », LREM se veut plus que jamais « parti de l’ordre », de la répression, de la militarisation des rues face aux Gilets Jaunes et de la remise en cause du droit de manifester. Sa liste prévoit en ce sens également un grand renforcement de la défense européenne et de la politique répressive de l’immigration.

Mais prêt à manger à tous les râteliers, Macron tente aussi à nouveau le pari du « libéralisme vert », qui lui avait permis d’accrocher quelques secteurs « progressistes » lors de sa campagne de 2017. En effet, la crise écologique a été mise au centre des débats des européennes avec les marches pour le climat, qui ont rassemblée les milliers de jeunes.

Selon un sondage Ipsos - « Le Monde », l’écologie serait le 3ème sujet de préoccupation des français à propos de l’Europe (34%), derrière l’immigration et le terrorisme, et devant les inégalités sociales (33%). Après avoir dynamité le réseau ferré avec sa réforme du rail, au profit du tout routier, refusé d’interdire le Glyphosate, et renoncé à ses objectifs concernant le nucléaire, LREM semble pourtant en bien mauvaise position pour se la jouer écolo. Ainsi sa liste aux européennes sera composée non seulement de Pascal Canfin, mais on trouve aussi dans sa tribune une banque pour le climat, une force sanitaire... Une récupération symbolique qui risque fort d’avoir du mal à convaincre, d’autant plus que depuis le début de son quinquennat le président des riches dirige les quelques mesures « écologiques » qu’il entreprend contre la population, notamment les automobilistes, opposant « écologie » et « social », tout en épargnant sans surprise les vrais pollueurs, les entreprises capitalistes.

En bref, il y a une forme de paradoxe entre une « renaissance » politique qui s’annonce plus que délicate à moyen terme, et une potentielle « victoire » sur le terrain électoral, dans une élection qui enregistre traditionnellement des records d’abstention. S’il se peut fortement qu’il sorte conjoncturellement renforcé de l’échéance, la situation de crise politique « par en haut » qui a trouvé une expression dans la rue avec le mouvement des Gilets Jaunes est loin de se refermer. Alors que la mobilisation aborde son 20ème acte, les annonces d’attaques fortes contre la fonction publique, les privatisations à outrance et surtout l’attaque contre les retraites sont autant de séquences pouvant (re)mettre le feu aux poudres sur le terrain social. Ici, ce sont bel et bien les politiques d’accompagnement des directions syndicales qui restent le meilleur des appuis pour le « président des riches ». Un appui qui est aujourd’hui mis à mal par le mouvement des Gilets Jaunes lui-même, qui témoigne que la colère sociale est si forte que de nouvelles « poussées à la base » ne sont pas à exclure, y compris dans le monde du travail et dans la jeunesse.


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