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Intimidation policière

Répression : une journaliste de l’Obs et des gilets jaunes verbalisés à Paris le soir du 1er tour

Dimanche soir, alors que les résultats du premier tour étaient annoncés, un groupe de Gilets jaunes et une journaliste de l'Obs ont été arbitrairement verbalisés par la police pour « participation à une manifestation illégale ». Une intimidation policière qui augure le caractère répressif du prochain quinquennat.

Pierre Chavatte

11 avril 2022

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Ce dimanche 10 avril, la journaliste de l’Obs Emmanuelle Anizon s’est rendue dans le quartier de la Madeleine à Paris pour rencontrer un groupe de six ou sept Gilets jaunes afin de recueillir leurs craintes et leurs espoirs, à quelques minutes de l’annonce des résultats du premier tour de l’élection présidentielle. Attablés en terrasse, les Gilets jaunes racontent à la journaliste leur colère et leur envie de voir celui qui les a violemment réprimés pendant quatre ans éjecté du premier tour. Vers 19h30, le petit groupe se lève et la journaliste poursuit la conversation avec eux, lorsqu’une trentaine de policiers, tous vêtus de noir et portant des casques de moto vissés sur la tête, les encercle sirène hurlante : « contrôle d’identité, s’il vous plaît ! ».

Mais cette intimidation va très rapidement dépasser le contrôle d’identité, et les personnes présentes vont écoper d’une amende de 135 € pour « participation à une manifestation illégale ». La journaliste décrit dans un article de l’Obs : « les Gilets jaunes protestent, en colère mais pas surpris. Cette amende est devenue leur réalité banale, sous ce quinquennat ». En effet, c’est une provocation parmi tant d’autres du pouvoir faite à ces Gilets jaunes, verbalisés alors que les résultats du scrutin viennent de tomber, annonçant la victoire d’Emmanuel Macron.

Quant à Emmanuelle Anizon, elle a présenté sa carte de presse et a justifié sa présence sur place en arguant qu’elle était venue recueillir des témoignages sur l’élection présidentielle, espérant que cela suffirait pour que les forces de répression la laissent partir : « un policier me demande mon adresse, que je donne, tout en m’étonnant. Normalement, encore une fois, on montre sa carte de presse, et cela suffit ». Mais ce ne fut pas le cas, puisque les policiers ont décidé d’entraver la liberté de travailler de la journaliste en la verbalisant, comme au reste du groupe, pour le même motif. Lorsque la journaliste conteste l’amende, les policiers la bousculent et la plaquent contre le mur, l’un d’entre eux narguant : :« c’est moi qui vous ai verbalisée, si vous n’êtes pas contente, déposez plainte auprès de l’IGPN ! ».

Face à cette provocation de la police, Emmanuelle Anizon a décidé de relater les faits dans un article de l’Obs paru ce lundi 11 avril. Suite à quoi, la préfecture de police s’est excusée auprès de la rédaction du journal, en tentant de justifier cette intimidation par le fait que la carte de presse de la journaliste était à un format inhabituel.

Verbalisations pour avoir discuté des élections, entrave d’une journaliste dans son travail, cette répression policière est à l’image d’un quinquennat Macron marqué par de nombreuses offensives contre la presse et toutes formes d’opposition. Dans un contexte déjà fragilisé où les grands médias sont possédés par un petit clic de grands capitalistes, produire une information critique devient de plus en plus difficile. En ce sens, la loi Sécurité globale illustre bien les coups de butoir de la macronie contre la liberté d’informer. Cette loi a eu pour but de museler toutes revendications et toute contestation sociale.
A l’heure ou le scénario du match retour Macron-Le Pen se confirme au deuxième tour des présidentielles, il nous faut dès à présent préparer notre camp social à affronter la répression et les lois anti-sociales et liberticides. Ni Macron, ni Le Pen ne proposent rien d’autre que plus de répression, plus de surveillance globale et plus d’impunité. Face aux intimidations du pouvoir, l’urgence est à la construction d’un troisième tour social avec tous les secteurs en lutte pour contre-attaquer face aux offensives à venir.


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