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Vu sur le site du NPA

Une garantie de 5 milliards d’euros sous condition de restructurations sans tabou chez Renault

L’État français envisage de garantir un prêt bancaire d’environ 5 milliards d’euros pour le groupe automobile Renault avec les organismes bancaires qui réclameront bien sûr des intérêts.

NPA auto-critique

1er mai 2020

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Crédit Photo : Vue aérienne de l’usine de Renault Flins. Wikimedia Commons

Article du secteur automobile du NPA paru sur le site du NPA, le 28 avril

Le spectre de la faillite agité pour Renault est un leurre. « Too big to fail » (trop gros pour faire faillite) dit-on aux États-Unis et cela s’applique à une entreprise de la taille de Renault. Lorsque l’ex-patron Ghosn a été rattrapé par la patrouille japonaise, le ministre Lemaire s’était alors rappelé que l’État français était l’actionnaire de référence de Renault pour lui choisir un successeur. Dans les conseils d’administration du CAC 40, les « majorités » de décision ne sont pas arithmétiques, et avec 15% du capital, c’est bien le gouvernement qui en dernier ressort contrôle Renault… ou laisse le champ libre à des escrocs.

Pendant la crise, les affaires continuent. PSA accélère sa fusion avec Fiat-Chrysler et les grandes manœuvres autour du trio Renault Nissan Mitsubishi se poursuivent. Chacun dispute sa place dans les nouveaux équilibres financiers qui se construisent en pleine épidémie. Leur nouveau monde, c’est le monde d’avant, soumis à une concurrence encore plus vive. Et PSA fera en sorte que la garantie de prêt consentie aujourd’hui au seul Renault ne lui serve pas d’avantage concurrentiel.

Les deux principaux prêts prévus par le gouvernement, près de moitié du total inscrit actuellement au budget, visent deux entreprises à marché mondialisé et à capitaux partagés entre l’État et des partenaires non français, KLM pour Air France et Nissan pour Renault. Ces opérations visent d’abord à maintenir la position de ces firmes dans la compétition mondialisée. Voilà leur but essentiel et tant pis si elles appartiennent à des secteurs les plus polluants pour la planète, les transports aérien et la circulation automobile.

Le gouvernement réclame un nouvel « effort de compétitivité »

Dans une déclaration télévisée vendredi 24 avril, Bruno Le Maire a demandé aux entreprises aidées « un effort de redressement et de compétitivité » ainsi qu’« une politique environnementale ambitieuse ». Pour la politique environnementale ambitieuse, lorsqu’on commence par subventionner Air France qui ne peut changer ni sa flotte d’avions en service, ni ceux en commande à l’ horizon de plusieurs années, bonjour les dégâts ! En revanche, le mot « effort » est réservé à la compétitivité, avec un sens très précis pour un ministre en poste depuis Sarkozy.

La chasse aux « économies » est ouverte

Tout se tient dans leur monde. L’annonce de ce prêt à hauteur de cinq milliards d’euros et la préparation du plan Renault de 2 milliards d’économies à application immédiate. Bien sûr que le gouvernement en est informé comme tout actionnaire de référence qu’il est. Ce plan avait été annoncé à l’occasion de la présentation des résultats financiers 2019 et la suspension de la production automobile pendant l’épidémie de coronavirus aiguise la chasse aux économies lancée dès le mois de janvier 2020.

Le secret est de règle pour la mise en place de ce plan qui sera annoncé à la mi mai, dans le plein désordre attendu du déconfinement. Quelques informations fuitant dans l’entreprise et la presse professionnelle laissent présager de l’ampleur des mesures annoncées. Au programme, après le retrait déjà annoncé de l’activité voitures thermiques en Chine, ce serait la fin de l’Espace, du Scenic et des autres modèles confidentiels de haut de gamme. Les modèles assurés d’être maintenus dans la gamme Renault sont tous fabriqués en Turquie, Espagne, Slovénie et Maroc, avec en plus la fabrication de Dacia en Roumanie.

Pour maquiller cette reconfiguration à la baisse en modernisation dans l’air du temps, les véhicules électriques seraient mis en avant. Quelles que soient les perspectives à moyen terme de ce type de propulsion, lui aussi générateur d’effets nocifs pour le bilan carbone de la planète, il est probable que la situation causée par l’épidémie va handicaper leurs ventes, sauf subventions publiques à trouver au détriment d’autres secteurs.

Activités et emplois en moins, usines menacées

Les usines d’assemblage existant en France sont donc affectées à des modèles que Renault vend mal ou voudrait abandonner. La suite logique, c’est la mise cause d’une ou plusieurs usines en France, à commencer par les plus anciennes encore en activité. La presse a rendu compte des menaces qui pèsent notamment sur l’usine de Flins : info ou intox, il faut savoir. C’est aussi la suppression d’activité dans les centres d’études avec leurs conséquences sur l’emploi. Renault avait annoncé avant l’épidémie « pas de tabou » dans les mesures d’économie. Aujourd’hui la garantie de prêt consenti par l’État va être motif à en avoir encore moins. Autant être prévenu.

Assez du secret dont s’entoure Renault pour le nombre et le type de masques dont il dispose.

Assez du secret dont s’entoure Renault et le gouvernement pour le prêt de 5 milliards d’euros !

Assez du secret dont s’entoure Renault pour préparer son plan d’économies ! Pour savoir où va l’argent, il est temps d’ouvrir les livres de comptes

La crise économique va rattraper la crise sanitaire en terme de dégâts pour les salariés et la population.


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